Partant du constat que la diversité grandit dans les Etats membres de l’UE au fur et à mesure que les échanges et la mobilité se font plus courants, la Commission européenne s’est intéressée à l’émergence de "nouveaux Européens", ces personnes qui vivent dans l’UE et ont des relations qui dépassent les frontières de leur pays de résidence.
L’ambition de l’enquête Eurobaromètre (EB346) réalisée au printemps 2010 et dont les résultats ont été publiés le 1er avril 2011, était d’identifier ces "nouveaux Européens", en tendant d’aborder cette européanité par le biais de quatre questions : les différents types de relation, les projets d’émigration, le sentiment d’attachement à un lieu et d’appartenance à un groupe et enfin l’identité.
Les auteurs ont distingué quatre types de "connexités" : différents degrés de relations résultent de l’ascendance familiale, tandis que les relations personnelles avec des personnes d’autres pays semblent les plus répandues en Europe. L’expérience personnelle à l’étranger est certes moins répandue, mais elle est cependant significative. Enfin, les liens socio-culturels avec d’autres pays sont répandus.
Les résultats de cette enquête Eurobaromètre sont présentés avec une certaine prudence par les auteurs du rapport qui ont fait apparaître dans leur travail trois grands groupes types : les "nouveaux Européens par ascendance", qui représentent à peu près 15 % des sondés, les "nouveaux Européens par ouverture", qui représentent environ 20 % des sondés et enfin les "vieux Européens", qui n’ont ni ascendance à l’étranger, ni relations particulières avec d’autres pays, et qui représentent 64 % des personnes interrogées pour cette enquête.
Tout au long de l’enquête, les répondants du Luxembourg n’ont de cesse de se distinguer.
La relation la plus fréquente à un autre pays est liée à une ascendance familiale, sans pour autant qu’elle soit très répandue. Plus de 85 % des Européens sont en effet nés dans leur pays de résidence ou bien ont des parents ou des grands-parents qui y sont nés. Huit Européens sur dix ont leurs quatre grands-parents nés dans leur pays de résidence.
Les 7 % de répondants nés à l’étranger représentent donc une minorité tandis que seul un répondant sur dix a au moins un parent né dans un pays autre que son pays de résidence. Un répondant sur huit a dit avoir au moins un grand parent né à l’étranger.
Dans ce contexte, le Luxembourg fait clairement exception, affichant le plus grand nombre de répondants ayant des parents ou des grands-parents nés dans un autre pays. Ainsi au Luxembourg, 35 % des répondants sont nés à l’étranger, pour la très grande majorité dans un autre pays de l’UE. Autres chiffres notables au Luxembourg, les parents des répondants sont, pour les pères, 52 % à être nés au Luxembourg et, pour les mères, 56 %. Là encore, c’est essentiellement dans des pays de l’UE que sont nés les parents des répondants qui ne sont pas nés au Luxembourg.
Les grands-parents nés dans le pays de résidence du répondant pouvant avoir une autre nationalité à la naissance, les personnes interrogées se sont vues demander quelle était la nationalité de leurs grands-parents. Une large majorité d’entre elles (79 %) ont pour quatre grands-parents des citoyens nés dans leur pays de résidence. Dans l’UE 19 % des répondants ont au moins un de leurs grands-parents né sous une nationalité différente de celle du pays de résidence du répondant.
Là-encore, le Luxembourg fait figure d’exception puisque 61 % des répondants y ont au moins un de leurs grands-parents né sous une nationalité différente de celle du pays de résidence du répondant. Le Luxembourg est suivi, mais de loin, par la Lettonie (40 %), l’Autiche (32 %), l’Estonie (31 %) et la France (28 %). Au Luxembourg, 39 % des répondants ont leurs quatre grands-parents nés à l’étranger.
Pour ce qui est des relations personnelles établies avec des personnes d’autres pays, quatre Européens sur dix ont des amis proches vivant dans un autre pays et près de 30 % d’entre eux ont des amis proches vivant dans leur pays mais originaires d’un autre pays. 27 % des répondants ont des parents proches partis vivre à l’étranger et 8 % d’entre eux ont vécu ou vivent avec un partenaire d’une autre nationalité que la leur. Il ressort de l’analyse socio-démographique des résultats que l’âge et le niveau d’éducation ont une influence importante sur les résultats, les personnes ayant le plus de relations personnelles avec des étrangers étant âgées de 25 à 39 ans et ayant fait des études supérieures.
Sur ce terrain aussi le Luxembourg affiche des résultats qui le distinguent nettement puisque, sur tous ces types de relations personnelles, il est en tête. 72 % des répondants disent ainsi avoir des amis proches vivant dans un autre pays, 69 % ont des amis proches originaires d’un pays étranger, 60 % ont des parents proches vivant à l’étranger et 32 % ont un partenaire d’une nationalité différente de la leur.
Les résultats de l’enquête montrent que 13 % seulement des répondants ont travaillé (ou effectué un stage) pendant au moins trois mois consécutifs dans un pays étranger. Ils sont 10 % à avoir vécu pendant 3 mois consécutifs au moins dans un pays étranger pour des raisons autres que les études ou le travail. Quant à celles et ceux qui ont étudié dans un pays étranger pendant au moins un semestre, ils ne sont que 8 %. 3 % des répondants sont propriétaires dans un autre pays que celui où ils résident.
Au Luxembourg, qui se détache une fois de plus nettement dans cette enquête, les répondants ayant travaillé pendant au moins trois mois consécutifs à l’étranger sont 27 %, tandis que ceux qui sont partis étudier au moins un semestre à l’étranger sont 46 %. Quant à ceux qui sont partis pour des raisons autres que les études ou le travail, ils sont 34 % au Luxembourg. 13 % des répondants sont par ailleurs propriétaires dans un autre pays que le Luxembourg.
36 % des Européens disent manger régulièrement à leur domicile de la nourriture qui est typique d’un autre pays que celui dans lequel ils résident. Ils sont 34 % à suivre l’actualité, y compris culturelle ou sportive, d’un autre pays que le leur. De même, ils sont 34 % à dire parler couramment une autre langue que celle dans laquelle ils étaient interrogés. Enfin, 22 % des répondants passent leurs vacances ou leurs week-ends dans un pays en particulier qui n’est pas celui de leur résidence.
Au Luxembourg, les répondants qui mangent régulièrement des plats typiques d’un autre pays sont 80 %, tandis qu’ils sont 84 % à suivre l’actualité d’un autre pays et 96 % à parler couramment une langue étrangère. 78 % d’entre eux passent régulièrement leurs week-ends et/ou vacances dans un pays précis qui n’est pas leur pays de résidence. Seuls les Pays-Bas approchent de tels chiffres, même si la situation particulière de Malte ou encore des pays baltes expliquent, comme au Luxembourg, que la connaissance d’une langue étrangère soit si répandue.
Interrogés sur la probabilité qu’ils ont de s’installer dans un autre pays dans les dix prochaines années, 66 % des répondants dans l’UE estiment qu’il n’y aucune probabilité que cela n'arrive et 20 % d’entre eux jugent cette éventualité très peu probable. Seuls 11 % l’envisagent. Au Luxembourg, les répondants s’illustraient là encore, derrière la Lettonie (34 %) et la Lituanie (24 %), puisqu’ils étaient 20 % à envisager cette possibilité.
Parmi les répondants qui seraient les plus susceptibles de partir à l’étranger, ils sont 50 % à avoir imaginé le faire dans un autre Etat membre de l’UE, contre 7 % seulement qui ont mentionné un pays européen non membre de l’UE. Pour 36 % des personnes disposées à partir, c’est hors de l’Europe qu’ils se projettent, évoquant pour la plupart les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Un peu plus d’un Européen sur deux ressent un attachement à au moins un autre pays que son pays de résidence. Les pays avec lesquels les répondants ont dit avoir des affinités étaient surtout l’Espagne, la France et l’Italie (citées chacune par 8 % des répondants), l’Allemagne (pour 6 % d’entre eux), les Etats-Unis et le Royaume-Uni (5 % chacun) et enfin l’Autriche (4 %) et la Grèce (3 %).
Les raisons expliquant cet attachement sont diverses. Parmi les explications données, arrivent en tête le temps passé pendant les vacances ou les week-ends dans cet autre pays (30 %), le fait d’y avoir des relations personnelles, c’est-à-dire des amis proches (28 %) ou bien d’y avoir de la famille proche (24 %).
Au Luxembourg, ce sont 84 % des répondants qui disent éprouver un attachement pour un autre pays : la France (40 %) vient en tête, suivie de l’Allemagne (21 %), de l’Italie (14 %) et de l’Espagne (8 %). Pour 52 % des répondants, c’est le fait de passer des vacances dans ces pays qui explique cet attachement, tandis que 50 % et respectivement 41 % d’entre eux évoquent le fait d’y avoir de la famille ou des amis proches.
L’attachement au pays est "très fort" pour 56 % des répondants et "assez fort" pour 37 % d’entre eux. L’attachement à la commune de résidence est "très fort" pour 49 % des répondants et "assez fort" pour 38 % d’entre eux. L’attachement pour la région est à peu près du même ordre, étant "très fort" pour 47 % des répondants et "assez forts" pour 41 % d’entre eux.
Seuls 12 % des Européens éprouvent un attachement "très fort" pour l’UE, même s’ils sont 41 % à faire part d’un attachement assez fort à l’UE. 32 % des répondants se disent peu attachés à l’UE et ils sont 13 % à ne ressentir aucun attachement pour l’UE.
Au Luxembourg, 78 % des répondants disent avoir un attachement très fort ou assez fort à leur commune de résidence, 87 % à la région dans laquelle ils vivent, 92 % à leur pays et enfin, 69 % font état de leur attachement à l’UE. Seuls les répondants italiens ont été plus nombreux (73 %) à faire part de leur attachement à l’UE.
Pour la majorité des Européens, l’identité nationale se caractérise par le fait d’être né dans le pays (49 %), même si maîtriser la langue de ce pays est l’essentiel pour 34 % des répondants. Le fait de se sentir d’une nationalité prime pour 34 % des répondants. Le fait de partager les traditions culturelles du pays et celui d’exercer ses droits, par exemple de vote, sont essentiels pour 33 % des répondants.
Au Luxembourg, le fait d’être né au Grand-Duché est la caractéristique la plus importante pour être Luxembourgeois pour 41 % des répondants, un chiffre qui a connu une hausse de 13 points par rapport au printemps 2009. Les répondants sont à peu près aussi nombreux à juger essentiel le fait de se sentir luxembourgeois (là en revanche, cette opinion est nettement moins partagée qu’en 2009 puisque le taux de répondants ayant répondu de la sorte est descendu de 16 points) ou encore à penser que pour être Luxembourgeois, il importe de partager les traditions culturelles du pays. C’est la maîtrise d’une des langues officielles du pays qui est cependant la caractéristique la plus citée puisque 51 % des répondants l’ont mentionnée.
Pour ce qui est de l’identité européenne, les répondants devaient choisir dans une liste deux éléments leur semblant les plus constitutifs d’une identité européenne. La monnaie unique, l’euro, est cité par 36 % des répondants, suivie par les valeurs démocratiques (32 %), la géographie et une culture commune (22 %), une histoire commune (17 %), un haut degré de protection sociale (13 %) et enfin des symboles comme le drapeau ou l’hymne européens (11 %).
Au Luxembourg, l’euro est cité par 48 % des répondants, ce qui reflète une tendance observée dans tous les pays de la zone euro, à savoir une plus grande importance accordée à la monnaie unique.
40 % des répondants disent que le fait d’être européen leur importe beaucoup personnellement et ils sont encore 18 % à dire que cela leur importe. En revanche, ils sont 25 % à dire que le fait d’être européen ne leur importe pas plus que ça et même 15 % à dire que cela ne leur importe pas du tout.
Au Luxembourg, 74 % des répondants estiment que le fait d’être européen leur importe.