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Jean-Claude Juncker salue l’initiative française visant à réguler et à limiter la spéculation sur les matières premières
01-09-2010


Le 25 août 2010, le président français Nicolas Sarkozy a, dans un discours prononcé devant la conférence des ambassadeurs, déclaré qu'à l'occasion du prochain G20, dont la France prendra la présidence pour un an le 12 novembre 2010, il faudrait ouvrir le chantier de "la volatilité des prix des matières premières, dont témoigne en ce moment même la hausse brutale des cours du blé". La France voudrait, avec ses partenaires du G20, aborder trois sujets :
  • le fonctionnement même des marchés de dérivés des matières premières, afin qu’il y ait  régulation et limites à la spéculation,
  • en ce qui concerne les matières premières agricoles, la transparence des marchés, les politiques de stockage, et la création, par les institutions financières internationales, d'outils assuranciels pour permettre aux pays importateurs de se couvrir contre la volatilité des cours,
  • en ce qui concerne les matières premières énergétiques, des mesures de transparence et un dialogue approfondi entre producteurs et consommateurs pour limiter les fluctuations des cours.

Dans une lettre conjointe des ministres français Christine Lagarde (Economie), Jean-Louis Borloo (Energie) et Bruno Le Maire (Agriculture) datée du 27 août 2010 et rendue publique le 31 août, la France demande à la Commission de prendre une "initiative" pour "améliorer" la régulation des produits financiers liés aux matières premières, une des priorités de Paris en vue de sa présidence du G20. Le gouvernement exprime sa préférence pour "un texte législatif spécifique". Selon les ministères concernés, cette initiative devrait voir le jour dès "la rentrée" de septembre. Mais "dans la perspective de la présidence française du G20 (en 2011), il faut d'abord un débat européen".

En ce qui concerne les matières premières, le gouvernement français plaide en faveur de la création d'un régulateur européen ad hoc des marchés dérivés liés aux matières premières ou, à défaut, du renforcement en ce sens des pouvoirs de la future autorité européenne des marchés financiers.

Selon le gouvernement français, il existe "une forte suspicion" que "les mouvements sur les marchés dérivés des matières premières aient pu avoir une influence sur la formation des prix des matières premières elles-mêmes, agricoles ou énergétiques".

La réaction de la Commission européenne

Le 31 août 2010, la Commission européenne a apporté son soutien à l’appel français. Le commissaire européen en charge des services financiers, Michel Barnier, a déclaré partager "pleinement le constat fait par le gouvernement français sur l'importance de la question des marchés d'instruments financiers dérivés de matières premières et assimilés, et le besoin d'une approche européenne coordonnée". Il a ajouté : "Je pense que c'est un débat que nous devons avoir au niveau européen et au niveau mondial, car c'est une question complexe qui demande une coordination internationale".

"Au niveau européen, les propositions que je ferai dès la mi-septembre sur les produits dérivés apporteront plus de transparence et de discipline, y compris ceux liés aux matières premières", a déclaré Michel Barnier, qui souhaite par ailleurs un "travail transversal au sein de la Commission" sur le sujet, impliquant donc d'autres services que les siens.

Bruxelles doit proposer le 15 septembre une législation sur les produits financiers dérivés, conçus à l'origine comme des instruments de couverture du risque - des sortes d'assurances permettant aux opérateurs de se prémunir en cas de grosses fluctuations des cours - mais accusés d'alimenter la spéculation. Bruxelles a également prévu d’examiner ce sujet lors d’un audition publique, prévue de très longue date, sur la révision de la directive sur les marchés d’instruments financiers (Mif), les 20 et 21 septembre 2010 à Bruxelles.

Le commentaire de Jean-Claude Juncker

Le tageblatt rapporte dans son édition du 1er septembre 2010 que le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker salue l’initiative du président Sarkozy. Il se dit "horrifié" par les spéculations sur les denrées alimentaires de base et se prononce pour que la communauté internationale s’apprête à prendre des mesures pour y mettre fin. "Si la communauté internationale n’entreprend rien sur ce point, elle échoue aux frais des plus pauvres parmi les pauvres."