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Economie, finances et monnaie
La balance courante du Luxembourg en 2010 : le Statec constate un excédent record pour les échanges internationaux de services
Avec près de 32 milliards d’euros de services financiers exportés en 2010, le Luxembourg pèse pour plus de 30 % dans les exportations totales de services financiers de l’UE
31-05-2011


Le STATEC vient de publier le Bulletin 1/2011 décrivant les principales évolutions des échanges économiques extérieurs du Luxembourg en 2010. Il insiste beaucoup sur l’excédent record pour les échanges internationaux des services. 

STATECIl constate que dans un contexte de reprise des échanges extérieurs de biens et services, la balance courante du Luxembourg se solde en 2010 par un excédent de 3.3 milliards d’euros, un surplus en progression de quelque 650 millions par rapport à 2009.

Tant les exportations de biens (14 %) que de services (19 %) connaissent une augmentation marquée par rapport à 2009, mais avec des effets opposés sur le solde courant. En effet, alors que le déficit structurel des opérations sur biens se creuse de manière significative en passant de 3.1 milliards d’euros en 2009 à presque 4 milliards en 2010, le surplus dégagé par les services s’établit en 2010 à un niveau record de 22.8 milliards, après 17.9 milliards en 2009.

Aggravation du déficit de la balance commerciale

La reprise du commerce extérieur de marchandises en 2010 est appréciable par rapport aux résultats de 2009, mais les échanges restent encore largement en-dessous des niveaux d’avant crise. Ainsi les exportations de marchandises de 2010, reprises dans la balance des paiements, restent en-deçà des exportations de 2006 de quelque 500 millions d’euros et l’écart avec 2008 se chiffre à 1.9 milliard, de sorte que les exportations de 2010 ne représentent que 87 % de celles de 2008. Notamment sous l’effet de la hausse en valeur de la facture énergétique (23 %) et des matières brutes non comestibles (44%), les importations de marchandises reprises dans la balance des paiements augmentent plus rapidement en 2010 que les exportations (17 % contre 14 %), accentuant de la sorte l’aggravation du déficit commercial.

Par ailleurs, sans l’apport positif de l’avitaillement (provisions de bord) et des opérations sur or non-monétaire, le déficit des biens se chiffre en 2010 à 4.9 milliards d’euros, après 4.2 milliards en 2009, avec un taux de couverture pratiquement stable sur les deux années de 68 %.

La dimension européenne de la balance commerciale

Parmi les 10 principaux pays destinataires des expéditions de marchandises (hors provisions de bord et or non-monétaire) en 2010, 9 pays font partie de l’Union européenne, qui pèse pour 84 % dans les exportations totales de biens. Plus des deux tiers des exportations vers l’UE sont absorbées par les pays limitrophes du Luxembourg, qui représentent en 2010 près de 58 % du volume total des expéditions de marchandises.

L’Allemagne est le pays qui capte le volume le plus important d’exportations de biens, avec une part relative de près de 29 % ainsi qu’une progression moyenne de 3.4 % par année entre 2002 et 2010.

Les exportations à destination de la Belgique affichent une croissance similaire à celle des exportations destinées à l’Allemagne, avec 2.9 % en moyenne par année, mais leur part relative de 12.6 % ne les place qu’en troisième position, derrière les expéditions vers la France. Celles-ci sont certes en baisse sur les huit dernières années (-0.4 % en moyenne annuelle), mais ont néanmoins réussi à maintenir leur deuxième place avec un poids de 16.5 % dans le total des exportations.

Excédent record des échanges internationaux de services

Sous l’impulsion d’une hausse impressionnante des échanges extérieurs de services financiers (28 % pour les exportations et 22 % pour les importations), la balance du commerce international de services connaît en 2010 une augmentation de quelque 4.8 milliards d’euros pour se solder par un excédent record de 22.8 milliards. La contribution des services financiers à ce solde s’élève à 16.7 milliards d’euros, alors que les services non-financiers y contribuent à hauteur de 6.1 milliards, notamment sous l’effet de la dynamique du transport aérien de marchandises, de l’assurance-vie et du négoce international de marchandises.

Contrairement aux exportations de marchandises, où le niveau en valeur des transactions n’a pas encore atteint les niveaux d’avant crise, il en est autrement pour les exportations de services: tant les services financiers que les services non-financiers affichent en 2010 un nouveau record. En effet, les exportations de services financiers totalisent 31.9 milliards d’euros en 2010 et dépassent ainsi l’ancienne valeur record de 2007 qui s’élevait à 31.4 milliards, alors que les services non-financiers vendus à l’étranger s’établissent en 2010 à 19 milliards d’euros contre 18.2 milliards notés pour 2008.

Le poids du Luxembourg dans l’exportation des services financiers dans l’UE : l’écart avec le leader Royaume Uni se réduit 

Avec près de 32 milliards d’euros de services financiers exportés en 2010, le Luxembourg pèse pour plus de 30 % dans les exportations totales de services financiers de l’UE. En l’espace de 8 ans, le Luxembourg a réussi à considérablement réduire l’écart qui le sépare du Royaume-Uni, écart passant de plus de 25 points de pourcentage en 2002 à seulement 5 pp en 2010. Entre 2002 et 2010, les exportations de services financiers du Luxembourg progressent en moyenne deux fois plus rapidement par année que les exportations anglaises (12 % contre 5 %) et l’évolution récente renforce cette tendance (hausse de 25 % des exportations de services financiers du Luxembourg en 2010, baisse de près de 3 % pour celles du Royaume-Uni).

Plus de 65 % des services financiers exportés en Union européenne le sont à partir du Royaume-Uni et du Luxembourg, cette part monte à plus de 90 % si l’on prend en compte les dix principaux pays.

En raison de la petite taille du Luxembourg et de l’ampleur de son "industrie" des fonds d’investissement (première place en Europe et deuxième au niveau mondial), les services financiers représentent en 2010 près de 63 % de l’ensemble des services exportés par le pays.

Aucun autre pays de l’UE n’affiche une aussi forte prépondérance des services financiers dans la balance des services. A l’exception de Chypre (28 %) et du Royaume-Uni (20.6 %), cette part relative reste sensiblement inférieure à 10 % dans les autres pays européens.

Autres éléments de la balance des paiements

Le déficit structurel de la rémunération des salariés continue son aggravation et passe en 2010 à 6.6 milliards d’euros contre 6.4 milliards une année plus tôt, ce qui est avant tout lié à un marché du travail transfrontalier.

Le solde négatif du revenu des investissements connaît en 2010 une dégradation notable de 3.4 milliards d’euros pour s’établir à 8.2 milliards.

La hausse des assignations de bénéfices réinvestis aux investisseurs directs non-résidents, de même que la réduction de la marge sur intérêts des établissements de crédit résidents sont les facteurs explicatifs majeurs de cette évolution.

Enfin, on note une résorption du solde négatif laissé par les transferts courants, notamment en raison d’une réduction des transferts nets de la BCL à la Banque centrale européenne (BCE) en relation avec le revenu monétaire.

Le Luxembourg atypique dans la comparaison internationale

Dans ce contexte, plus que jamais l’excédent des exportations nettes de services efface les déficits des autres soldes partiels de la balance des paiements et s’impose ainsi comme seul garant du surplus courant qui représente en 2010 quelque 7.8 % du PIB.

La prédominance (toujours croissante) des exportations de services en général et des services financiers en particulier dans le total des échanges extérieurs de biens et services du Luxembourg est loin d’être typique dans la comparaison internationale.

Alors qu’au niveau mondial, la part des opérations sur marchandises oscille autour de 80 % durant la dernière décennie, il faut signaler qu’au Luxembourg, l’importance en termes relatifs des exportations de marchandises dans le total des exportations de biens et services ne cesse de diminuer de façon continue. Alors que le poids relatif des marchandises affichait 32 % en 2002, il ne cesse de céder en importance au fil des années pour ne plus s’élever qu’à 21 % en 2010.

L’intérêt de l’UE pour la balance des paiements

Dans le bulletin, les auteurs expliquent que « jusque dans un passé récent, les organisations européennes se sont primordialement intéressé aux chiffres "balance des paiements" émanant des Etats membres pour compiler les agrégats macroéconomiques de la zone euro respectivement de l’ensemble de l’Union européenne (UE). Mais, remarquent les auteurs du bulletin, "la crise financière et économique a mis en lumière des déséquilibres macroéconomiques importants entre les Etats membres qui se sont avérés extrêmement préjudiciables pour l’UE" et aussi "que la surveillance financière en place n’a pas permis d’anticiper l’évolution macro-prudentielle défavorable".

Pour remédier à cela, la surveillance économique a été élargie « pour déceler et corriger rapidement les déséquilibres macroéconomiques dans le but "d’éviter des ajustements économiques difficiles". Un Comité européen du risque systémique (CERS) a été créé "qui a notamment pour mission de surveiller et d’évaluer le risque systémique en temps "normal"  et détermine les informations nécessaires à l’accomplissement de ses missions. La Commission européenne – en collaboration avec le LIME (Lisbon methodology working group) - a proposé un tableau de bord reprenant des indicateurs macro-économiques qui complètent ceux élaborés par le CERS.

Dans ce contexte, une importance accrue est accordée par les autorités européennes aux chiffres nationaux de la balance des paiements, et tout particulièrement au solde des opérations courantes avec l’étranger.

La position européenne du Luxembourg en termes de solde courant annuel

Au Luxembourg, le solde courant annuel, exprimé en pourcentage du PIB, dépasse chaque année - et ce depuis 1995 - la barre des 5 %, en oscillant entre 5 et 13 %. Pour 2010, c’étaient 7,8 %.

Depuis 2006, des résultats similaires à ceux du Luxembourg sont enregistrés pour l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède.

A l’opposé, pour d’autres pays de l’UE et plus particulièrement pour la Grèce, le Portugal, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, on note depuis une dizaine d’années des déficits persistants dépassant les 5 %, avec de surcroît une tendance à l’aggravation.

Il est à noter que tant les déficits que les surplus persistants des opérations courantes avec l’étranger pourraient être source de déséquilibres internes.

En effet, certains experts, analysant les déséquilibres des échanges commerciaux à l’intérieur de l’Union économique, parlent "d’évolutions croisées, le niveau des déficits (des uns) semblant correspondre à celui des excédents (des autres pays membres)", et – toujours dans le contexte des déséquilibres macroéconomiques internes - "plaident pour une mise sous contrôle de la politique fiscale des Etats membres de l’Union économique et monétaire"..