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Emploi et politique sociale - Opinion
Vous êtes diplômés et vous vous demandez ce que les recruteurs attendent de vous ? Une enquête Eurobaromètre livre des éléments de réponse
03-12-2010


Une nouvelle enquête menée auprès des employeurs européens montre que, lors du recrutement de diplômés, les compétences dites "non techniques" ont autant d'importance que les compétences techniques spécifiques et les compétences informatiques. Une large majorité des employeurs interrogés a répondu que la capacité à travailler en équipe (98 %), la faculté d'adaptation à de nouvelles situations (97 %), les compétences en matière de communication (96 %) et la connaissance de langues étrangères (67 %) jouaient un rôle important pour le recrutement. Près de la moitié des entreprises très présentes sur le marché international considère les compétences linguistiques comme le principal atout pour l'avenir.eurobarometer

C’est ce qui ressort d’un Eurobaromètre spécial dont les résultats ont été publiés le 2 décembre 2010 par la Commission européenne. L’ enquête Flash Eurobaromètre "Perception par les employeurs de l’aptitude à l’emploi des diplômés" (No 304) fait le point sur les besoins et les perceptions des recruteurs diplômés au travers de l’analyse des avis du personnel de direction des entreprises comptant 50 salariés au moins dans un éventail de secteurs d’activités économiques, publics et privés.

L’enquête couvre 27 États membres, plus la Norvège, l’Islande, la Croatie et la Turquie. Les entreprises ciblées dans cette étude ont embauché des diplômés de l’enseignement supérieur au cours des cinq dernières années ou envisagent de le faire au cours des cinq prochaines années. Dans l’ensemble, 7036 entreprises ont été interrogées entre le 30 août et le 7 septembre 2010.

L'enquête Eurobaromètre montre que l'expérience professionnelle constitue un atout majeur pour 87 % des recruteurs. Invités à choisir une mesure que les universités devraient prendre pour améliorer l'employabilité de leurs diplômés, 39 % d'entre eux ont mentionné l'intégration d'un stage de spécialisation dans le cursus d'études.

Pourtant, seules 12 % des entreprises disent collaborer régulièrement avec des universités pour la conception des cursus et des programmes pédagogiques. La coopération est toutefois plus développée dans le contexte du recrutement des diplômés d'universités. À la question de savoir quelles sont les modalités les plus appropriées de coopération avec les universités, les employeurs privilégient clairement les programmes de stage (51 %), devant le recrutement direct dans les universités.

Un marché de l'emploi de plus en plus concurrentiel

Pour qui est à la recherche d'un emploi aujourd'hui, la question de la concurrence sur le marché du travail se pose dans une perspective européenne, et plus seulement nationale ou locale.

L'enquête a montré que plus d'un quart (28 %) des employeurs avaient recruté des diplômés d'autres pays européens et 18 % des postulants venus d'autres parties du monde. 41 % des personnes interrogées ont motivé le choix d'un candidat étranger par la volonté de trouver le meilleur talent possible. Parmi les entreprises très présentes sur le marché international, 48 % considèrent que les compétences linguistiques sont les plus importantes pour l'avenir.

Aptitudes et compétences : la capacité à travailler en équipe apparaît comme la plus importante, même si au Luxembourg la maîtrise des langues étrangères est particulièrement importante

Les aptitudes et compétences abordées dans l’enquête ont pratiquement toutes été considérées très importantes ou assez importantes dans le recrutement de travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur.

Parmi les aptitudes de haut niveau, c’est la capacité de travailler en équipe qui est jugée la plus importante (67 %), suivie des aptitudes spécifiques au secteur, des facilités de communication, des connaissances en informatique, de la capacité d’adaptation à des situations nouvelles, des aptitudes de lecture et d’écriture et des capacités d’analyse et de résolution des problèmes. Entre 58 % et 67 % des employeurs interrogés considèrent qu’il est très important pour les travailleurs nouvellement recrutés de posséder ces aptitudes.

Si les employeurs titulaires d’un diplôme étaient moins enclins à souligner l’importance de la connaissance de langues étrangères dans les recrutements actuels (aptitude jugée "très importante" par 33 % des recruteurs et "assez importante" par 34 % d’entre eux), 30 % des employeurs ont tout de même déclaré que la maîtrise des langues étrangères est la compétence désormais la plus recherchée. Autrement dit, les compétences linguistiques étaient, pour les futurs diplômés, le critère qui prévalait sur la capacité à s’adapter à des situations nouvelles (27 %) et sur les compétences de programmation et d’organisation (23 %). Cette tendance a été la plus observable dans les entreprises dont l’activité suppose de très nombreuses transactions internationales au quotidien. Pour 48 % d’entre elles, la connaissance de langues étrangères serait la compétence la plus importante à l’avenir.

Au Luxembourg, la maîtrise de langues étrangères apparaît ainsi comme "très importante" pour 75 % des employeurs diplômés. D’ailleurs on peut s’étonner que les compétences en calcul ne soient pas plus citées dans un pays où le secteur de la finance a une telle importance : seuls 33 % des répondants jugent ces compétences "très importantes" contre 40 % en moyenne dans l’UE.

Les employeurs sont-ils satisfaits des compétences des employés diplômés qu’ils ont recrutés au cours des cinq dernières années ? Dans l’ensemble oui, mais au Luxembourg compétences informatiques et linguistiques semblent être la source de quelques mécontentements

Concernant l’importance qu’ils accordent aux diverses aptitudes et compétences des travailleurs, les employeurs partagent le même avis. Dans leur grande majorité (89 %), les employeurs qui ont recruté des diplômés universitaires au cours des cinq dernières années ont reconnu que ces personnes possédaient les qualifications requises pour travailler dans leur entreprise. Les niveaux généraux de satisfaction se situaient entre 80 % pour les aptitudes décisionnelles et 91 % pour les compétences informatiques.

On peut noter cependant qu’au Luxembourg, le taux de satisfaction des employeurs "très satisfaits" des compétences en informatique des diplômés qu’ils ont recrutés au cours des cinq dernières années est un des plus bas puisqu’il est de l'ordre de 26 %. De même, au vu de l’importance accordée aux langues étrangères, on observe que seulement 25 % des répondants sont "très satisfaits" des compétences linguistiques de leurs recrues et qu’ils sont même 28 %, le plus haut taux de toute l’UE, à se dire "pas satisfait du tout".

Aptitudes et compétences requises des futurs diplômés : au Luxembourg, les langues, toujours les langues apparaissent comme essentielles !

Les qualifications de base jugées les plus importantes par le plus grand nombre d’employeurs que les futurs diplômés de l’enseignement supérieur devraient posséder concernent notamment les domaines du calcul, de la lecture et de l’informatique.

Les chargés du recrutement dans le secteur industriel avaient davantage tendance, dans une proportion de 40 %, à souligner l’importance des compétences linguistiques à l’avenir, contre 15 % pour les employeurs d’autres secteurs comme, par exemple, le secteur public. Il était prévisible que les employeurs diplômés opérant sur les marchés internationaux allaient reconnaître majoritairement la connaissance de langues étrangères comme un atout d’importance pour les candidats diplômés de l’enseignement supérieur (48 % pour ceux d’entre eux dont plus de la moitié des tâches suppose de composer avec des personnes de cultures différentes, contre 18 % si aucun contact international n’est prévu).

Le Luxembourg se distingue là encore pour l’importance accordée aux langues étrangères dans la mesure où 61 % des répondants ont jugé essentielles les compétences linguistiques de futurs diplômés.

Pour plus de la moitié des répondants, les travailleurs titulaires d’une licence répondent le mieux aux besoins de compétences de leur entreprise

Selon plus de la moitié des employeurs interrogés (55 %), les travailleurs titulaires d’une licence répondent le mieux aux besoins de compétences de leur entreprise, et le Luxembourg se situe exactement dans la moyenne européenne sur ce point. Si 35 % considéraient que le diplôme le plus approprié était la maîtrise, 3 % seulement pensaient qu’il fallait un doctorat pour satisfaire au mieux aux exigences de leur entreprise. Plus de 9 employeurs diplômés sur 10 interrogés ont affirmé connaître la différence entre une licence et une maîtrise. Ces résultats montrent que la nouvelle structure de l’enseignement supérieur introduite par le processus de Bologne est reconnue par les employeurs européens.

L’expérience professionnelle, un atout essentiel pour les postulants

Outre l’éventail des aptitudes susmentionnées, l’expérience professionnelle est un autre facteur important aux yeux des recruteurs. Dans l’ensemble, 87 % des employeurs diplômés se sont accordés à reconnaître que l’expérience professionnelle est un argument essentiel en faveur des postulants. C’est donc très logiquement que les employeurs, interrogés sur la manière pour les universités d’améliorer l’aptitude à l’emploi de leurs diplômés, ont le plus souvent désigné les stages dans le secteur concerné comme une composante obligatoire des programmes d’études. L’intégration de la pratique dans l’enseignement théorique était le deuxième choix le plus souvent sélectionné. L’un de ces deux choix a été retenu par 66 % des répondants.

Le Luxembourg compte parmi les pays où un stage ou des études à l’étranger semblent les plus appréciés

Les stages et les séjours d’études à l’étranger étaient hautement appréciés par environ un employeur sur cinq, voire un sur quatre, alors que 29 % des employeurs interrogés ont déclaré être "totalement d’accord" ou "assez d’accord" sur l’importance capitale pour les postulants diplômés d’avoir accompli un stage en entreprise à l’étranger, et que 24 % partageaient le même avis sur les études à l’étranger.

Les employeurs du secteur industriel apprécient plus particulièrement l’expérience professionnelle acquise à l’étranger. C’est dans une proportion de 38 % que ces employeurs ont reconnu qu’il était très important ou assez important d’avoir effectué un tel stage. L’intérêt des études à l’étranger a été particulièrement souligné par les employeurs titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur entretenant des relations au niveau international. Un tiers environ des employeurs (32 %) dont les activités impliquent plus de 50 % de relations internationales au quotidien ont affirmé qu’il était très important ou assez important pour les postulants diplômés d’avoir accompli des études à l’étranger.

Au Luxembourg, 53 % des employeurs interrogés ont jugé important ou très important que les candidats aient fait un stage à l’étranger, et ils étaient 48 % à évaluer de la même façon les études à l’étranger de candidats potentiels.

Le nombre d’entreprises ayant collaboré avec des universités reste très bas

En revanche, les avis étaient partagés quant à l’importance de coopérer avec les établissements d’enseignement supérieur à la conception des études et à l’élaboration des programmes d’enseignement. Interrogées sur la fréquence de leur collaboration avec les universités, 14 % seulement des entreprises ont affirmé collaborer très ou peu fréquemment avec les universités dans la conception des programmes d’enseignement. Pratiquement 6 employeurs diplômés sur 10 ont avoué n’avoir jamais coopéré avec des universités sur ce plan.

Toutefois, la coopération s’est concrétisée plus souvent pour le recrutement de diplômés universitaires. Invités à se prononcer sur la meilleure manière de coopérer avec les universités, les employeurs ont affiché manifestement une préférence pour les programmes d’apprentissage (52 %), ensuite pour le recrutement direct dans les universités (32 %).

Plus d’un employeur sur quatre embauche des travailleurs d’autres pays européens, un taux qui atteint des proportions record au Luxembourg où 86 % des employés diplômés proviennent d’un autre pays européen

Plus d’un quart des employeurs interrogés (27 %) ont embauché des travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur originaires d’autres pays européens et un cinquième des employeurs (18 %) ont recruté des diplômés de pays extérieurs à l’Europe.

Le Luxembourg fait ici figure de champion puisque 86 % des employés diplômés recrutés par les employeurs ayant répondu à l’enquête proviennent d’un autre pays européen. Pourquoi en est-il ainsi ? Selon les employeurs interrogés au Luxembourg, mais c’est aussi le cas en Irlande, c’est essentiellement en raison du nombre insuffisant de candidats correspondant au profil dans le pays.

Nombreux sont les répondants (41%) qui ont déclaré avoir recruté des diplômés d’autres pays parce qu’ils recherchaient les meilleurs talents disponibles, tandis que 15 % d’entre eux ont justifié cela en arguant que les diplômés des autres pays possédaient une forte déontologie. Un peu plus d’un quart des employeurs interrogés (27 %) ont embauché des diplômés de l’enseignement supérieur d’autres pays parce qu’ils avaient besoin d’une main-d’œuvre internationale.

Deux tiers environ (68 %) des employeurs participant à l’enquête ont recruté des diplômés de l’enseignement supérieur au cours des cinq dernières années et prévoient d’en recruter au cours des cinq prochaines années. Plus d’un tiers (35 %) des répondants ont estimé qu’un cinquième de leur personnel appartenait à ce type de diplômés. Le Luxembourg compte parmi les huit pays où une majorité d’employeurs (55 % au Grand-Duché) ont déclaré qu’au moins 20 % de leurs employés étaient diplômés de l’enseignement supérieur.

Si les entreprises participant à cette enquête ont recruté ce genre de travailleurs diplômés parmi une diversité de domaines d’enseignement, les domaines de qualification les plus fréquemment évoqués sont la technique, le commerce ou l’économie (54-55 % des entreprises). Les entreprises interrogées relevaient majoritairement du secteur industriel, ensuite du secteur des services privés et publics. Plus de 4 répondants sur 10 (42 %) ont estimé qu’au moins 10 % de leurs opérations quotidiennes supposaient de négocier avec des personnes d’autres pays, alors que 26 % de ces entreprises ont déclaré n’être jamais en relation avec des personnes de l’étranger.

Au Luxembourg, les institutions de formation continue semblent avoir particulièrement la cote auprès des employeurs

34 % des employeurs diplômés (47 % au Luxembourg) ont répondu que plus de la moitié de leurs employés diplômés avaient bénéficié d’une formation pour mettre à jour leurs compétences au cours des deux dernières années. Mais ils étaient aussi 33 % (12 % au Luxembourg) à déclarer que moins de 10 % de leurs employés diplômés avaient bénéficié de telles formations.

Si, dans l’UE, 83 % des répondants mentionnent des formations organisées sur le lieu de travail, ils ne sont que 55 % à évoquer la participation de leurs employés diplômés à des formations proposées par des institutions de formation continue. Au Luxembourg, cette dernière solution semble en revanche beaucoup plus répandue puisque 77 % des répondants l’ont mentionnée.

Recruter : les difficultés à trouver le candidat idéal…

Si le premier défi auquel doivent faire face les employeurs quand ils doivent recruter pour un poste de diplômé est, pour 47 % des répondants, le manque de candidats ayant les compétences requises, c’est particulièrement vrai au Luxembourg où ce taux atteint 73 %.

En revanche, si, au niveau européen le deuxième défi évoqué par 43 % des répondants concerne la capacité à offrir un salaire de départ compétitif, cela ne semble pas être un problème majeur au Luxembourg où seuls 25 % des répondants ont évoqué la question.