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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Éducation, formation et jeunesse
Les inégalités entre les sexes persistent dans l'éducation selon un rapport publié par la Commission européenne
05-10-2009


Malgré les progrès enregistrés ces dernières années, les différences et les inégalités entre les sexes persistent dans l'éducation en termes de choix de matières et de résultats, ainsi que dans certains aspects culturels de l'éducation et de la formation. C’est l’un des principaux messages qui ressortent d’un nouveau rapport d’experts indépendants sur la dimension hommes-femmes et l'éducation publié par la Commission européenne le 5 octobre 2009. Les auteurs soulignent également que les différences entre les sexes sont étroitement liées à d’autres facteurs tels que la classe sociale, l’appartenance à un groupe ethnique ou à une minorité et invitent les responsables politiques à en tenir compte.

Le rapport, intitulé "Gender and Education (and employment) - lessons from research for policy makers" (genre et éducation (et emploi) – enseignements tirés de la recherche à l’intention des responsables politiques), aborde notamment les questions suivantes:

  • Comment les inégalités entre les sexes sont-elles générées ou reproduites dans et autour de l’école contemporaine, dans le domaine de l’emploi et dans la société au sens large?
  • Pourquoi l’abandon scolaire est-il plus fréquent chez les garçons que chez les filles?
  • Pourquoi les filles et les jeunes femmes ne sont-elles pas attirées par les cursus de mathématiques, science et technologie et les carrières correspondantes?

Le rapport a été établi par le réseau indépendant NESSE, Network of Experts in Social Sciences of Education & NESSEtraining. Il résume les principales conclusions de recherches internationales sur la dimension de genre et l’éducation et met en lumière leurs implications pour la définition et la mise en œuvre des politiques. Le rapport passe en revue les faits et les recommandations concrètes qui peuvent se révéler utiles pour les responsables et décideurs politiques dans le domaine de l’éducation et les domaines d’action des pouvoirs publics qui y sont apparentés.

Principales conclusions

Les chercheurs soulignent que la classe sociale, l’appartenance à un groupe ethnique ou à une minorité contribuent à former une image complexe à partir de laquelle il est malaisé d’isoler les différences et les inégalités entre les sexes dans les résultats en matière d’éducation. Par conséquent, ils affirment que les politiques ne devraient pas traiter les femmes et les hommes, les filles et les garçons, comme des groupes homogènes en termes d’action.

Lecture : la recherche montre que les attitudes et le comportement par rapport à la lecture sont déterminés dans une large mesure par le sexe. Selon les données disponibles, quels que soient les groupes ethniques ou les cultures auxquels ils appartiennent, les garçons issus des classes ouvrières sont les plus susceptibles d’avoir des difficultés d’alphabétisation et de quitter l’école tôt.

Études universitaires : le rapport révèle que le genre demeure un facteur déterminant dans certains domaines des études universitaires où les hommes dominent dans les sciences, la construction et l’ingénierie et les femmes dans les arts, les sciences humaines et les disciplines liées à l’assistance et aux soins.

Rôle des parents et des pairs : il ressort de la recherche que les parents comme les pairs sont des acteurs prépondérants dans la dimension de genre; ils peuvent renforcer et renforcent effectivement les attentes et les comportements stéréotypés selon le sexe. Il est aussi apparu que l’attitude des enseignants et des éducateurs est très importante pour faciliter le changement.

Groupement par aptitudes : selon le rapport, les pays où le groupement par aptitudes est très sélectif peuvent être désavantageux pour les filles et les femmes en mathématiques et en sciences ainsi que pour les garçons, qui peuvent être dirigés vers des groupes inférieurs de manière disproportionnée.

Que peut-on faire?

Pour les auteurs du rapport, l’égalité entre les sexes n’est pas le fruit du hasard. Ils avancent que la promotion de l’égalité des sexes dans l’éducation passe par la promotion de l’égalité dans la culture et les processus de scolarisation. Selon les éléments disponibles, un système scolaire humain, non hiérarchisé et respectueux a non seulement pour effet de réduire les abandons scolaires précoces pour les garçons comme pour les filles, mais aussi de favoriser des attitudes positives vis-à-vis de l’apprentissage qui perdurent dans la vie adulte et encourage ainsi l’éducation et la formation tout au long de la vie.

Les recherches indiquent que plus une société est égale en termes économiques et sociaux, plus la probabilité d'égalité hommes/femmes dans l'éducation est élevée.

Le rapport avance que l’inégalité des sexes est difficile à comprendre et à affronter si on l’isole des autres injustices culturelles, politiques, économiques et affectives et que c'est dans un contexte d'égalité et de justice sociale au sens large que cette inégalité peut être abordée de la façon la plus efficace.

Le rapport sera distribué et fera l'objet de discussions lors de la prochaine conférence consacrée à la dimension de genre et au niveau d’éducation qui sera organisée par la présidence suédoise en novembre 2009 à Uppsala et à laquelle participeront de nombreux responsables politiques.

Et le Luxembourg ?

Le Luxembourg se distingue dans ce rapport par un taux de participation des femmes à l’éducation supérieure qui dépasse celui des hommes. C’est le cas dans 7 autres pays de l’UE, à savoir la République tchèque, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovaquie et l’Autriche.

Autre record, moins brillant en termes d’égalité des sexes, détenu par le Luxembourg, c’est un taux très bas de directrices d’écoles secondaires, 19 % seulement des directeurs étant des femmes, alors qu’elles sont, par exemple, 40 % en Suède.

Dans un tableau faisant le point sur les progrès accomplis par chaque pays entre 2000-2006, il apparaît que le Luxembourg est "dans le rouge", c’est-à-dire qu’il est loin derrière la moyenne européenne et n'a pas fait preuve de beaucoup de progrès pour 3 des 4 indicateurs sur lesquels il est évalué, à savoir les élèves ayant de mauvaises performances en lecture, ceux qui quittent l’école tôt et en termes d’éducation supérieure. Un progrès a cependant été noté en 2007 en ce qui concerne les élèves qui quittent tôt l’école. En matière de formation continue, s’il reste en-dessous de la moyenne européenne, le Luxembourg a cependant tendance à s’améliorer.