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Élargissement - Politique étrangère et de défense
Egemen Bagis a exposé au Luxembourg les changements en cours en Turquie en vue de son adhésion à l’UE
Le ministre turc des Affaires européennes a reçu un soutien appuyé du ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn
23-03-2010


Jean Asselborn et Egemen BagisLe 23 mars 2010, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, a reçu le ministre d’Etat pour les Affaires européennes et négociateur en chef de la Turquie pour l’adhésion à l’UE, Egemen Bagis. Ce dernier, pour qui le Luxembourg est avant tout le lieu d’où a été lancée en octobre 2005 la négociation pour l’adhésion de la Turquie à l’UE, a profité de son séjour au Grand-Duché pour donner de nombreuses interviews à la presse et une conférence devant un auditoire invité par l’Institut Pierre Werner (IPW).

La conférence de presse conjointe avec Jean Asselborn

Lors d’une conférence de presse commune, Jean Asselborn avait souligné que la négociation entre l’UE et la Turquie n’était pas censée déboucher sur un partenariat privilégié, mais bel et bien sur l’adhésion. Pour le Luxembourg, a-t-il ajouté, ce serait important et, et il s’est dit convaincu que la Turquie réussira. Jean Asselborn a fait l’éloge des différents processus en cours en Turquie, comme la révision constitutionnelle qui "renforcera le contrôle du pouvoir civil sur les militaires", la réforme du système judiciaire ou la nouvelle manière d’aborder la question kurde. Il a également mis en exergue le rôle de la Turquie comme médiateur dans sa région, avec l’Iran sur la question nucléaire, entre la Syrie et l’Irak, quand des problèmes surviennent entre ces deux pays. Il a finalement exprimé l’espoir que la question de Chypre trouvera bientôt une solution dans l’intérêt de l’UE, de la Turquie et de Chypre.

Egemen Bagis s’est réjoui du soutien que son pays reçoit du Luxembourg dans le cadre du processus de négociation de son adhésion à l’UE, et que le Grand-duché ne se gêne pas de le dire tout haut et d’essayer de convaincre ses voisins. La Turquie est la 5e économie européenne, le 6e marché, et 70 % des besoins d’énergie de l’UE sont d’une manière ou d’une autre à mettre en relation avec la Turquie. D’où le soutien de la Turquie au projet de gazoduc Nabucco. Bref, il n’est plus, pour Bagis, besoin de démontrer que pour l’UE, la Turquie est un partenaire "essentiel". La question de son adhésion à l’UE ne se pose donc plus en termes de "si", mais en termes de "quand".

L’horizon 2014 est pour Bagis la première opportunité qui s’offre pour une adhésion. Pour l’instant, la Turquie se concentre selon le ministre d’Etat sur le processus de réformes intérieures et de négociation plus que sur les résultats. La réforme constitutionnelle, le renforcement de la démocratie, des droits de l’homme et des droits individuels des citoyens, la nouvelle télévision et radio kurde, mais aussi la politique environnementale et la sécurité alimentaire qui sont conçus autrement sous le coup des négociations d’adhésion, sont autant d’exemples des changements qui sont en cours.  "La Turquie est en train de devenir un lieu meilleur pour les enfants turcs, mais aussi pour les enfants luxembourgeois", a conclu Egemen Bagis, qui a préconisé une approche de la question chypriote sur un pied d’égalité entre les communautés turque et grecque qui déboucherait sur une solution bizonale.

Le message d’Egemen Bagis à l’IPW

Le soir de sa visite, Egemen Bagis a parlé à l’IPW. Qualifiant l’UE de "plus grand projet de paix de toute l’histoire de l’humanité", il a ajouté que ce projet ne serait pas complet sans la Turquie que l’on n’hésitait pas de qualifier du temps de la crise de l’Empire ottoman "d’homme malade de l’Europe", homme malade certes, mais de l’Europe. Et que la Turquie soit une partie de l'Europe n'a pas changé depuis lors. Pour Bagis, son pays est jeune, dispose d’une immense main d’œuvre - 4 à 5 millions de Turcs vivent en UE - , et est une grande économie qui a le 3e taux de croissance mondial après l’Inde et la Chine. Il sert aussi de pont vers de grands espaces politiques qui se sentent isolés par l’UE, comme l’Inde ou la partie musulmane de l’Asie du Sud-est, de vecteur culturel vers les pays arabes, sans parler de son rôle régional et de son soutien  militaire à l’Ouest à travers l’OTAN. La Turquie est grande, certes, mais pour Egemen Bagis, ce n’est pas un handicap, mais un avantage dans une UE qui ne peut selon lui de toute façon seulement avancer vraiment qu’à travers le consensus : "La Turquie a autant besoin de l’UE que l’UE de la Turquie." Et d’ajouter : "Tous les pays qui ont commencé des négociations d’adhésion sont arrivés au bout de ces négociations." En cinq ans, la Turquie a, sous le coup des réformes, beaucoup changé, comme l’UE a changé elle aussi, pense le ministre d’Etat. Le processus en cours se situe pour lui dans le cadre d’une stratégie où toutes les parties seront gagnantes.   

La Turquie, a-t-il encore été dit, soutiendra la candidature du Luxembourg au Conseil de sécurité des Nations Unies pour 2013-2014.