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Politique étrangère et de défense - Traités et Affaires institutionnelles
Le malaise dans l’UE selon Charles Goerens
02-05-2011


L’eurodéputé libéral luxembourgeois Charles Goerens a évoqué, lors d’une conférence de presse qu’il a convoquée pour le 2 mai 2011, le malaise qui règne dans l’UE et il a fait le tour des événements qui font que, selon lui, "le socle des acquis et des valeurs est touché". En France, le Front national revendique la réintroduction de la peine de mort. En Hongrie, la liberté de la presse continue à être menacée. En Finlande, les Vrais Finnois veulent faire sortir leur pays des engagements de solidarité à l’égard du Portugal pris par les autres Etats membres dans le cadre de la stratégie de sortie de crise. L’immigration économique d'origine nord-africaine est devenue en Italie et en France un enjeu de politique intérieure. Charles Goerens

Pour Charles Goerens, en matière de politique extérieure, l’UE brille par l’inaction de la Haute Représentante Catherine Ashton face à une révolution dans le monde arabe qui revendique ce qui est d’ores et déjà consolidé dans les pays de l’Union : la démocratie, le pluralisme, l’Etat de droit. Dans ce contexte, la Commission communique mal, selon l’eurodéputé, de sorte qu’elle est devenue une partie du problème.

Pour Charles Goerens, ce qui est nouveau dans ce contexte est qu’une politique commune européenne n’est plus assez défendue par les acteurs concernés. Car entretemps, les populistes de différents pays européens ne sont plus dans l’opposition, mais dans les gouvernements. Et les gouvernements, plutôt que de calmer le jeu, ont donc tendance à jeter de l’huile sur le feu. Conséquence : les faits objectifs trouvent de moins en moins leur chemin dans les discours politiques, "au moment même où il faudrait dans l’UE des concepteurs, des faiseurs et des visionnaires".

Car Fukushima et l’évidence de la limitation des ressources du globe imposent aux yeux de l'eurodéputé "un changement de paradigme énergétique", où il s’agit de faire la part de ce qui est nécessaire et de ce qui est possible, et surtout d’éviter de ne pas en faire assez.

L’UE doit être active en Méditerranée et accompagner la révolution dans le monde arabe, même si toute transformation de ce genre ne va pas sans difficulté, et que les problèmes sont renforcés par les flux d’immigrés économiques. Elle ne devrait pas admettre non plus que cette immigration serve de prétexte pour détricoter un processus d’intégration bien avancé, notamment à travers l’acquis de Schengen. Elle devrait plutôt ne pas laisser seuls face aux nouveaux flux migratoires ses Etats membres de la Méditerranée.

L’UE doit aussi mettre fin à sa cacophonie face à la "crise dans l’euro". Pour lui, c’est le discours politique d’Angela Merkel et de Guido Westerwelle qui alimente le discours populiste tenu dans d’autres pays. Ne pas aider les pays en crise coûterait bien plus cher que de les aider, d’autant plus que les garanties données ont jusque là plutôt profité à ceux qui les ont émises. 

Enfin, l’eurodéputé libéral a admis s’être trompé. La création du poste de président stable du Conseil européen n’a pas renforcé la stabilité du Conseil, comme il l'espérait, mais a, selon lui, ajouté à la confusion dans l’UE, déstabilisé l’équilibre institutionnel, affaibli le recours à la méthode communautaire et eu pour effet que l’UE a mis tant de temps pour réagir à la crise de 2008. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est, pour Charles Goerens, coresponsable de cette évolution pour s’être comporté durant son premier mandat "comme un secrétaire général des chefs d’Etat et de gouvernement". Mais, a souligné Charles Goerens, "la Commission européenne peut être sanctionnée par le Parlement européen", si celui-ci devait constater qu’elle ne remplit pas son mandat.       

Charles Goerens a donc émis une conclusion et deux propositions. Sa conclusion est que les actes de désolidarisation qui se multiplient dans les Etats membres de l’UE s’inspirent du discours politique tenu auparavant par certains, comme les dirigeants allemands. Face à cela, est c’est là sa première proposition, on ne peut pas passer à autre chose comme si rien ne s’était passé. La deuxième conclusion de Charles Goerens est que l’UE doit s’accorder un temps de réflexion pour faire le point sur le respect par les Etats membres des engagements pris, et qu’elle ne doit prendre de nouvelles grandes décisions qu’après la fin d’une telle période de réflexion, où tout le monde s’engagerait "à ne pas saboter l’UE", comme la Hongrie le fait selon lui actuellement, et ne pas se servir de l’élargissement pour diluer l’intégration européenne.