L’Association luxembourgeoise des Fonds d’Investissements (ALFI) a rendu publique, le 22 mars 2010, une étude sur l’industrie des fonds en Europe. L’étude, réalisée par Lipper FMI, est intitulée "Symbiose dans l’évolution des OPCVM" (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières plus connus sous leur acronyme anglais UCITS). Elle observe l’évolution du marché depuis ses débuts en 1988 et propose une analyse prospective de l’avenir de cette industrie.
Selon les estimations présentées dans cette étude, l’industrie des fonds pourrait connaître une croissance annuelle moyenne de 6,8 % en Europe, ce qui marque un net ralentissement du développement d’un marché qui a connu, depuis le début des années 90, une croissance moyenne de 12 %. Pour les auteurs de l’étude, la taille actuelle du marché signifie que la croissance future sera plus lente, notamment dans un contexte de faiblesse des fondamentaux économiques dans l'avenir prévisible. Selon Ed Moisson, un des auteurs de l’étude, "cette croissance permettrait au secteur européen d'atteindre 6 800 milliards d'euros d'actifs sous gestion, voire 8 000 milliards dans le scénario le plus favorable".
L’étude se penche sur les facteurs marquants du paysage de l’industrie européenne des fonds transfrontaliers et notamment sur l’évolution du rôle des banques qui, d’émetteurs de fonds sont devenues distributeurs de fonds, mais aussi sur les changements observés sur tout marché transnational au fil des ans, avec notamment une plus large pénétration des fonds transfrontaliers dans les marchés européens que sont la Suisse, l’Italie et l’Allemagne.
Les auteurs de l’étude traitent aussi des menaces et des opportunités auxquelles l’industrie de fonds européenne va devoir faire face. Et pour Claude Kremer, président de l’ALFI, la conclusion est limpide : "L'industrie européenne des fonds ne saurait, malgré son succès des vingt dernières années, se reposer sur ses lauriers". Reste selon lui à "répondre aux attentes des investisseurs en termes de clarté, de gouvernance et de coûts", l'objectif étant que ces fonds soient "perçu comme le meilleur outil pour les pensions, l’épargne et la protection d’actifs dans un environnement économique de croissance faible". Pour Claude Kremer, il est essentiel que l’Europe reste compétitive et il estime que les OPCVM sont une des clefs du leadership européen dans cette industrie.
Quant à la place et au rôle du Luxembourg dans le développement de cette industrie, l’étude prévoit une croissance moyenne de 10,4 % pour les fonds domiciliés au Grand-Duché. Le total des actifs sous gestion atteindrait alors 2.600 milliards d'euros, progressant d'environ 1.000 milliards d’ici 2014, tandis que la part des fonds luxembourgeois représenterait 38 % des actifs européens contre 32 % aujourd'hui.
Ed Moisson explique ainsi que l’introduction des passeports OPCVM, qui permettent à un fonds, une fois agréé dans un pays européen, d’être commercialisé dans toute l’UE, ont donné au Luxembourg l’opportunité de construire une architecture unique, à savoir un centre de fonds d'investissement accueillant des produits réglementés accessibles au grand public.
L’étude prévoit ainsi que la croissance future du Luxembourg résultera pour partie de la croissance organique, notamment en Asie, Amérique latine et Europe de l'Est, mais qu’elle sera aussi le fruit d'un transfert d'actifs par des sociétés de gestion souhaitant disposer d'une base transfrontalière unique pour une distribution mondiale.
Camille Thommes, directeur général de l’Alfi, commente, dans le communiqué de presse de l’Alfi, cette évolution. Pour lui, si l’industrie de fonds transfrontalière joue un rôle majeur dans l’économie luxembourgeoise, le Luxembourg a aussi joué un rôle clef dans l’évolution des OPCVM en leur offrant une "domiciliation politiquement neutre et commercialement attractive". Il assure donc sa détermination à "aller de l’avant de sorte que l’Europe maintienne sa position de centre majeur de l’industrie de fonds transfrontaliers".