Les 27 ministres des Affaires étrangères européens ont rencontré à Madrid leurs homologues des 10 pays membres de l’ASEAN à l’occasion de leur 18e réunion ministérielle qui s’est tenue le 26 mai 2010. Le Luxembourg était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, à cette réunion qui commémorait le trentième anniversaire de l'établissement d'un cadre institutionnel pour les relations entre UE et ASEAN, à savoir la signature, en 1980, du premier accord entre les deux organisations à Kuala Lumpur, la capitale malaisienne.
Les ministres ont fait le point sur le partenariat renforcé entre les deux régions adopté en 2007 à Nuremberg et ils se sont entretenus sur son futur en se concentrant sur les attentes, les opportunités et les défis auquel le partenariat est confronté. Dans ce contexte, les ministres ont notamment adopté une "Liste indicative d’activités pour un plan d’action en vue de la mise en œuvre de la Déclaration de Nuremberg sur le partenariat renforcé entre l’UE et l’ASEAN pour la période de 2011 à 2012", contenant des projets de coopération concrets dans les domaines de la coopération politique et de sécurité, de la coopération économique et de la coopération socioculturelle.
En outre, ils ont eu un échange de vues sur l’actualité politique dans les deux régions, notamment sur les situations actuelles en Thaïlande et en Birmanie, ainsi que le changement climatique et les effets persistants de la crise financière et économique en Europe et en Asie.
Sur le plan commercial, l’UE représente le principal marché d’exportation pour l’ASEAN et la troisième source d’importations. En l’absence de progrès dans les négociations - entamées à l’automne 2006 - en vue de la finalisation d’un accord de libre-échange interrégional entre l’UE et l’ASEAN, les ministres ont fait l’état des lieux des négociations bilatérales avec plusieurs pays-membres de l’ASEAN, à savoir le Singapour, le Vietnam et la Thaïlande.
Sur le plan de la coopération, les deux parties ont également fait le point sur les négociations d’accords de partenariat et de coopération, dont un premier a été signé en automne 2009 avec l’Indonésie. Ces accords offrent un cadre stratégique pour renforcer la qualité des relations entre l’UE et les pays d’Asie du Sud-est dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, ainsi que la justice et les affaires intérieures, les échanges régionaux et l’aide au développement pour les pays les moins prospères.
Lors de son intervention, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a affirmé que la crise financière et économique mondiale représente un défi pour le monde entier, mais que tous n’ont pas été touchés de la même façon. Le ministre Asselborn a souligné que la crise n’est pas qu’économique, mais qu’elle pose un défi au multilatéralisme : "Que le cadre international de coopération et de régulation doive changer ne justifie pas pour autant que quelques forts prennent des décisions sans prendre en considération le sort des petits".
Dans le contexte de la crise financière et économique, Jean Asselborn a également tenu à féliciter les partenaires de l’ASEAN de leurs progrès dans leurs efforts d’intégration régionale et de les rassurer sur l’engagement et la volonté de coopération de l’Europe.
Ainsi, dans son plaidoyer pour une "gouvernance mondiale qui devrait être globale dans son inspiration et qui devrait mener à des résultats équitables par des procédures équitables", Jean Asselborn a-t-il fait part de son espoir que l’UE et l’ASEAN, "en tant qu’entités régionales les plus profondément intégrées au monde, continuent à être à l’origine de contributions fertiles et inspirantes à un monde multilatéral, tant dans le domaine politique qu’économique".