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Economie, finances et monnaie
L’ADR propose sa manière de sortir de la crise grecque
17-06-2011


"Même si au niveau de la Chambre, les députés sont informés sur son déroulement par les ministres et que des débats ont eu lieu, les partis politiques n’affichent pas des positions claires sur la crise de la dette souveraine grecque. L’ADR a discuté du problème et est arrivé à des conclusions et va donc prendre position." C’est ce que le député ADR Gast Gibéryen a dit le 17 juin 2011 en guise d’introduction lors d’une conférence de presse au cours de laquelle le secrétaire général, Roy Reding, a établi le diagnostic de son parti, tandis que  le député Jacques-Yves Henckes formulait les propositions de sortie de crise.

Le diagnostic selon Roy Reding

Roy Reding, SG de l'ADR, conférence de presse sur la crise grecque, 17 juin 2011Pour Roy Reding, l’UE s’est élargie trop vite. Et les mesures discutées par les ministres des Finances européens risquent très vite de "transformer la tragédie grecque en tragédie européenne". L’ADR, a t-il insisté pour cadrer ses propos, est "pour l’Europe et l’euro". Et c’est pourquoi il aurait préféré que les critères de Maastricht – 3 % maximum de déficit budgétaire, 60 % maximum par rapport au PIB annuel de dette publique - eussent été respectés dès le début. Ce qui ne s’est pas fait pour la Grèce qui a adhéré in extremis à l’euro.

La fraude sur les statistiques, sur les chiffres concernant les dépenses militaires, les excédents des systèmes de sécurité sociale ou encore les dépenses pour les salaires de la fonction publique étaient, selon Roy Reding, connus depuis longtemps. La dette a au contraire continué à croître. "A aucun moment, la Grèce n’a rempli les critères d’adhésion à l’euro", a lancé le secrétaire général. Alors que la crise dure depuis un an et demi, rien n’a, selon lui, été mis en ordre. A ses yeux, la Grèce a continué à tricher au vu et au su de tout le monde, tandis que la législation européenne a été violée pour l’aider. La BCE a racheté une part des dettes, alors que ce n’est pas son rôle selon le traité européen. Les Etats sont mis sous tutelle. On veut créer un ministre européen des Finances. L’ADR ne veut pas d’une telle évolution. "La bureaucratie européenne est là pour appliquer les traités européens. Mais il ne faut pas lui céder une once de compétences de plus. On voit où cela mène!", a lancé Roy Reding.

De toute façon, la crise coûtera cher au contribuable, aujourd’hui ou demain, pense le secrétaire général de l’ADR. 230 milliards sont en train de s’engloutir dans un tonneau sans fond. Pour éviter que "la tragédie grecque ne devienne une tragédie européenne", "pour éviter une guerre civile là-bas", "pour sauver la zone euro et l’idée européenne", il faut une solution.

La sortie de crise selon Jacques-Yves Henckes

Jacques-Yves Henckes (ADR), conférence de presse sur la crise grecque, 17 juin 2011Jacques-Yves Henckes a fait le tour des options.

La première option : faire comme en 2010, c’est-à-dire que l’UE prête à la Grèce, et le remboursement met à contribution citoyens et entreprises grecques, au point de les saigner à blanc. Option écartée par l’ADR.

La deuxième option : continuer l’intégration européenne et donner encore plus de pouvoirs à l’UE, comme si l’UE était les Etats-Unis d’Amérique. Mais l’UE et les USA, ce n’est pas la même chose. Option écartée.

Troisième option : déclarer la faillite de la Grèce ; une idée de gauche qui met avant tout à contribution le capital, ce qui ne manquera pas de déclencher de nouvelles difficultés. Option écartée.

Quatrième option : la Grèce sort de la zone euro ; elle dévalue, mais sa dette reste fixée en euros, et double de fait, impossible à rembourser. Option écartée.

Cinquième option : le "haircut", où les créanciers de la Grèce renoncent à une partie de leur mise, de 30 % à 40 %.

Sixième option : la maturation, où les créanciers prolongent le remboursement de la dette au-delà de l’échéance prévue.

Septième option : un mix entre haircut et maturation à condition que la Grèce sorte de l’euro. A discuter.

Pour l’ADR, il n’est pas tolérable qu’au cours de la crise, l’on ait assisté à une privatisation des profits et une nationalisation des pertes. Sous cet angle, l’ADR propose d’aller dans le sens de la septième option : un haircut qui oblige aussi les créanciers privés, "hedge funds" compris, à renoncer à une partie significative de leurs exigences, un allongement de la durée de remboursement, le tout assorti d’un versement unique destiné à aider les banques grecques à surmonter les impasses de liquidité. Mais tout cela devrait se faire à condition que la Grèce sorte de la zone euro, ce qui serait possible aux yeux de l'ADR  du fait que 65 % de ses échanges s’effectuent avec des pays qui n’appartiennent pas à la zone euro, ce qui la distingue entre tous les autres Etats membres.

La recette de l’ADR selon Gast Gibéryen : permettre à la Grèce de se retirer de la zone euro, de respirer et de refonder son économie 

Gast Giberyen (ADR), conférence de presse sur la crise grecque, 17 juin 2011Pour Gast Gibéryen, agir ainsi serait conforme à l’idée de solidarité européenne, bon pour la Grèce et bon pour tous. L’aide de 110 milliards accordée sur 3 ans ne serait pas remise en cause. La solution proposée par l’ADR a selon lui déjà été pratiquée par le FMI vis-à-vis d’autres pays endettés. Demander à la Grèce de rembourser à 100 %, "c’est comme arracher un gant à un nu". D’où la nécessité de diminuer la dette par des renoncements et des baisses de taux qui doivent être discutées. Sinon, l’on poussera les Grecs à la fraude fiscale, à l’évasion des capitaux, aux règlements au comptant dans des économies parallèles comme le fait d’ores et déjà, selon Gast Gibéryen, la politique actuellement en vigueur. La recette de l’ADR : permettre à la Grèce de se retirer de la zone euro, de respirer et de refonder son économie.