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Politique étrangère et de défense
Jean-Marie Halsdorf voit dans le mécanisme de coopération structurée permanente introduit par le traité de Lisbonne un instrument adapté pour une coopération plus étroite en matière militaire
24-09-2010


Les ministres de la Défense de l’UE se sont réunis à Gand les 23 et 24 septembre 2010 à l’occasion d’un Conseil informel. Dans l’édition du Luxemburger Wort du 25 septembre 2010, le journaliste Wolf Von Leipzig rapporte les propos du ministre de la Défense Jean-Marie Halsdorf aux yeux de qui la rencontre avait surtout pour objectif de faire un bilan des besoins en matière de défense européenne. Mais il a aussi été question des relations entre UE et OTAN. Les ministres e la Défense étaient réunis en Conseil informel à Gand. (c) la Présidence belge

Pour Jean-Marie Halsdorf, en matière de capacités militaires, il y a eu ces dernières années "beaucoup de discussions, mais il s’est passé peu de choses". L’enjeu en cette période de crise est cependant de faire des économies en matière de défense et de créer des synergies positives par plus de coopération.

Jean-Marie Halsdorf juge donc nécessaire, comme la majorité de ses homologues européens, une approche pragmatique, et il a fait référence à l’exemple du Benelux. Aux yeux du ministre luxembourgeois, le mécanisme de coopération structurée permanente (CSP) offert par le traité de Lisbonne (article 28 A, § 6) est un instrument adapté. Ce mécanisme détaillé dans le protocole sur la coopération structurée permanente prévoit la possibilité d’une coopération plus étroite dans le domaine du développement de capacités militaires entre les Etats membres qui en ont la volonté et la capacité.

Pour Jean-Marie-Halsdorf, "la crédibilité de l’Europe" dépendra de "ce que nous arriverons à faire concrètement"

Le ministre luxembourgeois a notamment cité pour exemple d’une telle coopération le commandement du transport aérien européen ("European Air Transport Command", EATC) que le Luxembourg entend rejoindre l’année prochaine. C’est au sein de cette structure que devrait venir s’insérer l’avion de transport militaire Airbus A400M. Le Luxembourg entend se joindre à un autre projet multinational de développement de capacités militaires, à savoir une initiative franco-britannique visant à constituer une flotte commune d’hélicoptères et financée par un fonds d’investissement.

Pour Jean-Marie-Halsdorf, "la crédibilité de l’Europe" dépendra de "ce que nous arriverons à faire concrètement". Et il semble qu’il se joigne à l’humeur générale, car, pour citer le ministre belge Pieter De Crem, qui présidait ce conseil informel, il semble que "tous les ministres veulent du concret".

Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a même évoqué une "démission" de la plupart des pays européen par rapport à l’ambition, "simple" selon lui, d’avoir "un outil militaire permettant aux Européens de peser sur les affaires du monde". "Au rythme où nous sommes, progressivement l'Europe est en train de devenir un protectorat et dans 50 ans nous deviendrons le jeu de l'équilibre des puissances nouvelles, où nous serons sous un condominium sino-américain", a-t-il ajouté.

Le ministre polonais de la Défense, Bogdan Klich, dont le pays veut faire de la défense commune européenne une priorité de sa présidence de l'UE au deuxième semestre 2011, a jugé quant à lui qu’on n’avance "pas assez vite pour appliquer le traité de Lisbonne dans le  domaine de la défense".

Allant dans ce sens, les ministres ont donc demandé à l’agence de défense (AED) d'explorer d'ici décembre 2010 les possibilités concrètes de coopération militaire entre Européens via une mutualisation accrue de leurs moyens, comme l’a annoncé le ministre belge Pieter De Crem. Il s'agit, a-t-il dit, de "mettre en œuvre le traité de Lisbonne", mais aussi de saisir l'occasion des "coupes sombres" dans les budgets de la défense pour mutualiser des équipements coûteux et donc rares. Les ministres de la Défense ont ainsi demandé à Catherine Ashton, de qui dépend désormais l’AED, de donner mandat à l’Agence européenne de défense afin qu’elle "évalue les initiatives déjà prises par l'AED" et qu’elle voit "comment d'autres initiatives pourraient donner une réponse à des problèmes opérationnels".