Dans le numéro 2-2010 de ses "Regards", qui est sorti le 18 janvier 2011, le Statec compare, sur la base de chiffres récemment publiés par Eurostat, les coûts de la main-d’œuvre et la durée moyenne de travail du Luxembourg avec ceux des autres pays européens.
Il en ressort que le Grand-Duché présente le coût annuel moyen par salarié le plus élevé de l’Union Européenne. Au niveau du coût horaire moyen, il est, à 31,3 euros, toutefois dépassé entre autres par la Belgique et la France. Dans l’industrie, la construction et le commerce, le Luxembourg présente des coûts horaires inférieurs à ses trois voisins. Avec 14 % du coût total, le Luxembourg affiche des coûts indirects faibles par rapport à ces voisins. Quant à la durée de travail annuelle, le Grand-Duché compte, avec 1 790 heures, parmi les pays de l’UE où le nombre moyen d’heures travaillées est le plus élevé.
Si le coût annuel par salarié est au Luxembourg, à 55 558 euros, le plus élevé de l’UE, suivi de près par le Danemark ou encore la Suède, la situation est, comme le relève l’auteur, Paul Reiff, "plus nuancée si l’on considère le coût horaire".
Du fait d’un nombre plus important d’heures travaillées par salarié, le coût par heure travaillée est ainsi moins élevé au Luxembourg (31,3 euros) qu’en France (35,2 euros) et en Belgique (33 euros) par exemple. Parmi les voisins du Grand-Duché, seule l’Allemagne affiche un coût horaire moyen inférieur (28,9 euros). En regardant plus loin dans l’UE, on est frappé par les écarts qu’il y a entre ce coût moyen par heure travaillée selon les pays, puisqu’il n’est que de 2,6 euros en Bulgarie ou de 4,2 euros en Roumanie.
Quant à la croissance annuelle moyenne du coût horaire entre 2000 et 2008, Paul Reiff note qu’elle a été "relativement modérée" au Luxembourg (+ 2,9 % par an) en comparaison avec la Belgique (+ 3,5 %) ou encore la France (+ 4,9 %) Là-encore, l’Allemagne fait figure d’exception parmi les voisins puisque la croissance moyenne est de l’ordre de 1,4 % par an depuis 2000.
En observant de plus près les coûts horaires dans les différents secteurs, Paul Reiff relève que dans l’industrie (28,3 euros), la construction (21,3 euros) et le commerce (21,1 euros), le Luxembourg se situe largement en-dessous des pays voisins, que ce soit la Belgique, la France ou l’Allemagne.
Dans le secteur de l’Horesca, la France présente aussi des coûts horaires (23,2 euros) bien supérieurs à ceux du Luxembourg (16,4 euros), même si l’Allemagne affiche un coût horaire de 15 euros dans ce secteur.
Pour les activités financières et d’assurance, le Luxembourg affiche en revanche des coûts horaires (54,7 euros) plus élevés que la plupart des pays européens, même s’ils restent inférieurs à ceux de la Belgique et de la France (respectivement 55,7 et 58,6 euros).
Enfin, dans le secteur de la santé et de l’action sociale, la main d’œuvre est plus chère au Luxembourg (34,1 euros) que dans les trois pays limitrophes, ce que Paul Reiff explique par le fait que ce secteur est largement conventionné par l’Etat et lié dès lors davantage à l’évolution salariale générale que dans d’autre pays.
L’auteur a comparé les coûts moyens dans les services avec ceux de l’industrie et il relève que, de tous les pays membres, le Luxembourg est celui, avec le Portugal, qui affiche la différence la plus marquée : le coût de la main d’œuvre dans les services y dépasse celui de l’industrie de 33 %. Dans les pays avoisinants, la situation est à l’opposé puisque le coût moyen dans le secteur des services y est inférieur à celui de l’industrie, l’écart allant jusqu’à 17 % en Allemagne. Une preuve selon Paul Reiff des différences structurelles significatives qui existent entre le Grand-Duché et ses voisins.
L’auteur s’est penché sur le coût indirect de la main d’œuvre qui comprend les cotisations sociales à la charge de l’employeur ainsi que les dépenses de formation et de recrutement, les vêtements de travail et autres dépenses liées au travail ainsi que d’éventuels impôts sur les salaires à charge des employeurs.
Au Luxembourg, le coût indirect atteint 14 % du coût total de la main-d’œuvre alors qu’il en représente 34 % en France et 22 % en Allemagne. C’est au Danemark et à Malte que ce coût indirect est au plus bas, puisqu’il représente respectivement 9 et 8 % du coût total.
D’après les résultats de l’enquête, le Luxembourg compte parmi les pays de l’UE où le nombre moyen d’heures effectivement travaillées par salarié et par an est le plus élevé. Avec 1790 heures travaillées, il est juste derrière la Lettonie, Malte, la Roumanie et le Royaume-Uni qui affichent entre 1806 et 2126 heures travaillées. En ce qui concerne les heures payées, le Luxembourg arrive, avec 2131 heures, en deuxième position derrière Malte qui est à 2148 heures.
Paul Reiff observe que le Luxembourg se situe dans le peloton de tête en ce qui concerne l’augmentation du temps de travail : entre 2000 et 2008 le nombre d’heures travaillées par salarié à temps complet a augmenté de 4,7 %. Si la hausse a été sur la même période de 1,9 % par exemple en Allemagne et 8,4 % aux Pays-Bas, la durée de travail moyenne a en revanche diminué dans la majorité des Etats membres, baissant de 2,3 % en Belgique, 9,1 % en France et même 19,7 % en Irlande.
De même l’auteur de l’étude note que la part de salariés travaillant à temps partiel est au Luxembourg, avec 13 %, bien en dessous des taux constaté dans les pays proches : 23 % en France, 33 % en Belgique, 34 % en Allemagne et même 51 % aux Pays-Bas. Seuls les pays d’Europe de l’Est, ainsi que la Grèce et Chypre affichent des taux inférieurs à celui observé au Luxembourg. Pour ce qui est de la durée de travail, un salarié à temps partiel travaille à Luxembourg 55 % en moyenne de la durée d’un temps plein, pourcentage qui se situe peu ou prou dans la fourchette observée dans les pays voisins.