Chaque année, la Commission européenne publie depuis sept ans un agenda destiné aux élèves des classes du secondaire de toute l’UE.
Présenté comme un "outil pédagogique", ce calendrier qui présente aux jeunes citoyens des informations ce que fait l’UE en matière de voyage, d’alimentation, d’environnement, de consommation ou encore de sécurité est distribué gratuitement dans les écoles, accompagné d’un guide pédagogique pour les enseignants.
Comme l’indique le site web de la DG Santé et Consommateurs sur les pages présentant son action en matière d’éducation des consommateurs, plus de 3 millions d’exemplaires de l’édition 2010-2011 de cet agenda ont été distribués dans plus de 21 000 écoles de l’UE.
Fin 2010, début 2011, ce calendrier a cependant suscité un vent d’indignation à travers l’Europe.
En effet, comme le reconnaît le commissaire John Dalli lui-même dans une lettre d’excuses, si "l’actuelle version de cet agenda comprend un certain nombre de fêtes religieuses et d’événements mentionnés en raison de leur portée culturelle et historique", il apparaît qu’"aucune mention n’est faite aux fêtes religieuses, comme Noël, qui font partie de l’héritage européen".
Ce sont les associations et les partis chrétiens qui sont montés au créneau dès le mois de décembre, relevant que, si des fêtes religieuses, qu’elles soient hindoues, juives ou musulmanes, sont mentionnées dans cet agenda, aucune fête chrétienne n’y figure : ni Pâques, ni Noël, ni la Toussaint. Une absence jugée par la porte-parole de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), Johanna Tozel, "juste incroyable". "C'est étonnant qu'on ait omis ces fêtes chrétiennes car 90 % des Européens sont au moins de culture chrétienne", observait-elle dans un reportage diffusé par la RTBF. Beaucoup se sont insurgés contre ce qu’ils ont vu comme une forme de discrimination religieuse.
Les lettres et plaintes ont fusé, à l’image de celles émises le 12 janvier 2011 par le ministre français chargé des Affaires européennes, Laurent Wauquiez qui s’est laissé aller à "un coup de gueule" contre la Commission à ce sujet parce que cet agenda reflète à ses yeux "une incapacité de l'Europe à assumer" son identité profonde.
"Dans cet agenda, on parle de beaucoup de choses sauf de notre identité européenne", déplore-t-il en effet, ajoutant "on parle de Ghandi, de la découverte de la tomate au Pérou ou de l'Antarctique, mais on ne parle pas de ce qu'est l'identité européenne. "L'Europe, ce n'est pas une coquille creuse, c'est une communauté de valeurs, de grands personnages de l'Histoire, de grandes dates", a-t-il encore plaidé, avant d’appeler à "assumer cette identité".
Dans cet agenda, "il y a beaucoup de fêtes religieuses qui sont mentionnées, ce n'était pas obligatoire. Des fêtes hindoues, des fêtes chinoises, musulmanes et aucune fête chrétienne", a expliqué le ministre, se demandant "à quoi ça rime" et si l’on avait "honte de notre identité chrétienne", "honte que l'Europe des clochers ait été constitutive de notre identité européenne".
Entre temps, le commissaire John Dalli a pourtant exprimé ses regrets pour cette "incohérence" par une lettre dans laquelle il s’engage à agir immédiatement. Un des porte-paroles de la Commission, Frédéric Vincent, a ainsi promis une correction des éditions à venir, ajoutant que John Dalli allait "écrire dans les semaines qui viennent aux établissements" ayant reçu l'agenda "pour reconnaître une bourde".
Au Luxembourg, l’eurodéputé chrétien social Georges Bach a réagi par voie de communiqué le 13 janvier 2011, titrant son texte "Comment la Commission a-t-elle pu oublier Noël ?". "Il manque toutes les fêtes des Chrétiens, même Noël n’est pas mentionné", s’étonne en effet l’eurodéputé qui explique que la Commission n’a pas procédé au rappel des agendas pourtant demandé par plusieurs parlementaires européens.
S’il a pris acte du fait que la Commission a reconnu avoir fait "une bourde", Georges Bach ne s’explique pourtant pas comment la Commission a pu commettre une telle omission : "Je ne comprends pas qu’une telle négligence de la Commission n’ait sauté aux yeux de personne et que l’agenda ait été diffusé", a-t-il déclaré, voyant là un "incident regrettable", et ce d’autant plus que cet agenda est censé susciter l’intérêt des jeunes pour l’Europe…
L’appel d’offres pour la réalisation - développement, édition, traduction, adaptation, mise en page, impression et distribution - de cet agenda avait été publié en janvier 2010. Le marché avait été remporté pour un montant de 28 millions d’euros hors taxe par la Fondation Génération Europe, basée à Bruxelles, qui présente sur son site ce calendrier comme sa "publication phare".
Les éditions nationales de l’agenda et du livret pédagogique qui l’accompagne peuvent être téléchargées en ligne et contiennent, au-delà du tollé provoqué, de nombreuses et précieuses informations sur l’UE, les droits des citoyens, les opportunités de carrière, la santé, la sécurité ou encore l’environnement.