Le Parlement européen a publié le 28 juillet 2009 les premiers résultats d’une enquête menée une semaine après les élections européennes de juin 2009 auprès de 26 830 citoyens des 27 Etats membres de l’UE en âge de voter.
L’objectif était de mieux comprendre les raisons qui ont amené les électeurs européens à participer ou à s'abstenir lors de ce scrutin, Une question essentielle quand on se souvient que le taux de participation a été particulièrement bas puisque, au niveau de l’UE, 43 % des citoyens inscrits sur les listes électorales se sont déplacés aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement européen.
La participation s'est élevée à 43 %. Toutefois, on constate une augmentation significative de la participation dans huit pays, (Estonie : + 17, Lettonie : + 12, Danemark : + 11,6, Bulgarie : + 9,7, Suède : + 7,7, Pologne + 3,7, Autriche, + 3,4 et Slovaquie : + 2,7), une quasi stabilité dans huit autres, dont le Luxembourg (- 0,59) , et une chute très contrastée dans les 11 autres (Lituanie, Chypre, Grèce et Italie, où la chute a atteint entre – 27 et – 6 %, et Royaume-Uni, Malte, Pays-Bas, Hongrie. France, Portugal et Roumanie où la chute a atteint entre 3,8 et 1,8 %).
Cette enquête est, comme les précédentes, marquée par des clivages entre les différents profils types de votants: les femmes votent un peu moins que les hommes (44 % contre 42 % de participation), les jeunes moins que les personnes âgées (les 18-24 ans sont 29 % à avoir été voter, soit 14 points de moins que la moyenne européenne, et 4 points de moins qu'en 2004, tandis que 21 points séparent la participation des 18-24 ans de celle des 55 ans et +, qui ont été 50 % à se rendre aux urnes.)
De même, les chômeurs se sont moins déplacés aux urnes (28 %) que les cadres supérieurs (53,5 %), les personnes qui ont un niveau scolaire peu élevé moins que ceux qui ont poursuivi leurs études, les habitants des grandes villes légèrement moins que les ruraux. Par ailleurs, les personnes déclarant avoir la plupart du temps des difficultés à payer leurs factures sont les plus nombreuses à ne pas avoir voté (66,1 % d'abstention).
Les "anti-européens" ne se sont pas mobilisés en masse. En effet, parmi les 32 % des personnes ne se sentant pas "attachées à l'Europe", seules un tiers ont voté (33,5 %). Les 66,5 % restants ne se sont pas déplacés. En revanche, parmi les 64 % des répondants se déclarant attachés à l'Europe, 49 % sont allés voter et 51 % ne sont pas allés voter.
La proportion de sondés qui ont déclaré avoir voté aux élections nationales mais pas aux européennes a très légèrement augmenté par rapport à 2004 (+ 2) et elle atteint 33 % des sondés. Un groupe dans lequel le Parlement européen suppose que se retrouvent les votants "potentiellement mobilisables".
67% des Européens se souviennent avoir vu ou lu dans les médias une campagne d'incitation au vote. Il est impossible de distinguer l'exposition aux différentes campagnes civiques européenne ou nationales, mais le fait est là.
70 % des sondés qui ont voté avaient décidé pour qui voter longtemps à l’avance. En effet, un votant sur deux (50 %) déclare toujours voter pour le même parti politique ou le même candidat. Ils sont un cinquième (21 %) à s'être décidé quelques mois avant l'élection.
C'est donc une minorité de l'électorat qui se décide dans les semaines (13 %) et les jours (9 %) qui précèdent l'élection, ou le jour-même de l'élection (6 %). Le Parlement européen en conclut que "ces 28% des votants sont ceux qui ont probablement été les plus sensibles aux campagnes électorales, le bruit médiatique s'étant intensifié dans les jours qui ont précédé le scrutin".
L'âge est le facteur le plus déterminant dans les réponses. 59 % des 55 ans et plus qui se sont rendus aux urnes déclarent voter toujours de la même façon. Ce chiffre diminue proportionnellement avec l'âge des répondants : les votants de 18-24 ans ne sont que 30 % à toujours voter pour le même parti ou candidat.
Par ailleurs, la première catégorie à s'être décidée d'aller voter le jour des élections est celle des chômeurs (12 %) tandis que celle qui s'est décidée à aller voter quelques jours (18 %) ou quelques semaines (20 %) avant les élections est celle des étudiants. Ceux qui déclarent toujours voter de la même façon se retrouvent majoritairement chez les retraités (60 %), les femmes ou foyer (57 %) et les indépendants (52 %).
Dans son analyse des résultats, le Parlement européen souligne que, près d’un tiers (32 %) des abstentionnistes, le sont de "dernière minute" : ils décident de ne pas aller voter dans les quelques jours (16 %) qui précèdent l'élection, voire le jour-même (16 %).
Parmi les abstentionnistes, 22 % disent ne jamais voter. 27 % d’entre eux déclarent ne pas se sentir attachés à l'Europe, contre 18 % qui disent se sentir attachés à l'Europe.
De façon générale, un abstentionniste sur deux se déclare attaché à l'Europe. Parmi eux, 18 % décident de s'abstenir le jour de l'élection et 18 % décident de s'abstenir quelques jours avant l'élection
Les principales raisons qui ont poussé les 57 % d'abstentionnistes à ne pas voter relèvent avant tout d'un manque de confiance envers la politique en général, plutôt que d'un manque de confiance envers les institutions européennes, ou de la méconnaissance de celles-ci et du Parlement européen.
Ainsi, parmi les raisons d'ordre politique au sens large invoquées par les abstentionnistes, on trouve le manque de confiance ou l'insatisfaction à l’égard de la politique en général (28 %), le fait de penser que son vote n'a pas de conséquences (17 %) ou encore le fait de ne pas être intéressé(e) par la politique (17 %).
Par ailleurs, parmi les raisons liées à l'UE invoquées par les abstentionnistes, on note la méconnaissance de l'UE, du Parlement européen et des élections (10 %), le désintérêt envers les affaires européennes (9 %), l'insatisfaction envers le PE en tant qu'institution (8 %) et le manque de campagne électorale (6 %).
Quant aux raisons qui amènent l'électeur à voter, elles sont essentiellement motivées, et de loin, par le devoir civique. C’est en effet le cas pour 47 % des votants tandis que 40 % d’entre eux disent être allés voter car ils le font systématiquement.
La dimension européenne du choix ne se retrouve qu'en 4e position. Elle vient après le soutien à un parti dont on se sent proche. On peut noter que seuls 5 % des sondés qui sont allés voter ont déclaré avoir eu pour motivation de "sanctionner leur gouvernement".
Les principaux enjeux qui ont poussé les votants à s'exprimer via leur vote sont avant tout de nature économique. On retrouve là les thèmes de campagne prioritaires souhaités par les Européens lors des différentes enquêtes pré-électorales : croissance économique, chômage et avenir des retraites.
53 % des répondants estiment qu'ils disposaient de suffisamment d'informations pour faire leur choix lors des élections de juin 2009, contre 42 % qui estiment que cela ne fut pas le cas. Avec 75 % de sondés estimant avoir eu toutes les informations nécessaires pour choisir pour qui voter, le Luxembourg compte parmi les pays où les citoyens se sont sentis les mieux informés.
On peut relever que les répondants qui se disent attachés à l'Europe sont 62 % à se considérer comme assez informés, contre 35 % à penser qu'ils ne disposent pas de toutes les informations nécessaires pour voter. Preuve s’il en est qu’en principe l’information est accessible à qui veut aller la chercher. Ainsi, 69 % de ceux qui ont votés déclarent avoir disposé de toutes les informations nécessaires pour se décider tandis que 56 % des abstentionnistes ont déclaré ne pas avoir disposé de toutes les informations suffisantes pour voter.
Sur l'ensemble des répondants, 46 % estiment que leurs préoccupations sont bien prises en compte par le Parlement européen, 41 % pensent le contraire, et 13 % ne se prononcent pas. Un résultat que le Parlement européen analyse comme une réponse "mitigée" à son souci de "prendre en compte les préoccupations des citoyens".
Les personnes ayant étudié au-delà de l'âge de 20 ans sont 55 % à penser que le Parlement européen prend en compte les préoccupations des citoyens, 60 % pour celles qui étudient toujours, contre 38 % pour celles ayant arrêté leurs études avant l'âge de 15 ans.
Parmi les personnes qui se déclarent attachées à l'Europe, 61 % pensent que le Parlement européen prend en compte les préoccupations des citoyens en compte, contre 28 % qui pensent le contraire. Les personnes se déclarant non-attachées à l'Europe, quant à elles, pensent à 69 % que le Parlement européen ne prend pas compte les préoccupations citoyennes.
Parmi l'ensemble des répondants, 50 % déclarent avoir confiance dans les institutions européennes, contre 40 % qui ne leur font pas confiance. Par ailleurs, 64 % des sondés se sentent citoyen de l'UE, contre 32 % qui déclarent ne pas avoir ce sentiment. Les Luxembourgeois sont eux 85 % à se considérer comme citoyens de l’UE et ils sont presque autant à se dire "attachés à l’Europe", soit 20 % de plus que la moyenne européenne.
69% des sondés estiment que l'appartenance de leur pays à l'UE est une bonne chose. 22% pensent que ce n'est pas le cas. Les Luxembourgeois (85 %) sont les plus nombreux à penser que c’est une bonne chose.
Parmi l'ensemble des répondants, 49 % estiment qu'il est très important de savoir quels sont les candidats qui ont été élus députés européens dans leur pays. 44 % ne pensent pas que cela soit important. C’est au Luxembourg (74 %), à Malte, à Chypre et en Estonie que les sondés ont accordé le plus d’importance à cette information.
Parmi l'ensemble des répondants, 50 % estiment qu'il est très important de savoir quel parti politique a eu le plus d’élus aux élections européennes dans leur pays. 43 % ne pensent pas que cela soit important. Là encore, le Luxembourg (76 %) se distingue, avec Malte et l’Italie, par le taux élevé de sondés accordant une grande importance à cette question.