L’Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, devrait être présidé par le commissaire européen aux Affaires économiques, en l’occurrence Olli Rehn, a estimé le 14 septembre 2011 la vice-présidente de la Commission Viviane Reding, qui a également proposé que la France et l’Allemagne mutualisent leurs émissions de dette.
Dans un discours à Sciences Po à Paris sur "la crise vue comme une chance" où elle abordait l’idée d’un "nouveau plan Schuman", la commissaire européenne à la Justice a jugé que la crise devait être "l'occasion pour l'Europe de se renforcer et d'aller plus loin (...) vers plus de gouvernance de ses politiques financières et économiques". Et cela serait possible avec « "la fameuse série des propositions dite "six pack" sur la gouvernance économique, initiée par mon collègue Olli Rehn, qui renforcent la coordination budgétaire et prévoient des sanctions crédibles pour ceux qui ne respectent pas les règles." Par ailleurs, "la nouvelle architecture de supervision financière est en place grâce à l'action de Michel Barnier", de sorte qu’il "sera ainsi possible de détecter les risques économiques".
"Osons mettre en place une présidence forte de l'Eurogroupe", a lancé Viviane Reding, proposant que lorsque le poste sera vacant en janvier prochain, "les 17 ministres des Finances de la zone euro mettent à leur tête le commissaire européen en charge des Affaires économiques et monétaires", c'est-à-dire le Finlandais Olli Rehn. Selon elle, "nous pouvons le faire sans changer les traités et perdre des années en discussions". Le mandat de l'actuel président de l'Eurogroupe, le Premier ministre et ministre des Finances luxembourgeois Jean-Claude Juncker, prend fin en juin 2012. Pour Viviane Reding, un tel président de l’Eurogroupe "aurait comme seule responsabilité la gestion de l'euro, épaulé par les meilleurs experts issus de 27 États, capables de mettre l'intérêt commun de notre devise commune en avant", a insisté la commissaire luxembourgeoise. La Commission européenne serait ainsi le "pilote" de la zone euro tandis que l'Allemagne et la France en seraient le "moteur", a-t-elle estimé.
Pour Viviane Reding, l’UE devra aller "vers plus d'intégration", vers la mise en place de bases de taxation communes, vers la synchronisation des budgets annuels, vers des plans de relance concertés. Elle veut un "nouveau plan Schuman pour la prochaine étape". Ainsi, "pour donner un signal fort, pour lancer une dynamique positive, pour éliminer notre marché des dettes morcelées (véritable handicap pour un continent qui devrait être uni plutôt que fragmenté), la France et l'Allemagne pourraient, par exemple, mettre en commun l'émission de leurs bons du Trésor et leurs autorités de supervision bancaire. Je suis sûre que d'autres pays 'triple A' suivraient le mouvement."
La vision de l’Europe à l’horizon de 2020 de Viviane Reding est celle d’une "Europe de la démocratie qui se base sur la méthode communautaire et non sur l'inter-gouvernementalisme où quelques uns décident pour tous", une Europe qui sera muée "en une vraie Confédération européenne" qui "reflète la diversité culturelle et linguistique de ses membres".