La Commission européenne a publié le 5 mai 2010 les résultats d’une enquête Eurobaromètre consacrée au jugement que portent les citoyens européens sur la qualité de la vie dans soixante-quinze grandes villes, dont Luxembourg.
L’enquête s’est déroulée entre octobre et novembre 2009 dans soixante-quinze villes et cités de l’Union européenne, de Croatie et de Turquie. Elle a porté sur toutes les capitales. Dans chaque ville, les enquêteurs ont interrogé cinq cent citoyens pris au hasard.
La Commission européenne a mené d’autres enquêtes de ce genre en 2004 et 2006 ; c’est là un moyen d’établir une comparaison entre le "ressenti" des habitants et les données "réelles" provenant de sources statistiques et disponibles via l’audit urbain dans des domaines comme la sécurité en ville, le chômage ou la qualité de l’air.
En cette période de difficultés économiques, l’emploi et le coût du logement restent deux préoccupations prédominantes. Si les réponses font apparaître de grandes disparités dans l’ensemble, la qualité du service dans les secteurs des transports, de la santé et de l’enseignement est généralement bien notée. La masse d’informations fournies par l’enquête est utile aux urbanistes et aux décideurs, certes, mais aussi aux citoyens qui aimeraient savoir quelles sont les villes réputées agréables à vivre.
Les habitants des villes du nord-ouest de l’Europe sont extrêmement satisfaits des soins et des services médicaux mis à leur disposition, comme le disent au moins 80 % d’entre eux. 91 % des habitants de la ville de Luxembourg se déclarent satisfaits, ce qui place la ville dans le top 10 sur ce plan. Ce pourcentage est moins élevé dans bon nombre de cités européennes du sud et de l’est.
Au chapitre de l’emploi, le tableau est plutôt maussade : il n’y a que six villes (Stockholm, Copenhague, Prague, Munich, Amsterdam et Varsovie) dans lesquelles plus de la moitié des personnes interrogées ont répondu qu’il était aisé de trouver un bon emploi. Les habitants de Luxembourg comptent là encore parmi les plus optimistes puisque 48 % d’entre eux ont répondu de la sorte.
Dans deux tiers des villes visées par l’enquête, les répondants disent avoir du mal à trouver un logement abordable ; les résultats sont particulièrement frappants à Paris (96 %) et à Rome (88 %), mais aussi à Luxembourg (88 %). Les répondants avaient une vision pessimiste de la disponibilité de logements à des prix raisonnables, sauf dans dix villes, parmi lesquelles Berlin est la seule capitale.
Une majorité de citadins pensent que la pauvreté "pose un problème" dans leur ville ; c’est le cas, en particulier, des habitants de Miskolc en Hongrie, de Riga, de Budapest et de Lisbonne. Dans 66 villes sur 75, les répondants qui considéraient la pauvreté comme un problème dans leur ville étaient plus nombreux que ceux qui avaient un avis opposé.
Luxembourg compte ainsi parmi les rares villes où la majorité des répondants estiment que la pauvreté ne pose pas un problème dans leur ville. Un résultat à mettre en corrélation avec l’optimisme observé par rapport à la possibilité d’y trouver un bon emploi.
Les opinions recueillies sur la présence d’étrangers sont généralement positives : dans soixante-huit villes, la majorité des habitants interrogés jugent que cette présence a des effets bénéfiques. Les répondants de Luxembourg et de Stockholm étaient les plus enclins à voir dans la présence des étrangers un facteur bénéfique pour leur ville : 92 % et 88 %, respectivement, des répondants de ces villes approuvaient cette affirmation.
Bien que de nombreux citadins semblent juger la présence des étrangers bénéfique à leur ville, ils sont plus réticents à admettre que ces étrangers sont bien intégrés. Dans la quasi-totalité des villes sondées, la proportion de répondants qui pensaient que les étrangers de leur ville étaient bien intégrés était inférieure à la proportion de répondants qui jugeaient leur présence bénéfique. Luxembourg fait là encore figure d’exception puisque 65 % des répondants considéraient que les étrangers étaient bien intégrés.
Une proportion relativement faible des résidents de plusieurs capitales d’Europe centrale ou orientale – et d’Istanbul – estime que, "de manière générale, on peut avoir confiance dans la plupart des habitants de la ville". Luxembourg compte en revanche parmi les 5 villes dans lesquelles les habitants sont les plus nombreux à se dire en confiance : 77 % des répondants ont en effet déclaré qu’on peut faire confiance à la plupart des gens dans la ville.
Dans la plupart des villes nordiques, environ deux tiers des répondants se sentaient toujours en sécurité dans leur ville. A Luxembourg, 73 % des habitants interrogés ont déclaré se sentir toujours en sécurité dans leur ville. Un sentiment qui peut être mis en corrélation avec celui de confiance observé.
Les gens tendent à se sentir plus en sécurité dans leur quartier que dans le reste de leur ville, ce qui vaut aussi à Luxembourg où 87 % des habitants interrogés ont répondu se sentir toujours en sécurité dans leur quartier. Ce sentiment s’accroît lorsque la ville donne une impression de propreté.
Lorsqu’on leur demandait d’énumérer les trois principaux problèmes de leur ville, les personnes interrogées répondaient le plus souvent "création d’emplois/réduction du chômage", "accessibilité/qualité des services de santé" et "installations éducatives".
A Luxembourg, les principaux problèmes avancés par les habitants étaient l’éducation, la création d’emploi et le logement.
L’enquête a mis en évidence un élément positif: une large proportion de citoyens pense que leur ville prend part à la lutte contre les changements climatiques.
Dans la plupart des villes, le bruit est considéré comme une nuisance de taille. La proportion de personnes interrogées partageant cet avis varie de 51 % (Rotterdam ou Strasbourg) à 95 % (Athènes). Luxembourg compte parmi les villes qui semblent moins confrontées au problème puisque seuls 36 % de ses habitants interrogés se sont dits d’accord avec l’affirmation selon laquelle "le bruit représente un grave problème".
La pollution atmosphérique apparaît, elle aussi, comme un grave problème, encore que la situation semble s’être améliorée à La Valette, Bratislava ou Berlin, par exemple. Dans toutes les villes italiennes de l’étude, une grande majorité des répondants considéraient la pollution atmosphérique comme un problème majeur. De nombreux citadins partageant cet avis habitaient des capitales et/ou de grandes villes (au moins 500 000 habitants). Le Luxembourg fait au contraire partie des villes où la majorité des répondants (60 %) estime que la pollution atmosphérique ne constitue pas un grave problème.
Parallèlement à la réduction de la pollution atmosphérique et des nuisances sonores, il semble que la propreté ait progressé dans une majorité de villes durant ces dernières années. Avec 96 % des personnes interrogées qui considèrent qu’ils vivent dans une ville propre, Luxembourg se trouve dans le peloton de tête des villes propres.
Une corrélation étroite existe entre les niveaux de pollution atmosphérique ressentis et la perception de la ville comme un lieu de résidence sain ou malsain. Les mêmes villes apparaissent aux extrémités des deux classements, ce qui se vérifie aisément à Luxembourg où 94 % des personnes ont répondu que leur ville était un lieu de résidence sain.
Les villes où les personnes interrogées constataient plus souvent un engagement envers la lutte contre le changement climatique étaient aussi celles que ces mêmes personnes considéraient plus volontiers comme des lieux de vie sains. Là encore Luxembourg illustre nettement cette corrélation avec un taux record de 76 % de personnes considérant que la ville s’engage contre le changement climatique.
Dans un tiers des villes étudiées (24 sur 75), au moins une faible majorité de répondants estimaient que leur ville dépensait ses ressources de manière responsable. Les répondants de Luxembourg étaient les plus nombreux (69 %) à répondre par l’affirmative alors qu’ils étaient moins d’un dixième à partager cette opinion à Budapest.
Les auteurs de l’enquête relèvent aussi que, à l’exception de Munich, toutes les villes allemandes sondées figuraient en bas du classement relatif aux services administratifs. La proportion de répondants qui ne pensaient pas que les ressources étaient dépensées de manière responsable dans leur ville allait de 52 % à Leipzig à 73 % à Dortmund.
Il existe une corrélation étroite entre la proportion de répondants qui estimaient que les ressources étaient dépensées de manière responsable et la proportion de répondants qui pensaient que les services administratifs aidaient efficacement les citoyens, ce qui était en effet la réponse de 68 % des habitants de Luxembourg interrogés.
L’enquête de 2010 portait aussi sur les espaces publics (marchés, parcs, zones piétonnières, etc.) et les possibilités de pratiquer des activités de plein air (comme la marche ou le vélo). Une grande majorité des citadins interrogés se sont dits satisfaits à cet égard.
Dans une majorité de villes (54 sur 75), les trois quarts des répondants au moins étaient satisfaits des équipements culturels municipaux (salles de concert, musées et bibliothèques par exemple). Luxembourg fait là aussi bonne figure avec 91 % d’habitants se disant satisfaits des équipements culturels, ce qui constitue une nette progression pour la ville par rapport à l’enquête de 2006 (+ 13).
Dans 69 villes, une majorité de répondants se sont déclarés satisfaits des espaces publics, tels les marchés et les zones piétonnes. De nombreuses villes au sommet du classement (où la plupart des répondants étaient satisfaits de leurs marchés et zones piétonnes), parmi lesquelles Luxembourg, où le taux de satisfaction atteint 90 %, se situaient en Europe septentrionale et occidentale.
Dans 25 villes, les trois quarts des personnes sondées au moins appréciaient la beauté des rues et des édifices de leur quartier, et dans 40 autres villes, entre la moitié et les trois quarts des répondants se disaient satisfaits. Luxembourg se situe ici dans la moyenne, avec 66 % de répondants satisfaits de la beauté des rues dans leur quartier.
Dans la quasi-totalité des villes toutefois, les répondants étaient plus satisfaits de leurs marchés et zones piétonnes que de l’apparence des rues et des édifices de leur quartier, ce qui est aussi le cas à Luxembourg.
Une majorité de citoyens étaient satisfaits des parcs et jardins de leurs villes, sauf dans 7 des 75 villes retenues. Luxembourg semble offrir là encore satisfaction à une immense majorité (92 %) de ses habitants en matière d’espaces verts.
Les niveaux de satisfaction concernant les possibilités de loisirs de plein air, telles que la marche ou le cyclisme, offraient naturellement de grandes similitudes avec la satisfaction exprimée à l’égard des espaces verts dans les villes européennes sondées. Ainsi, une majorité de citoyens étaient satisfaits des loisirs de plein air, à l’exception de 9 villes. A Luxembourg, le taux de satisfaction en termes de possibilités de loisir en plein air atteint 82 %.
De nombreux citoyens avaient du mal à évaluer leur degré de satisfaction concernant les installations sportives de leur ville : la proportion de personnes sans opinion atteignait 44 % à Liège et Riga. A Luxembourg, le taux de satisfaction atteignait 79 %.
Dans la moitié des villes sondées environ, les deux tiers des répondants approximativement se déclaraient très satisfaits ou plutôt satisfaits de leurs transports publics. A Luxembourg le taux de satisfaction atteint 82 %.
Les proportions les plus élevées d’usagers fréquents des transports publics se trouvaient à Paris, Londres, Prague, Stockholm et Budapest : dans ces villes, les trois quarts des répondants au moins prenaient le bus, le métro ou d’autres transports publics dans leur ville une fois par semaine au minimum. A Luxembourg 51 % des habitants interrogés ont déclaré utiliser les transports en public au moins une fois par semaine.
Les capitales européennes faisaient partie des villes où les proportions de répondants utilisant les transports publics pour se rendre sur leur lieu de travail étaient les plus élevées : 90 % à Londres, 56 % à Bratislava et 52 % à Sofia par exemple. Luxembourg fait figure d’exception parmi les capitales européennes puisque 60 % des répondants utilisent leur voiture ou leur moto pour se rendre au travail.
Les temps de trajet entre le domicile et le lieu de travail étaient plus longs dans les capitales et les grandes villes (plus de 500 000 habitants) européennes. De ce point de vue, Luxembourg figure parmi les villes les mieux classées puisque 26 % des répondants sont à moins de 10 minutes de leur lieu de travail ou d’études, 40 % entre 10 et 20 minutes et 20 % entre 20 et 30 minutes.