Le 23 septembre 2009, le quotidien britannique Daily Mail annonçait avoir eu connaissance d’une lettre, présentée comme son "ultime tentative" pour "saborder" la ratification du traité de Lisbonne, adressée par le chef de l’opposition conservatrice britannique David Cameron au président tchèque Vaclav Klaus.
"Si le traité n'était pas en vigueur au moment des prochaines législatives et un gouvernement conservateur était élu, nous suspendrions la ratification du traité par la Grande-Bretagne et organiserions un référendum tout en appelant à son rejet", y aurait écrit David Cameron, s’adressant à un fervent eurosceptique qui doit encore apposer sa signature au traité de Lisbonne pour que celui-ci soit ratifié en République tchèque.
Confirmée par un porte-parole des "tories", cette lettre, qui aurait été envoyée au président tchèque il y a quelques semaines sans que la date précise ne soit citée, précisait que si le traité était rejeté à l’issue de ce référendum, "cela signifierait la mort du traité".
David Cameron est crédité par les sondages de la victoire à des législatives qui devraient être convoquées d’ici l’été et la nouvelle, qui coïncide avec les nombreuses incertitudes qui planent sur la signature du traité par le président Klaus, peut susciter des inquiétudes quant à la possible ratification du traité de Lisbonne par tous les Etats membres, condition nécessaire à son entrée en vigueur. Car à l’issue du référendum irlandais du 2 octobre 2009, il se pourrait que la République tchèque reste le dernier Etat membre à devoir ratifier le traité. En effet, l’Allemagne doit le ratifier le 25 septembre 2009 et le président polonais s’est engagé récemment à apposer son paraphe si le peuple irlandais approuve le traité. Et cette lettre résonne comme une invitation lancée à Vaclav Klaus à faire durer l’attente jusqu’à l’été 2010.
Pourtant, selon une dépêche de l’agence de presse tchèque ČTK, le porte parole des tories précise bien "ne pas avoir conseillé aucune manière d’agir que ce soit au Président Klaus". En effet, dans ce courrier, "David Cameron précise de façon claire et ferme, comme il l’a toujours fait, sa position sur le traité de Lisbonne", poursuit le porte-parole qui explique que "dans la mesure où le traité n’est pas encore ratifié par tous les Etats membres, il est juste que les leaders européens sachent ce que ferait un gouvernement conservateur [britannique] dans la situation actuelle".
Dans une interview radiophonique, Ladislav Jakl, secrétaire de Vaclav Klaus, a décrit la lettre comme une "information sur ce que les conservateurs britanniques entendaient faire", et en aucun cas il n’y était écrit "ce que le président tchèque devait faire".
Vaclav Klaus, qui s’est exprimé à la télévision tchèque depuis New York, où il participait à l’Assemblée générale de l’ONU, a dit avoir reçu ce courrier comme "une lettre manuscrite de trois pages tout à fait privée qui confirme la position des conservateurs britanniques". Et l’agence ČTK de poursuivre en précisant que le président tchèque ne considère pas que cette lettre "ait influencé sa décision concernant la ratification du traité de Lisbonne".
Le président tchèque pourrait pourtant arguer d'un nouveau recours contre le traité que va déposer très prochainement un groupe de sénateurs libéraux et eurosceptiques devant la cour constitutionnelle tchèque afin de retarder sa signature. Selon certains diplomates européens à Bruxelles, la démarche des sénateurs tchèques pourrait provoquer un nouveau retard de plusieurs mois, peut-être six.