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Economie, finances et monnaie
Dans un entretien accordé au Wort, Jean-Claude Juncker fait part de son espoir d’une "renaissance de la méthode communautaire"
17-06-2010


A la veille d’un Conseil européen à l’ordre du jour bien rempli, les journalistes Joëlle Merges et Marc Schlammes se sont entretenus avec le Premier ministre luxembourgeois. Dans cette interview publiée dans le Luxemburger Wort du 17 juin 2010, Jean-Claude Juncker fait notamment part de son espoir que la crise de l’euro aura pour conséquence une renaissance de la méthode communautaire.

La première question des journalistes, nourrie par l’actualité, concernait l’Espagne. Ils ont ainsi demandé àL'entretien avec Jean-Claude Juncker sur le site www.wort.lu Jean-Claude Juncker si les chefs d’Etat et de gouvernement allaient, après avoir sauvé la Grèce, devoir sauver l’Espagne. Pour le président de l’Eurogroupe, le plan de sauvetage concocté pour l’ensemble de la zone euro devrait suffire pour faire face aux problèmes qui vont se poser. "Il n’est pas prévu que l’on s’occupe particulièrement du cas de l’Espagne", a ainsi répondu Jean-Claude Juncker.

Pour Jean-Claude Juncker, le fait que les marchés continuent de spéculer malgré le plan de stabilité mis au point pour la zone euro ne signifie pas pour autant "l’impuissance de la politique" comme le lui suggéraient les deux journalistes. "La politique n’est pas l’exécuteur testamentaire des marchés financiers et des agences de notation", a en effet répondu Jean-Claude Juncker avant d’expliquer que l’évaluation critique de la zone euro par les marchés financiers ne pouvait guère s’expliquer par un manque de détermination des gouvernements qui veulent tous assainir leurs finances publiques.

"Le fait est qu’il n’y a pas, dans la zone euro, de gouvernement unique qui pourrait définir la direction à suivre en matière de politique économique et financière", reconnaît le Premier ministre. Car si les Etats-Unis et le Japon ont les statistiques de référence bien plus mauvaises que celles de la zone euro, comme ne manque pas de le glisser Jean-Claude Juncker, ils disposent "d’un gouvernement central qui leur donne un avantage par rapport aux marchés". "Les conséquences de la crise économique et de la crise de l’euro ne devraient pas entraîner la coopération intergouvernementale, mais au contraire une renaissance de la méthode communautaire", conclut le Premier ministre.

Les journalistes lui ont alors demandé comment faire renaître cette méthode communautaire à un moment où tout semble dépendre du bon vouloir des Allemands et des Français. "C’est étonnant de voir qu’il y a encore deux semaines on disait que la France et l’Allemagne étaient fondamentalement en désaccord quant au concept de gouvernement économique européen. Maintenant, la chancelière et le président se sont entendus sur le principe d’une coordination de la politique économique au niveau des 27 Etats-Membres ainsi que d’une coordination plus étroite des pays de la zone euro", réplique Jean-Claude Juncker en soulignant que c’était exactement ce qu’avait déjà décidé de mettre en œuvre l’Eurogroupe. "Ce qui a été décidé il y a longtemps est maintenant célébré comme la renaissance du moteur franco-allemand", poursuit le Premier ministre, en ajoutant "permettez-moi d’en rire".

Quant à la forme que devrait prendre ce gouvernement économique, le Premier ministre a fait référence à son discours tenu à Oslo le 15 juin 2010, dans lequel il appelle à tenir compte des réalités de la zone euro et à ce que chacun prenne ses responsabilités et tienne ses engagements.

En ce qui concerne l’idée de sanctionner les Etats membres enfreignant les règles en les privant de leur droit de vote au sein des organes européens, comme l’ont proposé Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Juncker n’a, sur le principe, rien contre. Mais comme il le souligne, cela nécessiterait une modification du traité de Lisbonne ce qui est, selon son point de vue, difficilement envisageable à court ou moyen terme. Le Premier ministre préférerait ainsi renforcer le volet préventif du pacte de stabilité.

Les journalistes l’ont alors interrogé sur la stratégie Europe 2020 qui est à l’ordre du jour du Conseil européen. Ils se demandaient ainsi comment elle pourrait avoir de meilleurs résultats que la stratégie de Lisbonne, ce à quoi Jean-Claude Juncker a rétorqué que la stratégie de Lisbonne avait été "meilleure que sa réputation". A ses yeux la grande nouveauté de la stratégie Europe 2020, c’est que les grands objectifs peuvent être adaptés au niveau national, ce que le Luxembourg avait exigé dès 2005, quand le Grand-Duché assurait la présidence tournante.