Le 10 mars 2011, à la veille du Conseil européen extraordinaire convoqué par Herman Van Rompuy sur la Libye et les développements dans les pays du Sud de la Méditerranée, Catherine Ashton a invité les ministres des Affaires étrangères de l’UE à un Conseil Affaires étrangères extraordinaire.
Le 9 mars, la Haute-représentante de l’UE pour la politique étrangère était devant le Parlement européen où elle a notamment refusé de soutenir la demande du Conseil national de transition (CNT), constitué par l'opposition, d'être reconnu comme seule autorité légitime en Libye. "C'est aux Etats de prendre la décision", a-t-elle affirmé pendant le débat sur la crise libyenne, alors que le Parlement recevait cette semaine à Strasbourg deux représentants du CNT venus plaider pour cette reconnaissance. Elle a également émis les plus grandes réserves sur la faisabilité d'une zone d'exclusion aérienne destinée à empêcher le colonel Kadhafi de bombarder sa population.
C’est dans ce contexte que Déi Gréng ont appelé le gouvernement luxembourgeois à reconnaître rapidement le gouvernement de transition libyen. Dans leur communiqué diffusé le 9 mars 2011, l’eurodéputé Claude Turmes et le député Felix Braz expliquent que cette reconnaissance serait "un signe important de soutien international à une nouvelle construction démocratique". Selon eux, cela signifierait aussi clairement au colonel Kadhafi qu’il n’y a pas d’avenir politique pour lui.
Mais Claude Turmes et Felix Braz s’adressent aussi à Catherine Ashton, l’appelant "à s’engager enfin pour une reconnaissance du gouvernement de transition et à se défaire de son attitude passive". Les deux parlementaires se réfèrent d’ailleurs à une résolution en ce sens votée le matin même au Parlement européen.
A plus long terme, les deux parlementaires soulignent l’importance qu’il y a à lier une reconnaissance du gouvernement de transition à des conditions claires en matière de protection des minorités et d’aide humanitaire. La rencontre qui a lieu le 8 mars 2011 entre les représentants de ce gouvernement de transition et le groupe parlementaire Verts/ALE au Parlement européen a montré en effet selon Claude Turmes que le gouvernement de transition a accordé jusque là peu d’attention à ces questions.
La Libye a besoin d’urgence d’aide humanitaire, ont rappelé Felix Braz et Claude Turmes avant de souligner que l’UE avait pour devoir de fournir cette aide humanitaire et devait donc pouvoir à cette fin compter sur le soutien du gouvernement de transition. De même, l’UE doit mettre en œuvre tous les instruments dont elle dispose pour faire face au problème grandissant des réfugiés, ajoutent les deux parlementaires qui citent parmi ces outils la prise en charge temporaire de réfugiés ou bien la reconnaissance du statut de réfugié. Selon eux, l’UE doit aussi offrir des perspectives économiques à la région concernée.
Déi Gréng soutiennent l’idée de mettre en place une zone d’exclusion aérienne sur la Libye afin de limiter le nombre de victimes. A leurs yeux, cette dernière devrait être décidée par le Conseil de sécurité ou bien par l’Assemblée générale des Nations Unies et être menée, dans la mesure du possible, sous la direction de la Ligue arabe.
L’eurodéputé CSV Georges Bach a lui aussi fait circuler son commentaire sur la politique européenne à l’égard de la Libye. "Pendant des années, l’on a mené du côté européen une politique hypocrite à l’égard de la Libye, qui conduit des dirigeants européens à sympathiser ouvertement avec la dictature libyenne, et ce souvent pour des raisons économiques." Pour Georges Bach, l’UE est collectivement coupable de ce qui se passe actuellement dans les pays arabes, parce qu’elle s’en est remise par peur des flux de réfugiés et des extrémistes à la politique de la main forte de fer de dictateurs considérés comme un mal nécessaire qui ont été soutenus de manière plus ou moins passive.
Pour Georges Bach, Kadhafi doit être stoppé afin que les tueries cessent en Libye. La voie que l’UE devrait suivre pour "redorer son blason de communauté de valeurs crédible" serait pour l’eurodéputé chrétien-social la reconnaissance d’un gouvernement de transition légitime, une aide immédiate concrète de l’UE, une perspective à long terme qui permette aux peuples d’Afrique du Nord de mettre en place des structures démocratiques, et à court terme la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne "sans attendre les USA qui hésitent encore".