Les produits alimentaires de l’Union Européenne devraient prochainement être dotés d’une nouvelle étiquette. Le 16 mars 2010, la commission parlementaire Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire (ENVI) décidé de rendre obligatoire l'étiquetage nutritionnel des produits alimentaires dans toute l’UE. Les eurodéputés ont également voté pour la mention obligatoire de l'origine géographique de nombreux produits alimentaires. L'idée d'un système de feux de signalisation sur les étiquettes indiquant la quantité de nutriments essentiels a cependant été rejetée.
Le rapport concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires, élaboré par l’eurodéputé allemande Renate Sommer (PPE), a été approuvé par 52 voix pour, 2 voix contre et 5 abstentions, après que les députés se soient prononcés sur quelque 800 amendements. Les travaux de la commission se sont étalés sur 18 mois.
Le futur règlement va rendre obligatoire dans l’UE un étiquetage nutritionnel unique des aliments et boissons non alcoolisées. La présence de cinq nutriments essentiels devra être indiquée sur le devant des paquets : énergie en kilocalories pour 100 grammes ou 100 millilitres, glucides avec une référence aux sucres, lipides, acides gras saturés et sel. Les eurodéputés ont souhaité y inclure les produits non pré-emballés.
Un ajout critiqué par le rapporteur du projet de règlement, Renate Sommer : "On ne peut pas donner ces indications à la caisse pour chaque tranche de fromage ou chaque chocolat acheté. Nous allons favoriser les produits standardisés !"
L'idée d'un code de couleurs (système de feux de signalisation) indiquant si la quantité de nutriments essentiels est élevée (vert), moyenne (jaune) ou faible (rouge) a cependant été rejetée. Avec ce système, un jus de pomme naturel pourrait être "rouge" et une boisson chimique sans sucre pourrait avoir la meilleure note, a expliqué l’eurodéputée. Les organisations de consommateurs européennes, désireuses de lutter contre l'obésité, se sont montrées très déçues par ce rejet.
La mention obligatoire de l'origine géographique sur de nombreux produits alimentaires a également été votée par les parlementaires européens. L'indication géographique est actuellement obligatoire pour le bœuf non transformé, le poisson, les fruits, les légumes, les œufs, le miel et le vin. Les eurodéputés ont décidé d'allonger la liste, par exemple à la viande de volaille, aux produits laitiers ou aux produits emballés avec un seul ingrédient comme les tomates en boîte ou l'huile d'olive. Ils veulent aussi que l'origine de la viande et du poisson soit précisée sur les produits composés.
Cette décision s'annonce controversée. La Commission européenne ne veut pas généraliser cette pratique, de peur d'encourager le patriotisme alimentaire et d'entraver les échanges. "Cela encouragerait le sens du protectionnisme, c'est très dangereux", a critiqué Renate Sommer.
La première lecture du rapport en session plénière du Parlement est prévue à la fin mai. Le Conseil devra ensuite arrêter sa position, avant que la proposition ne soit réexaminée par la commission de l'Environnement.
Dans un communiqué de presse du 16 mars 2010, Claude Turmes (Verts/ALE) a expliqué que son groupe parlementaire a voté pour le rapport, notamment parce qu’il contient de nombreuses améliorations pour le consommateur. L’eurodéputé a cependant tenu à souligner que les Verts regrettent le rejet du système de feux de signalisation indiquant la quantité de nutriments essentiels. Ce système facile à comprendre "aurait pu aider le consommateur dans sa décision d’achat", a-t-il déclaré. Et il a ajouté que des pédiatres, caisses de maladie et organisations de consommateurs revendiquent ce système de feux de signalisation, notamment parce que des informations claires sur la teneur en énergie, en sucre, en sel et en matières grasses des produits alimentaires est importante pour une alimentation saine.
Les Verts ont voté pour le rapport parce qu’il contient des améliorations nettes dans de nombreux autres domaines, comme notamment la mention obligatoire de l'origine géographique sur de nombreux produits alimentaires. Selon Claude Turmes, cette décision correspond au souhait de nombreux consommateurs qui orientent leurs décisions d’achat selon l’origine du produit.
Pour Claude Turmes, la mention obligatoire de "nanofood" est également un grand succès, de même que la mention explicite des "acides gras trans". "Ces substances se trouvent dans des chips, des frites et des pâtisseries et peuvent causer des troubles cardiaques et circulatoires", a souligné l’eurodéputé en ajoutant que dans les pays scandinaves, ces éléments nutritionnels sont soumis à des règlements stricts.
Les Verts jugent également positif le fait qu’il faudra dorénavant mentionner si les produits composés contiennent des œufs de batterie ou des œufs plein air. Cependant, ils pensent qu’il faudrait aussi mentionner sur des produits animaliers si les animaux ont été nourris de produits génétiquement modifiés. Dans ce contexte, ils qualifient d’"irresponsable" le règlement d’exception concernant l’alcool. Et Claude Turmes de conclure que les Verts veulent tout faire pour améliorer ce rapport lors du vote en plénière au mois de mai 2010.