Le 8 décembre 2009, l’ambassadrice polonaise au Luxembourg, Barbara Labuda, a donné une conférence au sujet de "la Pologne dans l’Union européenne". Elle a parlé des grandes réformes que la Pologne a menées pour devenir membre de l’UE, de l’enthousiasme des Polonais pour le projet européen, ainsi que des craintes et peurs en Pologne et dans l’UE avant son adhésion. En général, l’ambassadrice a pu dresser un bilan très confortant : la Pologne connaît la croissance économique malgré la crise, le chômage a beaucoup baissé, les salaires sont en hausse, la protection de l’environnement a fait des progrès, et les subventions et aides européennes sont bien gérées. En parallèle, elle a déclaré que l’UE a donné aux Polonais une chance économique, et a permis la promotion, l’ascension et le progrès du pays.
Membre de l’Union européenne depuis le 1er mai 2004, "la Pologne a subi de très grandes réformes. Le pays a beaucoup changé, ce qui était souvent terriblement difficile parce que le système communiste était tout à fait différent sur tous les plans", a expliqué Barbara Labuda. Pour elle, le système communiste, sous lequel la Pologne vivait depuis la Deuxième guerre mondiale, était une "autre civilisation". Le travail "forcené pour adhérer" à l’Union européenne allait de pair avec le résultat positif du référendum de juin 2003 : 77 % des Polonais étaient favorables à une adhésion de leur pays à l’UE, par rapport à 23 % qui étaient contre cette adhésion. Le taux de participation était de 59 %. Pour Barbara Labuda, ces résultats n’étaient "pas mal".
L’enthousiasme des Polonais par rapport à l'adhésion à l'UE était, selon l’ambassadrice, "énorme". "Cet événement historique pour plusieurs générations" avait une valeur particulière et signifiait la fin définitive de la longue nuit du totalitarisme. Le Rideau de fer était enfin surmonté et la Pologne pouvait ouvrir un nouveau chapitre, un chapitre plus joyeux, un chapitre de liberté et de paix. Rappelant que la Pologne commençait les festivités d’adhésion à l’UE dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2004, Barbara Labuda s’est souvenue des larmes, de l’émoi et de l’espérance des Polonais, qui avaient choisi avec l’UE "ce qui est bon et juste, ce qui était attendu depuis longtemps".
Pour l’ambassadrice, il est prématuré de vouloir tenter une évaluation des cinq ans d’adhésion de la Pologne à l’Union européenne. Ce qu’elle pouvait cependant affirmer, c’était que l’adhésion "était bénéfique pour le progrès civilisationnel de son pays". Pour elle, les craintes et peurs en Pologne et dans l’UE n’ont pas été confirmées.
Il s’agissait notamment des angoisses occidentales par rapport au préjudice que pourrait causer l’adhésion de la Pologne à la cohésion politique de l’UE. La peur aussi que la Pologne puisse s’avérer le cheval de Troie des Etats-Unis. La peur des plombiers polonais qui pourraient envahir l’UE n’a pas non plus été confirmée, parce que d’après l’ambassadrice, "ils ont seulement envahi un peu le Royaume-Uni". Elle a par ailleurs tenu à souligner que les Polonais n’ont pas non plus dû suivre un cours de rattrapage pour montrer qu’ils étaient de bons Européens. Et d’ajouter que des propositions polonaises, comme le partenariat oriental (pour un renforcement des liens de l'UE avec l'est de l'Europe et le Caucase du Sud, n.d.l.r.) sont accueillies à bras ouverts. Par rapport à la crainte que la Pologne pourrait s’avérer "un fardeau économique insupportable", Barbara Labuda a expliqué que son pays était le seul Etat membre de l’UE jouissant, malgré la crise, d’une croissance et d’une stabilité économique.
Abordant la peur d’adhésion des Polonais, et notamment de certains journalistes, d’hommes politiques, des agriculteurs et des nationalistes, Barbara Labuda a déclaré que l’agriculture a le plus profité de l’adhésion et que les produits sont bien vendus. Les nationalistes, pour leur part, ont dû admettre que l’identité nationale est toujours intacte et que "nous vivons toujours dans notre pays qui progresse d’ailleurs plus vite que jamais vers la modernité".
Barbara Labuda a donc pu dresser un bilan très confortant : la Pologne connaît une croissance économique rapide (6 % à 7 % en 2008 malgré la crise, et 1,7 % en 2009) ; le chômage a beaucoup baissé et se trouve actuellement à 7,7 % ; les salaires ont connu une augmentation importante ; la monnaie nationale, le Złoty, est forte ; l’économie polonaise est dynamique ; la protection de l’environnement a fait des progrès ; les subventions et aides européennes sont bien gérées. Par ailleurs, la Pologne compte 2 millions d’étudiants, ce qui est un énorme progrès par rapport au nombre de 300 000 en 1989, et la "culture polonaise est riche et variée". Mais, a averti l’ambassadrice, "même si notre pays a vraiment changé", il ne faut pas oublier que la Pologne a aussi connu des crises et commis des erreurs, voire des "stupidités parfois".
Barbara Labuda a estimé que "nous croyons encore plus ardemment au projet européen" qu’auparavant, rappelant que des sondages Eurobaromètre révèlent que la foi en l’Europe commune est la plus élevée en Pologne avec un taux de 85 % à 90 %. "Cet énorme soutien est dû au fait que l’UE a donné aux Polonais une chance économique, et a permis la promotion, l’ascension et le progrès du pays. Mais ce soutien est dû aussi aux valeurs sur lesquelles repose le projet européen, à savoir les quatre libertés de circulation des biens, des services, des capitaux et, surtout, des personnes."
En guise de conclusion, l’ambassadrice polonaise a tenu à aborder l’opportunité que le projet européen offre à chacun : les échanges, les contacts rendus possibles grâce à l’espace Schengen, l’ouverture culturelle aussi. Soulignant qu’on attend beaucoup de l’UE mais que "nous pouvons aussi partager et donner beaucoup", Barbara Labuda a déclaré que "nous devons faire l’Europe ensemble". Et de conclure : "Parce que nous avons tous le même rêve."
Abordant le fait que le président polonais, Lech Kaczyński, a attendu quelques mois avant de signer le traité de Lisbonne, Barbara Labuda a expliqué que les citoyens polonais, pour leur part, étaient pour le traité. "Même s’ils ne connaissaient pas les détails", a-t-elle déclaré, "ils savaient que c’était bon et que cela fait avancer l’Union européenne".
En ce qui concerne le bon fonctionnement du système des aides et subventions, l’ambassadrice a estimé que son pays était "trop rural" avant son adhésion à l’UE. Le secteur agricole représentait 28 % en 1989, par rapport à 14 % aujourd’hui, ce qu’elle qualifie d’un progrès parce que ce secteur a bénéficié le plus des grands changements civilisationnels.
Concernant les relations de la Pologne avec ses pays voisins, Barbara Labuda a déclaré que son pays est un des seuls à ne pas avoir de litige avec ses voisins, ce dont elle est "très fière". Expliquant que le Pologne a complètement changé de voisins et de frontières après la Deuxième guerre mondiale, elle a souligné que son pays était le premier à s’être montré favorable à la réunification allemande, une idée qu’elle a jugé de "courageuse". D’après l’ambassadrice, la Pologne cherche à dialoguer, à trouver des compromis et à travailler ensemble, et c’est notamment dans cet objectif qu’elle a proposé le partenariat oriental.
Barbara Labuda s’est également exprimée en faveur d’une bonne coopération "sans illusions" entre l’Union européenne et la Russie. En expliquant qu’elle pense que la Pologne est méfiante en raison de son passé, elle a exprimé le souhait de voir une Russie un peu plus démocratique.