L’attentat manqué d'un Nigérian le 25 décembre 2009 sur le vol Amsterdam-Detroit a déclenché une discussion en Europe sur le renforcement des mesures de sécurité dans les aéroports. C’est le jeudi 7 janvier 2010 que les experts de l'aviation de l'UE feront le point à Bruxelles sur les leçons à tirer des derniers événements. La réunion de cette commission sur la sécurité aérienne permettra aux Européens de présenter leurs stratégies nationales, mais aussi d'analyser les actions décidées aux Etats-Unis. La question de l’introduction des scanners corporels dans tous les aéroports figure en tête des mesures envisagées.
Selon une source proche du commissaire européen aux Transports, il est "trop tôt" pour arrêter une position coordonnée sur les scanners corporels. "Il doit y avoir un partenariat transatlantique clair, lorsqu'il s'agit d'introduire de telles mesures", insiste de son côté la section justice de la Commission européenne.
La Commission reste prudente et entend évaluer l'impact des scanners sur la santé et la vie privée. "Nous avons besoin de mesures supplémentaires pour voir si cette technologie est sûre et compatible avec la législation européenne existante", a souligné une porte-parole, Barbara Helfferich.
A l'automne 2008, la Commission avait, à la suite de l’opposition qu’elle a rencontrée au Parlement européen, abandonné l'idée d'installer des scanners corporels dans tous les aéroports de l'UE. Les ondes de ces appareils traversent en effet les vêtements et dessinent sur l'écran le corps dévêtu, en trois dimensions. Ceci dit, aucune règle européenne n'empêche les Etats membres de mettre en place des scanners corporels, comme le signalent en ce moment les porte-paroles de la Commission.
Aux Pays-Bas, où la panne de sécurité qui a permis au Nigérian de monter à bord de l’avion Amsterdam-Detroit avec ses explosifs, soixante nouveaux scanners corporels vont être installés à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol pour contrôler tous les passagers en partance vers les Etats-Unis. La Grande-Bretagne a également introduit des scanners corporels. L’Italie est favorable à leur installation. L’Allemagne est prête à envisager cette hypothèse, mais elle estime, contrairement à la Commission, que les scanners corporels ne sont pas encore conformes au droit européen, et ne veut pas procéder avant qu’une décision conjointe européenne n’ait été prise qui respecte des normes de santé et de préservation de la sphère intime des passagers.
Cité par le Quotidien, le directeur de l’Aviation civile, Claude Waltzing, a déclaré : "Ce qui doit primer, c'est l'évaluation des vols dits à risque. Pour l'instant, aucune des destinations au départ du Luxembourg ne tombe sous cette catégorie". Et il ajoute : "Nous respectons à la lettre tous les dispositifs prévus par la Commission européenne. C'est aussi à ce niveau que la question du scanner corporel sera débattue. Pour l'instant, son utilisation n'est possible que dans le cadre d'un test ou sur demande spécifique". C’est dans ce cadre qu’a eu lieu l’installation de scanners aux Pays-Bas. Les scanners peuvent également être mis en place pour les contrôles liés aux destinations à risque et la Commission doit être informée.
Dans le Tageblatt, Claude Waltzing explique les options possibles après une décision européenne. Si le scanner n’est pas retenu comme technique de contrôle, il ne sera selon toute probabilité pas installé au Findel. S’il est retenu par l’UE, l’on devra réfléchir de manière "objective" et en tenant compte du respect des droits des personnes sur la plus-value que le scanner, qui est une technique contestée, pourrait apporter.
Gérard Lommel, le président de la Commission nationale de protection des données, s’est montré sceptique quant à la nécessité et à la proportionnalité de l’introduction du scanner corporel. "Les citoyens ne doivent pas tomber sous le coup de la suspicion généralisée", a-t-il déclaré.
Quant au ministre de l’Intérieur Jean-Marie Halsdorf, qui est cité dans l’édition du 6 janvier 2010 du Trierischer Volksfreund, il voit dans l'introduction de scanners un "sujet délicat". Il a par ailleurs annoncé que le Luxembourg ne prendrait pas de décision avant la réunion informelle des ministres de l’Intérieur qui aura lieu à Tolède les 20 et 21 janvier 2010.