Quelques heures après que José Manuel Barroso a présenté le 27 novembre 2009 la composition de la future Commission européenne, Viviane Reding, qui va effectuer de 2010 à 2014 son troisième mandat au sein de cette institution, a donné une conférence de presse à la Maison de l’Europe à Luxembourg.
Viviane Reding sera chargée pour son prochain mandat d’un nouveau portefeuille qui rassemble Justice, Droits fondamentaux et Citoyenneté. L’ancien portefeuille "Justice et Affaires intérieures" est un domaine dans lequel le traité de Lisbonne va apporter d’importants changements dans la mesure où, à compter du 1er décembre 2009, la Commission y aura le monopole de l’initiative, où les ministres décideront à la majorité qualifiée et où le Parlement européen aura sa voix via la procédure de codécision tandis que la Cour de Justice (CJCE) en aura le plein contrôle.
Sur la base de ces changements, José Manuel Barroso a décidé de séparer l’ancien portefeuille en deux en confiant à Viviane Reding la responsabilité de la partie "Justice", c’est-à-dire des libertés et des droits des citoyens, et à Cecilia Malmström celle de la partie "Affaires intérieures" qui traite des questions de sécurité des citoyens et de police.
Pour Viviane Reding, le président de la Commission européenne a pris là une décision politique historique qu’elle avait appelée de ses vœux. En effet, Viviane Reding a pu faire l’expérience, en tant que commissaire, de la prééminence des questions de sécurité sur les droits des citoyens, - en matière de protection des données par exemple, - et elle avait donc adressé en juillet 2009 à José Manuel Barroso un courrier l’invitant à séparer les deux domaines. Pourtant, elle a avoué sa surprise quand le président de la Commission lui a annoncé qu’elle aurait la charge de ce portefeuille. Et c’est à ses yeux un grand honneur qui est fait au Luxembourg, car ce domaine incarne à ses yeux la "nouvelle Europe du traité de Lisbonne".
Pour Viviane Reding, le traité de Lisbonne change en effet profondément la donne dans l’UE dont, jusqu’ici, les deux principaux instruments étaient économiques, à savoir le marché intérieur, et l’union économique et monétaire. Désormais, ces deux instruments laissent la première place au citoyen et à ses droits.
Parmi les missions qui l’attendent en principe à compter du 1er février 2010, Viviane Reding a insisté sur sa responsabilité horizontale puisqu’elle devra contrôler que toutes les propositions de la Commission européenne sont bien en accord avec les Droits fondamentaux. Et elle devra aussi veiller à ce que ces droits soient bien inscrits dans les décisions politiques afin qu’ils soient appliqués.
Viviane Reding va donc avoir sous ses responsabilités les directions de la DG JAI qui s’occupent de la Justice - tout ce qui concernera donc le droit civil, le droit pénal - , mais aussi, au sein de la DG Emploi, celles qui s’occupent de lutte contre les discriminations. Par ailleurs, dans la mesure où le droit contractuel transfrontalier sera de son ressort, elle supervisera certaines activités en matière de protection des consommateurs tandis qu’elle aura aussi la charge de la communication. Un certain nombre d’agences européennes, comme Eurojust, l’Agence européenne pour les Droits fondamentaux, l’Institut européen pour l’Egalité des Genres ou encore l’Office des Publications, seront aussi sous ses responsabilités.
Au-delà de ces responsabilités dont elle est bien consciente de l’ampleur, mais qu'elle si dit prête à assumer, Viviane Reding a été choisie par José Manuel Barroso pour être sa représentante dans l’UE. Dans la hiérarchie des 7 vice-présidents nommés par le président de la Commission, c’est certes Catherine Ashton qui est la première vice-présidente. Mais, du fait de la "double casquette" de la Haut représentant et de ses fonctions auprès du Conseil européen, c’est Viviane Reding qui représentera le président de la Commission et sera son "bras droit". Une décision qui, selon elle, "a beaucoup à faire avec Jean-Claude Juncker".