Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
L’Europe en crise et comment en sortir selon Déi Lénk
24-06-2011


déi LénkLe parti de gauche "Déi Lénk" s’est adressé à la presse le 24 juin 2011 pour présenter son analyse de la crise que traverse actuellement l’UE, sous l’angle de ses causes profondes, des "dérives de la politique de l’UE", de la question de la démocratie, - actuellement bafouée selon Déi Lénk -, et des alternatives proposées par le parti de gauche luxembourgeois et ses homologues en Europe. 

Les causes profondes de la crise financière et sociale

André Hoffmann, Déi Lénk, 24 juin 2011Le député André Hoffmann a dressé le constat que "l’Europe est malade", mais qu’il ne peut y avoir de "thérapie sans diagnostic". Pour lui, "la tendance lourde des dernières décennies est surtout celle d’un renversement dans la répartition des richesses et la régression de la part des salaires dans la valeur ajoutée, passée en 20 ans de 70 % à 60 %". Plus d’inégalités, moins de pouvoir d’achat, moins de demande. De ce fait, les investissements productifs sont devenus moins intéressants que "les placements sur les marchés financiers en quête d’une rentabilité maximale", et ce dans un contexte "de dérégulation mondialisée, de délocalisations ou de menaces de délocalisations, de liberté de circulation des capitaux, d’invention de produits financiers toujours plus sophistiqués et opaques" qui "sont à la fois à l’origine des ces tendances et les ont renforcées". Les emplois sont sous pression, le droit du travail est entamé. Et pourtant, la bulle financière a fini par éclater. Bref, pour le député de gauche, "la raison profonde de la crise réside donc à la fois dans la dérégulation systématique et la croissance des inégalités."

C’est ici qu’intervient la critique de la politique de l’UE. Déi Lénk lui reproche de miser sur le "dogme de la 'concurrence libre et bon faussée'", sur la déréglementation, le dumping social et fiscal. Elle critique encore le fait d’avoir créé une BCE qui ne fait que combattre l’inflation, qui n’est pas soumise à un contrôle démocratique ainsi que la pratique très unilatérale d’un "pacte de stabilité" affaiblissant les finances publiques et contribuant ainsi à l’accroissement des inégalités. Car, pour André Hoffmann, la concurrence entre les systèmes fiscaux des Etats membres saigne les budgets, réduit la justice fiscale, enrichit les riches et contribue aux faux "investissements" financiers. Le taux d’imposition moyen des entreprises dans l’UE est passé selon lui en dix ans de 37 % à 26 %, et les Grecs ont été champions en la matière, passant de 46 à 25 %, tandis que le taux marginal d’imposition des revenus est passé en moyenne de 47 % à 37 %, avec certains nouveaux Etats membres pratiquant des flat rates. En 2007, souligne André Hoffmann, la situation budgétaire de la plupart des Etats membres était saine. Ce n’est plus le cas. Et il impute ce développement au contexte actuel.

"La dérive de la politique économique et financière de l'Europe" selon Tun Jost

Tun Jost, Déi Lénk, 24 juin 2011Pour le militant Tun Jost, les efforts en cours dans l’UE pour traiter la crise « servent en premier lieu à sauver les banques du Nord fortement exposés à la dette souveraine » de l’Irlande, du Portugal, de l’Espagne et de la Grèce. "La pression terrible exercée notamment sur Grèce (…) fait croître la dette souveraine par automatisme, fait augmenter la récession par l'austérité et fait baisser le pouvoir d'achat des ménages." Selon Tun Jost, "le pays ne pourra jamais rembourser ses dettes souveraines sous les conditions du marché."  Mais il faut tout faire pour éviter la cessation de paiement de la Grèce dont les banques auraient à pâtir. C’est le seul enjeu des tergiversations sur l’implication, obligatoire ou volontaire, du secteur privé. Pour le militant de gauche,  l'argumentation de Jean-Claude Juncker en faveur d’une implication volontaire "témoigne de la soumission de la politique aux menaces des agences de notation américaines, qui menacent de classer toute initiative contraignante envers les banques comme 'événement de crédit'."

Selon David Wagner, la crise met en question la démocratie

David Wagner, Déi Lénk, 24 juin 2011"Dès que l’on sort de la pensée unique, on se fait taxer de populisme", critique David Wagner, pour qui la crise met en danger la démocratie, voire la souveraineté des Etats. "Les accords entre le FMI et le gouvernement grec passés en 2010 n'ont pas été approuvés par le parlement", pense-t-il. Et le FMI n’est pas non plus une institution démocratique à ses yeux, puisque le pouvoir de décision au FMI est distribué en fonction de la quote-part versée par les pays membres au moment de leur adhésion. L’agence de privatisation supervisée par la Commission, le FMI et la BCE  prendra en charge les privatisations grecques. Gouvernement et opposition sont sommés de "s'accorder" sur les mesures imposées. "Ce ne sont plus les fusils et les bottes des Colonels de la dictature (allusion à la dictature militaire grecque entre 1967 et 1973, n.d.l.r.), mais les marchés financiers qui disent ce qu'il faut faire." Pour David Wagner, une sorte de putsch institutionnel est en cours en Europe. Ses inquiétudes sont partagées par des gens d’autres bords, et de citer un projet de résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe sur les " mesures d’austérité – un danger pour la démocratie et les droits sociaux" cosignée par le député luxembourgeois CSV Marc Spautz. Pour Déi Lénk, les agences de notation "sont les nouveaux colonels". La Slovénie, qui vient de décider par voie de référendum, donc souverainement, de ne pas augmenter l'âge de départ à la retraite, a été menacée, explique David Wagner, de dévaluation par ces agences. "La souveraineté a été ôtée aux peuples et donnée aux financiers."

Pour Murray Smith, une autre politique est nécessaire

Pour cet autre militant, "les contre-réformes en cours contre les systèmes de protection sociale et des salaires ont suscité des résistances" chez les jeunes et les salariés un peu partout en Europe, mais surtout en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne, en Italie, en Slovénie et avant tout en Grèce. Mais au-delà de la résistance, il faut rebondir avec des propositions. L’objectif essentiel est pour Déi Lénk de briser la capacité des marchés financiers à dicter leur loi aux pouvoirs publics, un fait nouveau qui a pris de l’ampleur en 30 ans. Pour cela ils pensent que le rôle de la BCE et des banques centrales nationales doit changer. Responsables devant les gouvernements élus, elles devraient servir "à financer les projets qui favorisent l’emploi, les infrastructures, etc. dans le respect de l’environnement". Leur rôle serait d’assurer des crédits à l’économie productive, c’est-à-dire, pour Déi Lénk, celle dont les produits satisfont les besoins réels des personnes. La progressivité de l’impôt devrait être rétablie pour les sociétés et les particuliers. Le contrôle financier devrait être renforcé, les banques de dépôts et les banques d’investissements séparées, les mouvements de capitaux devraient être contrôlés et les opérations spéculatrices et déstabilisatrices interdites. Finalement, dans chaque pays endetté un moratoire du paiement devrait être déclaré et un audit de la dette devrait être mené pour déterminer les dettes légitimes, et donc à rembourser, et celles qui découlent de la spéculation, qu’il faudrait refuser de rembourser.

Le but de Déi Lénk dans le contrôle de la crise : mener "une politique sociale, une politique dans l’intérêt des citoyens, une politique centrée sur la production des biens et la fourniture de services socialement utiles et nécessaires."