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Opinion - Santé
La Commission européenne fait le point sur la résistance antimicrobienne
Un Eurobaromètre révèle que près de 40 % des Européens sont conscients du problème de l’abus d’antibiotiques
09-04-2010


La Commission a publié le 9 avril 2010 deux documents qui soulignent la nécessité pour l’Union européenne de progresser encore dans le domaine de la résistance antimicrobienne.

eurobarometerUne étude paneuropéenne fait ainsi apparaître diverses tendances préoccupantes dans les rapports entre le grand public et les antibiotiques. Les résultats de cette enquête Eurobaromètre montrent en effet que les citoyens ont besoin d’informations supplémentaires sur le bon usage des antibiotiques, même si 37 % des répondants se rappellent avoir pris connaissance d’avertissements contre l’abus de tels médicaments au cours des douze derniers mois.

Cet Eurobaromètre consacré à la résistance antimicrobienne a été effectué à la fin de l’année 2009 et vient prolonger une étude similaire menée en 2002 à l’échelle des quinze États membres de l’époque. Il s’articule autour de trois thèmes : l’usage que nous faisons des antibiotiques, nos perceptions à cet égard et une analyse des initiatives de sensibilisation.

Antibiotiques : emploi et perceptions

40 % des répondants, au Luxembourg comme dans l’UE, disent avoir pris des antibiotiques durant l’année écoulée et plus d’un tiers l’ont fait pour soigner une infection virale telle qu’un rhume ou une grippe. Pour 95 % de ces personnes dans l’UE, et 98 % au Luxembourg, les antibiotiques ont été prescrits ou administrés par un médecin.

Dans l’UE 53 % des personnes interrogées pensent que les antibiotiques peuvent éliminer les virus, une idée fausse partagée par 44 % des sondés du Luxembourg et qui est particulièrement répandue dans le groupe d’âge des 15 à 24 ans. Ainsi, seuls 20% des personnes interrogées lors de l’enquête – 23 % au Luxembourg - ont pu donner les quatre bonnes réponses aux affirmations suivantes (la moyenne européenne de bonnes réponses s’établissant à 2.3 sur 4) : "Les antibiotiques tuent les virus" (ce qui est faux), "Les antibiotiques sont efficaces contre le rhume et la grippe" (faux), "La surconsommation d’antibiotiques les rend inefficaces" (vrai), "La prise d’antibiotiques a souvent des effets secondaires tels que la diarrhée" (vrai).Affiche de la campagne luxembourgeoise au sujet du bon usage des antibiotiques

Si au Luxembourg, 56 % des sondés disent avoir reçu une information recommandant de ne pas prendre des antibiotiques quand cela n’est pas nécessaire au cours des 12 derniers mois, ils ne sont que 37 % à avoir retenu ce message dans l’UE. C’est à la télévision que les résidents du Grand-Duché sont les plus nombreux (40 %) à avoir pris connaissance de cette information. Toutefois, près de deux Européen sur trois (62%) déclarent que l’information reçue ne les a pas fait changer d’avis sur les antibiotiques.

Lorsque l’on demande aux Européens quelle est la source d’information qu’ils utiliseraient pour obtenir des informations fiables sur les antibiotiques, la très grande majorité déclare qu’elle choisirait un médecin (88% en moyenne et 95 % au Luxembourg).

Initiatives de l’Union européenne et des États membres

Le second document est un rapport qui tire le bilan de l’application d’une recommandation du Conseil de 2001 relative à l’utilisation prudente des agents antimicrobiens en médecine humaine. Un premier bilan d’application avait été présenté en 2005.

Le second bilan, adopté le 9 avril 2010, fait apparaître des avancées dans plusieurs domaines. Tous les pays pris en compte ont mis en place un système de surveillance de la résistance microbienne et la quasi-totalité d’entre eux disposent de mécanismes de supervision de l’emploi et de la consommation des antibiotiques.

  • Dix-huit pays indiquent que la vente d’antibiotiques sans ordonnance ne constitue pas une cause majeure de l’abus d’antibiotiques.
  • Plusieurs pays ont inscrit la résistance microbienne au programme d'études des facultés de médecine ; certains ont lancé des campagnes de sensibilisation.
  • On constate un renforcement de la coopération intersectorielle dans l’application des stratégies nationales pour une utilisation prudente des agents antimicrobiens (participation des ministères de la Santé, agences médicales, secteurs hospitaliers et ambulatoires, pharmaciens, etc.).

Par ailleurs, le rapport met en évidence la nécessité d’une meilleure collaboration entre les secteurs de la santé publique et de la santé vétérinaire. Des progrès doivent être accomplis dans l’enseignement du bon usage des antibiotiques, tant aux professionnels de la santé qu’au grand public. Enfin, il conviendrait de continuer à superviser et à évaluer les stratégies nationales.

Prochaine étape ?

La Commission intensifie son action en matière de résistance microbienne en instaurant une coopération accrue entre ses services, de manière que tous les aspects de la menace soient dûment traités. De surcroît, elle poursuivra son travail de sensibilisation au bon usage des antibiotiques en aidant les États membres et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies à faire en sorte que la Journée consacrée à ce thème soit un succès.

Contexte

Les agents antimicrobiens servent à éliminer les micro-organismes ou à en empêcher la prolifération. Leur emploi a révolutionné la santé publique en faisant reculer la menace de maladies infectieuses jadis incurables et souvent mortelles, dont la tuberculose. Leurs bienfaits sont maintenant compromis par l’apparition de microbes résistants, phénomène dû essentiellement à une utilisation inadéquate.

En 2001, le Conseil a adopté une recommandation relative à l’utilisation prudente des agents antimicrobiens en médecine humaine, recommandation dans laquelle il invitait les États membres et la Commission à élaborer et à appliquer des stratégies de lutte contre l’expansion de la résistance microbienne. Au nombre des stratégies évoquées par la recommandation figurent la mise sur pied de systèmes de surveillance, la réalisation de contrôles, la formation et le recours à des campagnes de sensibilisation.

En novembre 2009, la Commission a adopté un document de travail définissant l’action communautaire sur le plan de la surveillance de la résistance microbienne, d’une part, et sur celui de l’évaluation et de la gestion des risques qui lui sont inhérents, d’autre part.