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Economie, finances et monnaie
Le Conseil Ecofin et l’Eurogroupe se mobilisent pour limiter les bonus bancaires
02-09-2009


Jorg Asmussen, Luc Frieden, Christine Lagarde et Jean-Claude Juncker (c) SIP/Jock FistickLors des réunions de l’Eurogroupe et du conseil Ecofin informel du 2 septembre 2009, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a apporté son soutien à la proposition française d'une limitation internationale des bonus bancaires. "J’appuie tout à fait les propositions qui sont faites par la France", tel était le message du président de l’Eurogroupe lors de son arrivée à Bruxelles.

En vue du G20 de Pittsburgh aux Etats-Unis les 24 et 25 septembre 2009, le président français, Nicolas Sarkozy, avait annoncé le 25 août 2009 son intention de vouloir imposer une limitation des bonus bancaires au niveau international. La proposition de Nicolas Sarkozy a été soutenue par l'Allemagne et la Commission européenne, mais la Grande-Bretagne, qui abrite la City de Londres, principale place financière européenne, et les Etats-Unis se sont montrés plus réservés.

C’était d’ailleurs en l’absence du ministre des Finances britannique que le conseil Ecofin informel s’est réuni le 2 septembre 2009 à Bruxelles pour tenter d'adopter une position commune sur des nouvelles mesures pour régulariser les marchés financiers.

Augmenter le lien entre rémunérations et performances

A l’issue de l’entrevue, le ministre suédois des Finances, Anders Borg, a déclaré : "Il y a eu une position européenne commune forte sur la question des rémunérations et des bonus". Les ministres des Finances de l'Union européenne ont adopté un texte dans lequel ils appellent notamment le G20 à plaider pour "augmenter le lien entre les rémunérations", en particulier les bonus, "et les performances". Cependant, les ministres n'ont pas abordé précisément la forme que pourrait prendre l'encadrement plus strict des rémunérations dans le secteur bancaire.

Pour Jean-Claude Juncker, certaines banques ne peuvent pas retourner au ‘business as usual’

Jean-Claude Juncker, qui avait déjà proposé bien avant la crise financière de contrôler les rémunérations des patrons de la finance, a déclaré sur RTL Tele Lëtzebuerg que certaines banques internationales ne peuvent pas retourner au "business as usual" comme si les "Etats, les gouvernements et les gens n’avaient pas été là". "Parce que", a-t-il précisé, "l’argent du contribuable - un pourcentage extraordinairement haut du PIB - a aidé le secteur bancaire et l’économie réelle à sortir des difficultés". Pour le Premier ministre luxembourgeois, il est donc "très évident que les salaires des managers et des traders doivent être limités".

Luc Frieden veut que l’Europe donne un signal fort

Selon le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, la question des bonus bancaires ne peut pas seulement être réglée au niveau européen. "Les Etats-Unis doivent également prendre position lors du G20", a-t-il déclaré. Et d’ajouter : "Le monde des finances est un monde global et l’Europe doit donner un signal fort". Luc Frieden a également tenu à souligner que non seulement les bonus, mais tous les produits et acteurs financiers, nécessitent des garde-fous pour éviter des prises de risques excessives et des activités hautement spéculatives. Cela compte, selon le ministre, notamment aussi pour la politique de rémunération des hedge funds et d’autres instruments financiers alternatifs.

Dans une interview accordée à la Voix, Luc Frieden a d’ailleurs expliqué "qu’il faudra voir en détail comment mettre en œuvre ce contrôle. (…) Il faudra voir la position des Etats-Unis et des autres centres financiers dont Londres. Les détails d’un accord seront plus difficiles à adopter que le principe".

"Trop tôt pour arrêter les mesures de relance économique"

En marge de la réunion de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker a également commenté la situation économique de l’Union européenne, estimant qu’il est encore trop tôt pour envisager un arrêt des mesures de relance économique en Europe. "Le pire est passé pour le moment", mais "le moment n'est pas encore venu de retirer les mesures de relance budgétaires. Nous devons continuer l'effort cette année et l'année prochaine", a-t-il ajouté.

L'Office statistique des Communautés européennes, Eurostat, a annoncé le même jour qu’au cours du deuxième trimestre 2009, le PIB de la zone euro a diminué de seulement 0,1% et celui de l’UE27 de 0,2% par rapport au trimestre précédent. En rappelant que l’UE a un taux de chômage de 9,5 %, Jean-Claude Juncker a cependant déclaré au Luxemburger Wort que "nous nous trouvons toujours dans une situation difficile, même si la chute libre a pu être stoppée".

Accord de l'UE pour porter sa contribution au FMI à 125 milliards d'euros

Dans un autre domaine, les ministres des Finances de l'UE se sont mis d'accord pour augmenter à 125 milliards d'euros leur promesse de contribution au Fonds Monétaire International (FMI). Jusqu'ici, les pays de l'UE s'étaient engagés à apporter 75 milliards d'euros. L'Allemagne et la France avaient demandé aux pays de l'Union européenne d'augmenter de deux tiers leur promesse de contribution supplémentaire au FMI. Cette annonce fait suite à un engagement pris en avril à Londres par les pays du G20 d'apporter 500 milliards de dollars supplémentaires au FMI dans le cadre des "nouveaux accords d'emprunt".