Le Parlement européen vient de publier les résultats du dernier Parlemètre, enquête d’opinion réalisée auprès de 26574 Européens âgés de 15 ans et plus entre le 25 novembre et le 17 décembre 2010.
Cette enquête, réalisée neuf mois après la dernière du genre, a pour objectif d'évaluer la perception que les citoyens ont du Parlement européen, ainsi que les politiques et valeurs qu'ils souhaitent lui voir défendre.
Le précédent Parlemètre avait été conduit en janvier – février 2010, à une période qui, du fait de la proximité des élections européennes, des auditions des commissaires désignés et de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, était plutôt favorable à la visibilité du Parlement européen.
Le contexte économique international est quant à lui, toujours marqué profondément par la crise financière, économique, sociale. Elle a désormais pris une nouvelle dimension, celle des difficultés de la zone euro et des mesures qui en ont résulté, notamment par la mise en place du Fonds européen de stabilité financière et du mécanisme européen de stabilisation.
Ces neuf derniers mois, la question de la solidarité entre Etats membres a été au cœur de l'actualité européenne et a probablement interpellé l'opinion publique. Dans le même temps, les Etats membres abordent la sortie de crise à des rythmes très différents.
Un environnement politique et économique qui, de l’avis des auteurs de l’enquête a joué un rôle dans les réponses des citoyens interrogés.
Ces derniers relèvent que l’activité législative du Parlement européen n'est pas suffisamment ressentie par les Européens comme ayant un impact sur leur vie quotidienne. Pourtant, en 2010, des dossiers importants ont été traités comme la protection des données individuelles des passagers des compagnies aériennes (SWIFT), les additifs alimentaires, l'étiquetage des denrées alimentaires, le renforcement de l'information pour les médicaments prescrits sur ordonnance, le paquet régulation et supervision financière, les hedge funds, les nouvelles réductions tarifaires du téléphone mobile (roaming), etc.
Six mois après les élections européennes, 62 % des répondants déclaraient avoir récemment lu dans les journaux, vu sur Internet, ou entendu à la radio ou à la télévision quelque chose au sujet du Parlement européen. Ils sont aujourd'hui 59 % (-3 points de pourcentage) à avoir ce souvenir médiatique contre 39 % qui n'ont pas ce souvenir. Les différences entre le pays où le souvenir est le plus fort et celui où il est le plus faible atteignent 36 points de pourcentage.
Au-delà d’une apparente quasi stabilité de la moyenne européenne, on observe que le souvenir médiatique tend à s'estomper dans 19 des 27 Etats membres. Le Luxembourg compte parmi eux et offre même un écart important par rapport à la dernière enquête. Le taux de personnes ayant un souvenir médiatique du Parlement européen est en effet passé de 77 % début 2010 à 66 %.
Parmi les pays où ce souvenir médiatique stagne voire augmente, on peut noter la très forte augmentation en Irlande (+ 17 points de pourcentage), pays qui était en pleine crise financière au moment de l'enquête.
A l'échelle de l’UE, le niveau d'information subjectif ne varie pas de façon notable. Ainsi, 28 % des répondants considèrent être bien informés sur les activités du Parlement européen contre 30 % il y a 9 mois (-2 points de pourcentage).
Cette enquête révèle de fortes différences entre Etats membres qui atteignent 26 points de pourcentage. Le Luxembourg compte parmi les pays où les répondants se sentent les mieux informés puisqu’ils ont été 42 % à répondre de la sorte. Mais lors de la dernière enquête, ils étaient 8 % de plus à se dire bien informés. Il en résulte que 55 % des répondants se disent "pas bien informés" au Luxembourg.
Dans l’UE, plus des deux tiers (69 %) des Européens continuent de se sentir mal informés sur les activités du Parlement européen.
Aujourd'hui, 42 % des Européens savent que leurs députés européens siègent dans l'hémicycle en fonction de leurs affinités politiques. Ils sont 38 % à croire qu'ils y siègent en fonction de leur nationalité. A la fin de l'année 2007, ils n'étaient que 33 % à donner la bonne réponse alors que 44 % donnaient la mauvaise.
Au Luxembourg, la moitié des répondants sait que les députés siègent en fonction de leurs affinités politiques et ils sont 37 % à croire qu’ils siègent en fonction de leur nationalité.
Contrairement à la tendance générale dans l’UE, les répondants du Luxembourg montre une baisse du niveau de connaissance. Le nombre de bonnes réponses diminue (- 6), tandis que le nombre de mauvaises réponses reste stable par rapport à début 2010. C’est le nombre de répondants qui ne se prononcent pas qui augmente lui de 6 points, révélant une certaine incertitude de la part des répondants.
L'évaluation des traits d'image associés au Parlement européen n'a pratiquement pas changé. L'image de l'institution est très contrastée et n'est pas uniforme dans tous les Etats membres.
A l'instar de ce qui avait été constaté lors de l'enquête précédente, une certaine tendance à la polarisation des opinions se confirme. Les réponses sont de plus en plus marquées dans un sens ou dans l'autre.
Pour deux aspects, l'image que donne le Parlement européen reste positive :
Toutefois concernant le caractère "démocratique", les différences entre Etats membres atteignent 43 points de pourcentage.
Le Luxembourg se situe, juste derrière la Slovaquie et la Hongrie, parmi les pays où la perception du Parlement européen comme "démocratique" est la plus répandue puisqu’elle est partagée par 74 % des répondants.
A nouveau, les différences entre Etats membres sont importantes car elles atteignent 42 points de pourcentage parmi ceux qui le trouvent "efficace".
Au Luxembourg, 56 % des répondants trouvent le Parlement européen efficace, un chiffre qui, avec une augmentation de 7 points de pourcentage, est nettement à la hausse par rapport à début 2010. Les répondants sont encore 33 % à trouver que le terme "inefficace" décrit plutôt bien l’idée qu’ils se font du Parlement européen.
Dans deux autres domaines, l’image du Parlement européen est plutôt négative :
On note une très forte différence parmi les Etats membres qui le trouvent "dynamique", la différence atteint 52 points de pourcentage. Le Luxembourg reste de ce point de vue au-dessus de la moyenne européenne avec 46 % de répondants voyant le Parlement européen comme dynamique, contre 42 %.
Pourtant l’image du Parlement européen semble avoir pris un coup par rapport à la dernière enquête puisque les résidents du Luxembourg étaient encore 59 % à juger "dynamique" le Parlement européen début 2010, ce qui représente une chute de 13 points de pourcentage. Ils sont désormais 42 % (+ 11) à trouver que le terme "dynamique" décrit mal l’image qu’ils se font du Parlement européen.
40 points de pourcentage séparent l'Etat qui le considère le plus "à l'écoute des citoyens" de celui qui le considère le moins.
Sur cette question, le Luxembourg affiche un chiffre proche de la moyenne européenne puisque le Parlement européen apparaît comme à l’écoute des citoyens pour 38 % (- 7) des répondants, contre 51 % (+ 6) qui ne partagent pas cet avis. On peut noter là encore que l’image du Parlement européen s’est dégradée au Grand-Duché.
Au Luxembourg, le Parlement européen est jugé "méconnu" par 46 % des répondants (+ 3), contre 49 % (+ 2) qui partagent l’impression contraire.
Si l'on s'en tient à l'enquête effectuée il y a neuf mois, les résultats sont sensiblement identiques même si le renforcement du rôle du Parlement européen est en légère diminution entre les deux enquêtes : 52 % des répondants sont en faveur d'un rôle accru du Parlement européen, contre 55 % sept mois après les élections européennes.
En revanche, la mise en perspective de cette dernière enquête avec celle menée fin 2007 met réellement en évidence le fait que, comme pour l'image, les opinions sur le rôle du Parlement européen ont également tendance à s'affirmer. Ainsi, il est intéressant de constater les mouvements d'opinion suivants :
A nouveau, les différences entre Etats membres dans cette enquête sont très importantes : elles vont de 32 % à 79 %, soit une différence de 47 points de pourcentage.
Au Luxembourg, 62 % (+ 1) des répondants souhaitent que le Parlement européen joue un rôle plus important, contre 15 % (- 2) qui ont spontanément exprimé leur souhait que le Parlement joue le même rôle et 15 % ( - 2) qui ont répondu que le Parlement devrait jouer un rôle "moins important". 8 % des répondants (+ 3) ne se prononcent pas.
La hiérarchie des priorités est demeurée la même par rapport à l'enquête précédente. C'est de loin, la protection des droits de l'homme que les Européens veulent voir défendue en priorité par le Parlement (à 60 % dans l’UE en moyenne, 47 % au Luxembourg). L'égalité homme/femme et la liberté d'expression viennent en seconde position, comme la dernière fois, avec 36 % (et respectivement 36 et 39 % au Luxembourg).
La seule évolution marquante concerne la solidarité entre Etats membres de l'UE (35 %, + 5) qui vient en 4e position. Une évolution peut-être liée à la crise mais qui n’est pas notable au Luxembourg où 35 % des répondants avaient s’étaient déjà exprimés sur l’importance de cette priorité début 2010.
Les auteurs de l’enquête ont porté au dossier les résultats d’une enquête publiée en octobre 2010 sous le titre "Les Européens et la crise" pour ce qui est de la question des politiques prioritaires.
Les conséquences de la crise économique, sociale, financière et monétaire ont certainement eu une influence sur la très forte augmentation de la priorité à accorder à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion (52 %, + 8 points en 7 mois). Une évolution observée aussi au Luxembourg où 49 % des répondants avaient cité cette priorité contre 36 % lors de l’enquête précédente (+ 13).
Elle demeure de loin la première politique à mener aux yeux des répondants devant la protection du consommateur, qui est en deuxième position avec 33 % (23 % au Luxembourg, - 12).
En revanche, les politiques dont l'impact quotidien est moins mesurable par le citoyen sont en net recul par rapport à l'enquête précédente : 26 % des Européens citent la lutte contre le changement climatique qui perd 8 points (elle passe de la 3e à la 6e place), et 23 % la politique de sécurité et de défense, qui perd 7 points.
En 4e position ex aequo avec 27 % chacune, la coordination des politiques économique, budgétaire et fiscale (+ 3) et une politique agricole qui soit respectueuse de l'environnement et contribue à l'équilibre alimentaire mondial.
Au Luxembourg, ce sont "la lutte contre le changement climatique" et "une PAC respectueuse de l’environnement et qui contribue à l’équilibre alimentaire mondial" qui arrivent à égalité en deuxième position avec 30 % des répondants. La coordination des politiques économiques, budgétaires et fiscales n’y est citée en revanche que par 15 % des répondants.