Le 29 septembre 2009, Jean-Claude Juncker a été auditionné, en sa qualité de président de l’Eurogroupe, par la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen. Le Premier ministre luxembourgeois a estimé que l'Europe a laissé derrière elle le plus dur de la crise économique mais qu’elle doit se préparer à une décennie de croissance faible ainsi qu'à la rigueur budgétaire à partir de 2011.
Pour Jean-Claude Juncker, "la situation est largement stabilisée", ce qu’a confirmé la publication de statistiques économiques encourageantes le même jour de la Commission européenne. D’après ces statistiques, l'indice de confiance des chefs d'entreprise et des consommateurs de la zone euro s'est redressé en septembre pour le sixième mois consécutif, même s'il l'a fait à un rythme plus lent qu'auparavant, grimpant à 82,8 points en septembre contre 80,8 points en août. Selon la même enquête, le moral des ménages s'améliore, le secteur financier retrouve des couleurs, et les banques font de nouveau des profits importants.
Mais il y a des zones d’ombre vers lesquelles Jean-Claude Juncker a pointé. Le président de l’Eurogroupe craint ainsi que "le plus fort de la hausse du chômage soit encore devant nous". La "situation reste fragile et friable" et la reprise économique s'annonce "timide et timorée" en Europe, avec une longue période à venir de croissance faible. La croissance potentielle de la zone euro, c'est à dire le maximum possible sans générer de l'inflation excessive, "va se tasser sérieusement." Il estime que "la croissance potentielle gravitera autour de 1,5% par an entre 2010 et 2020".
La zone euro doit s’attendre à ce qu’un euro plutôt fort par rapport au dollar pénalisera ses exportations, et ce dans un contexte où les Etats-Unis misent depuis des mois sur une baisse du dollar qui soutient leurs exportations. "J'aimerais entendre à nouveau dans les prochains jours" de la part de Washington que les Etats-Unis veulent "un dollar fort", a dit Juncker.
La faible croissance à attendre entraînera selon le Premier ministre luxembourgeois pour les gouvernements européens des "marges de manœuvre budgétaires amoindries", dans un contexte où les déficits publics, gonflés par la crise, vont devoir être sérieusement réduits. Mais dans l'immédiat, ce n’est pas le moment pour Juncker d'appliquer" une politique budgétaire plus rigoureuse."