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Politique étrangère et de défense - Traités et Affaires institutionnelles
Jean Asselborn a présenté les résultats de la Conférence diplomatique qui s’est déroulée dans le contexte de la crise et des défis engendrés par la mise en œuvre du traité de Lisbonne
04-03-2010


Jean Asselborn et Paul DuhrLe 4 mars 2010, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a présenté le bilan des travaux de la Conférence diplomatique convoquée du 1er au 4 mars 2010 par lui-même, la ministre de la Coopération au développement, Marie-Josée Jacobs, le ministre de la Défense, Jean-Marie Halsdorf, et le ministre de l’Immigration, Nicolas Schmit. Lors de la Conférence diplomatique, qui rassemble tous les deux ans les chefs des missions diplomatiques luxembourgeoises et les directeurs du ministère des Affaires étrangères, les débats ont porté sur le futur de la diplomatie luxembourgeoise dans le contexte de la crise financière et économique, sur le maintien et le renouvellement du réseau diplomatique luxembourgeois, ainsi que sur les défis engendrés par les nouvelles modalités dans le domaine de la politique étrangère commune de l’Union européenne suite à la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Un autre sujet important a été la poursuite de la campagne en vue de la candidature pour un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour la période de 2013 à 2014.

La politique étrangère du Luxembourg dans un contexte européen

Jean Asselborn a cité Joseph Bech, ministre des Affaires étrangères luxembourgeois de 1926 à 1959, qui avait une fois demandé si "un petit pays a besoin d’une politique étrangère s’il est neutre". Le ministre a rappelé que, suite à la Deuxième guerre mondiale, le Luxembourg a redéfini sa neutralité et a décidé d’adhérer aux organisations internationales, telles que l’Union européenne, l’OTAN, le Conseil de l’Europe. "Et que serait la politique étrangère du Luxembourg sans l’UE ? Qu’en serait-il de sa place financière et de son secteur sidérurgique ?", a-t-il demandé.

Le ministre des Affaires étrangères a déclaré que le Luxembourg dispose d’un réseau de 20 ambassades résidentes, dont 15 dans l’UE, ainsi que de six représentations permanentes, dont cinq dans l’UE. Selon Jean Asselborn, les lignes directrices de la diplomatie luxembourgeoise se définissent selon trois grands axes : la défense les droits de l’Homme, le maintien de son aide au développement à 1 % de son RNB et la coopération dans des missions militaires et civiles de l’UE, telles qu’Eulex.

"Les ministres des Affaires étrangères doivent jouer un rôle fort et actif dans la politique européenne, et notamment en ce qui concerne les défis qui se présentent à l’UE, comme les Balkans, les relations entre les Etats-Unis et la Russie, l’Iran ou le Proche-Orient", a expliqué Jean Asselborn. Le ministre pense par ailleurs qu’après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, les deux grands principes de l’UE, à savoir la solidarité et l’égalité des 27 Etats membres, doivent être respectés. "Dans ces temps, où le Luxembourg ne se voit plus offrir des cadeaux, il est donc essentiel que l’esprit du nouveau traité soit respecté", a-t-il déclaré. Et de souligner qu’une des fonctions de la diplomatie est de veiller à ce que les intérêts du Luxembourg concordent avec ceux de l’UE.

Initiative conjointe de désarmement au sein de l’OTAN

Le Luxembourg, conjointement avec l’Allemagne, la Belgique, la Norvège et les Pays-Bas, a lancé une initiative au sein de l’OTAN qui s’inscrit dans la cadre des efforts à long terme de désarmement nucléaire lancés par le président américain Barack Obama dans son discours de Prague. Dans ce contexte, Jean Asselborn a souligné que "la constante recherche de la sécurité au plus bas niveau possible d’armement, qu’il soit conventionnel ou nucléaire, sera une contribution essentielle à la stabilité dans le monde". Et d’ajouter que les armes nucléaires tactiques en Europe ont perdu leur utilité militaire après la guerre froide, et que l’argent qui y est actuellement consacré pourrait être utilisé à l’avenir pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Une lettre signée par les ministres des Affaires étrangères des cinq pays participants a été remise le 27 février 2010 au secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, l’invitant à lancer une discussion sur cette problématique à la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance qui se tiendra à Tallinn en avril 2010.

Le Service européen pour l’action extérieure, une "amélioration considérable"

Un Conseil informel des ministres des Affaires étrangères de l’UE aura lieu les 5 et 6 mars 2010 à Córdoba. Au programme : les stratégies et la conception du nouveau Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Selon Jean Asselborn, ce nouveau service, qui sera "les yeux, les oreilles et le cerveau de la politique extérieure de l’UE", sera présent dans 130 pays. Cela prendra donc du temps pour mettre en place un service d’une telle ampleur qui représentera dorénavant l’UE en tant que telle et non plus le secrétariat général ou la Commission. Et d’ajouter que "la représentation commune de l’UE sera une amélioration considérable".

Jean Asselborn pense que les petits et moyens pays doivent veiller à ce que les intérêts de tous les pays, pas uniquement des grands, soient respectés. Selon le ministre, tout sera plus complexe et il ne faut pas que deux ou trois grands pays prennent toutes les décisions. Faisant référence à la nomination de l’ancien chef de cabinet de José Manuel Barroso au poste de chef de la délégation de l'UE à Washington, il a par ailleurs souligné que de telles décisions doivent se faire dans la transparence. Et de conclure : "Il faudra veiller à ne pas commettre des erreurs dans l’attribution des postes, mais je pense que le Luxembourg y aura sa place et que les citoyens luxembourgeois et européens seront correctement représentés".