Les changements et les conflits dans les pays arabes, le conflit israélo-palestinien et le futur du service européen d’action extérieure – le SEAE – ont été à l’ordre du jour de la réunion du Conseil du 23 mai 2011, auquel le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a participé pour le Luxembourg. La réunion était présidée par la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton.
Les discussions des ministres ont porté sur la situation actuelle en Lybie. La haute représentante a fait le point sur son déplacement à Benghazi le dimanche, 22 mai, dans le cadre de l’ouverture d’un bureau temporaire de l’Union européenne. La transition politique en Libye, l’aide de l’UE à moyen et long terme, ainsi que la coopération de l’UE avec l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies ont été des sujets du débat. Pour les ministres européens, le régime du colonel Kadhafi a perdu toute légitimité.
Jean Asselborn a souligné qu’il est crucial que les sanctions imposées par l’UE et par les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de Sécurité des Nations unies soient respectées par tous les membres de la communauté internationale en vue de la protection de la population civile et la fin des violences du régime du colonel Kadhafi. Il a approuvé la mise en place de mécanismes pour assurer le financement du Conseil national intérimaire libyen établi à Benghazi, en précisant que ces mécanismes "doivent se baser sur les principes de la transparence, de la bonne gouvernance et de l’état de droit".
À la lumière des événements récents en Syrie, les ministres ont eu un échange de vues sur les sanctions qui ont été imposées au cours de la semaine dernière. Le Conseil a condamné la répression et la violence en Syrie, a appelé le gouvernement syrien à garantir le libre accès à l’aide humanitaire sur son territoire et lui a demandé de respecter les demandes légitimes du peuple syrien.
Quant aux sanctions prises, le Conseil a suspendu les préparations en vue de l’élaboration de nouveaux programmes de coopération bilatérale, ainsi que les programmes de coopération existants. Les ministres ont également imposé de nouvelles restrictions contre des membres des autorités syriennes, y compris au plus haut niveau, puisque le président syrien Bachar al-Assad est dorénavant interdit de visa et le ses avoirs gelés.
En ce qui concerne la situation en Égypte, Jean Asselborn a salué les déclarations du Président des États-Unis d'Amérique du 19 mai 2011, déclarations qui représentent un signal de soutien fort aux aspirations démocratiques du peuple égyptien. Il a souligné que l’UE doit également soutenir le processus de transition en Égypte. En vue des élections présidentielles, "l’Europe devra reconnaître le résultat de ces élections", a averti le ministre.
Jean Asselborn a aussi salué les progrès réalisés en Tunisie dans le domaine de réformes démocratiques.
En ce qui concerne le Bahreïn, le Conseil a dénoncé les condamnations à mort de plusieurs détenus suite aux violences des derniers mois et a exhorté le gouvernement de réinstaurer le moratoire sur la peine de mort, ainsi que de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
Les ministres ont ensuite eu un débat sur ce qui est communément appelé en langue diplomatique le "processus de paix au Proche-Orient". Dans le contexte du discours du président Obama et de la prochaine visite du Premier ministre israélien à Washington, la haute représentante a donné des informations sur ses récentes discussions lors de son déplacement à Washington. Les ministres se sont entretenus notamment sur la question de la réconciliation intra-palestinienne ainsi que sur la position commune de l’UE.
Jean Asselborn a vivement salué les déclarations du président Obama, qui représentent pour lui un signal important à un moment crucial dans les efforts de "faire retourner Israéliens et Palestiniens à la table des négociations". Il s’est dit satisfait des progrès réalisés dans le processus de réconciliation entre les mouvements du Hamas et du Fatah. Néanmoins, il a rappelé que la mise en œuvre de l’accord devra respecter les conditions du Quartette, notamment la renonciation à la violence, la reconnaissance du droit d’existence d’Israël et le respect des accords existants.
Les ministres ont ensuite procédé à un état des lieux de la situation au Soudan et ont fait le point sur le processus de transition vers la création officielle du Sud-Soudan attendue le 9 juillet prochain, à un moment où les confrontations avec le Nord ont repris aux frontières du nouvel Etat. Ils se sont penchés sur les modalités de reconnaissance du nouvel État sud-soudanais et ont examiné comment l’UE peut apporter son soutien. À cette fin, la haute représentante a présenté les travaux en cours sur une stratégie globale de l’UE aux niveaux politique, économique, de la sécurité et du développement. Suite aux échanges de vues, le Conseil a alloué 200 millions d'euros à la coopération au développement avec le Sud-Soudan.
Autre sujet important: les modalités de fonctionnement du Service européen d’action extérieure (SEAE) et de ses différentes structures.
Catherine Ashton a fait le point sur les progrès réalisés à ce stade de l’établissement du SEAE. La coopération entre le SEAE et les ambassades des États membres dans les pays tiers, la coopération avec les présidences tournantes était un des sujets.
Les discussions ont également porté sur les points saillants d’un papier élaboré par les pays membres du Benelux, présenté conjointement par le ministre Asselborn et ses homologues néerlandais et belge.
Ce papier plaide pour l’amélioration de la coordination et des synergies entre le service diplomatique européen et les services diplomatiques des États membres. Cette coopération approfondie devrait se concentrer sur la coopération entre délégations de l’UE dans des pays tiers et les ambassades d’États membres de l’UE, sur un partage et un échange plus systématique d’informations et de rapports entre SEAE et États membres, ou encore sur l’amélioration des procédures de gestion de crises. Jean Asselborn a particulièrement insisté sur la définition des tâches consulaires que les délégations du SEAE pourraient assumer pour des ressortissants d’États membres de l’UE n’ayant pas de représentation dans certains pays tiers.