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Marché intérieur - Opinion
Eurobaromètre sur le marché unique : la méfiance des citoyens européens s’accroît
26-09-2011


Eurobarometre-cover-2011L’enquête Eurobaromètre rendue publique le lundi 26 septembre 2011, s’articule autour de l’intérêt des citoyens européens pour le marché intérieur et leur connaissance de ses mécanismes à partir d’un grand nombre de domaines qui ont un lien avec le marché intérieur. L’objectif est de comprendre le contexte et l’opinion des citoyens au sein de l’Union européenne afin que celle-ci puisse ensuite orienter et adapter ses mesures politiques futures.

Au total près de 26.836 citoyens européens âgés de 15 ou plus ont été interviewés, dont 503 résidents du Luxembourg, pendant la période du 9 février au 11 mars 2011 dans les 27 États membres que compte l’UE. Les thèmes abordés par l’Eurobaromètre sont nombreux et divers et font souvent référence à des sondages Eurobaromètre de 2009 sur le marché unique.

L’une des premières tendances dont fait état l’enquête, est une méfiance accrue de l’opinion publique européenne par rapport au marché intérieur européen. Cette méfiance confirme la tendance annoncée par les Eurobaromètres de 2009.

Les résultats des sondages effectués au Luxembourg indiquent un attachement fort et généralisé à l’Union européenne et à son marché intérieur. Néanmoins, tout comme la tendance générale, les positions pro-européennes sont en diminution par rapport à 2009.

La crise que traverse actuellement l’Union européenne est certainement un facteur déterminant de cette recrudescence de l’Euroscepticisme.

Une méconnaissance de l’opinion publique en ce qui concerne le marché intérieur

Lorsque l’on évoque les perceptions du marché intérieur européen, seulement 26 % des Européens interrogés le mettent en relation avec les échanges au sein de l’Union.

Un peu plus d’un tiers des personnes interrogées (35 %), n’ont pas été en mesure d’exprimer une opinion quant au marché européen.

Les quatre libertés fondamentales qui sont les pierres angulaires du marché intérieur de l’UE – libre circulation des personnes, des capitaux, des biens et marchandises et des services - sont elles aussi évoqués dans 19 % des cas, lorsqu’il s’agit de donner une réponse sur la perception de ce même marché.

La libre circulation des biens et marchandises est la plus citée (13 %) parmi les quatre libertés, qui additionnées, réunissent le 19 % des réponses.

Les Eurobaromètres précédents ont dégagé que les Luxembourgeois font preuve d’un attachement fort envers l’Union et ils n’ont pas failli à cette tradition car lorsqu’ils ont répondu, ils ont été 39 % à parler d’une des quatre libertés fondamentales dans l’UE.

Cela les place en première partie du tableau avec les Chypriotes et les Néerlandais. Parmi les Luxembourgeois interrogés, seulement 2 % émettaient une association négative par rapport à l’UE contrairement aux citoyens français qui ont suggéré une association négative dans 15 % des cas.

Une méfiance accrue à l’égard du marché intérieur dans la continuité de l’Eurobaromètre de 2009 de la part des Européens

Les chiffres montrent que dans l’ensemble, la confiance et l’opinion des Européens vis-à-vis du marché intérieur s’est dégradée. Malgré le fait que 74 % (en 2009, 81 %) sont d’avis que le marché européen leur permet d’accéder à une plus grande diversité de produits, 62 % pensent que le marché ne profite qu’aux grandes entreprises (55 % en 2009). 58 % des citoyens européens contre 50 % en 2009 croient le marché intérieur de l’UE a conduit à ce que leur pays d’origine soit submergé par une main d’œuvre bon marché,. Les Luxembourgeois se trouvent en deçà de cette moyenne européenne avec 49 %, malgré la très grande migration professionnelle transfrontalière.

Trop d’États dans l’Union

L’enquête révèle aussi que 55 % des Européens pensent que trop d’Etats font partie du marché intérieur. 46 % des citoyens européens ne sont cependant pas d’accord avec l’idée que le marché intérieur européen constituerait une menace contre l’identité nationale et culturelle. Le Luxembourg encore une fois se distingue par son attachement au marché intérieur, avec 63 % de résidents qui ne sont pas d’accord avec cette affirmation.

Seulement 39 % des citoyens pensent que le marché intérieur a augmenté leur niveau de vie. Au Luxembourg, 54 % des citoyens sont d’accord avec cette idée et 46 % ne le sont pas. L’on remarque clairement une divergence d’opinion dans la population.

Le niveau d’étude a une influence sur les opinions

Un indice intéressant que révèle l’enquête est que le niveau d’étude influe clairement sur la méfiance vis-à-vis du marché intérieur européen. En effet 60 % des personnes qui ont quitté avec 20 ans ou plus les études, s’accordent à dire que le marché intérieur apporte des bénéfices. Ce chiffre diminue jusqu’à atteindre les 42 % pour la catégorie des personnes qui ont quitté l’éducation avec 15 ans ou moins. Par ailleurs, le niveau d’étude influe sur la conviction que le marché intérieur facilite l’arrivée d’une main d’œuvre bon marché externe sur les marchés du travail nationaux. Les personnes ayant eu une éducation jusqu’à 20 ans ou plus ne sont que 50 % à y croire, tandis que dans la catégorie de 15 ans et moins 63 % en sont convaincus.

 De manière générale, plus les personnes sont mieux informées sur le marché intérieur, plus elles sont susceptibles d’avoir une impression positive de celui-ci.

Le Luxembourg se démarque en ce qui concerne la libre circulation des travailleurs

En Europe, 90 % des citoyens disent n’avoir jamais travaillé ailleurs que dans leur propre pays d’origine. Seulement 3 % travaillent actuellement réellement dans un autre état membre et 7 % l’ont déjà fait. Le Luxembourg évidemment, de par sa situation géographique et économique très particulière, se démarque très clairement avec 35 % des personnes qui travaillent ou qui ont travaillé dans un autre État membre.

Un manque d’intérêt à migrer pour des raisons professionnelles vers un autre État membre

Quant à la question de savoir si les citoyens européens entrevoient la possibilité de travailler dans un autre État membre, 53 % des personnes répondent négativement par manque d’intérêt. Seulement 28 % trouvent l’idée attrayante et 15 % trouvent que trop d’obstacles les en empêchent.

Étrangement, malgré la grande proportion de personnes ayant déjà travaillé dans un autre État membre, 65 % des résidents luxembourgeois ne se disent pas intéressés par un travail dans un autre État membre. Les pays nordiques tels que la Suède ou bien encore la Finlande sont les plus enclins a trouvé l’idée intéressante. L’âge a une incidence majeure dans l’intérêt  qu’éprouvent les citoyens européens  à l’égard d’un éventuel départ vers un autre État membre afin d’y travailler. Dans la tranche d’âge allant de 15 à 24 ans, 54 % se disent intéressés par l’expérience tandis qu’au dessus de 55 ans, seulement 10 % y voient un intérêt.

La barrière de la langue pour l’Europe; la sécurité sociale et le régime fiscale  pour le Luxembourg

Les raisons principales pour ne pas aller travailler dans un autre État membre sont avec 39 %, la barrière de la langue. Ensuite viennent des considérations d’ordre familial pour 23 % des citoyens. Ici, rien n’a changé sur le fond depuis 2009.

Pour l’’inquiétude quant au niveau de la couverture sociale dans un autre État membre et l’incidence fiscale que peut avoir un changement d’État membre, les réponses luxembourgeoises se démarquent des autres citoyens des États membres. Ils ont en effet le pourcentage le plus élevé  dans les deux domaines, avec respectivement 7 % pour les inquiétudes d’ordre sociale et 4 % pour les inquiétudes d’ordre fiscal.

L’enquête s’est intéressée comme en 2009 au pourcentage de personnes qui sont au courant de la libre circulation des médecins et du personnel soignant dans l’UE. Une grande majorité – 69 % -  dit être au courant, mais ce sont 10 % de moins par rapport à 2009. Le Luxembourg dépasse la moyenne européenne avec 84 % de personnes qui sont au courant de cette possibilité pour le corps médical. Cela le situe en 3e position derrière l’Estonie et Chypre.

Le recours aux services de professionnels formés dans un autre État membre

L’Eurobaromètre fait la comparaison  entre l’utilisation des services d’un médecin qui provient d’un autre État membre et d’un coiffeur dans la même situation. À niveau européen, 28 % des personnes disent avoir utilisé sciemment les services d’un médecin d’un autre État membre (61 % répondent par la négative). En ce qui concerne les coiffeurs, le chiffre se situe à 17 % de réponses affirmatives et à 73 % de réponses négatives. La différence s’expliquerait par l’importance relative accordée aux qualifications des deux différentes catégories de professionnels.

 La grande majorité des résidents du Luxembourg ont recours volontairement à des services en provenance d’un autre État membre

À niveau de chaque État membre, les différences sont notables, et le Luxembourg se démarque par le recours de ses résidents aux services des coiffeurs et médecins des autres États membres. Les chiffres font ressortir que 70 % des citoyens luxembourgeois ont volontairement eu recours au service d’un médecin d’un autre État membre. Seul Chypre à un pourcentage plus élevé avec 77 %.En ce qui concerne les coiffeurs, le Luxembourg est en tête avec 53 % des interrogés qui affirment avoir été chez un coiffeur d’un autre État membre volontairement.

Les Européens attachent peu d’importance à la provenance de la formation d’un professionnel au sein de l’UE

Une majorité de citoyens européens ne voient pas d’inconvénient à avoir recours à un médecin formé dans un autre État membre (64 %). Le résultat est comparable avec les coiffeurs avec 76 %.

La qualification d’un médecin dans un autre pays de l’Union ne pose pas d’inconvénient à 75 % des résidents du Luxembourg, et pour les coiffeurs, le chiffre se situe à 92 % d’avis favorables.

Il ressort de l’étude que les personnes ayant un niveau d’étude plus élevé sont plus ouvertes par rapport au lieu de la formation du professionnel.

En effet  seulement 14 % des personnes qui ont étudié jusqu’à 20 ans ou plus sont d’avis qu’un médecin aurait dû faire sa formation dans son pays d’origine. Pour les personnes ayant jusqu’à 15 ans, le pourcentage baisse à 11%, ce qui dénote une certaine intolérance envers les personnes ayant reçu une formation à l’étranger.

Des lacunes qui concernent les sources d’informations des citoyens européens par rapport à leurs droits dans l’UE

Il ressort de l’étude que les citoyens des États membres ont une connaissance limitée des sources d’informations publiques sur leurs droits dans l’UE. Parmi les sources d’information les plus utilisées se trouvent en tête la famille, les amis et les collègues avec 21 %, suivis par le site officiel de l’UE et les services d’assistance nationaux avec 17 %. D’autre part, 10 % des personnes ne sauraient pas où trouver ces informations à propos de leurs droits dans l’UE. Les principaux critères qui ont une influence positive sur une plus grande facilité à trouver ces informations sont: un niveau d’études supérieur et l’usage d’Internet.

L’Eurobaromètre souligne aussi qu’il existe 5 principales sources (organisation représentative, système juridique national, Ombudsman national, administration nationale et les institutions européennes) d’aide dans le domaine des droits dans l’Union. Mais aussi et surtout, 16 % des citoyens disent ne pas connaître de sources d’aide à ce niveau. Le Luxembourg (5 %) fait partie des quelques pays qui font référence à SOLVIT pour résoudre des problèmes avec leurs droits dans l’Union.

L’utilisation au quotidien des droits individuels dans l’UE, une pratique bien mieux maitrisée au Luxembourg qu’ailleurs dans l’Union

L’utilisation de droits individuels a été segmentée en différentes catégories d’activités communes au plus grand nombre. Des questions ont été posées aux personnes concernant les différentes activités afin qu’elles illustrent les difficultés qu’elles rencontrent dans le domaine de l’exercice de leur droits. En Europe, 41% des personnes trouvent que changer de fournisseurs de services (gaz, électricité ou téléphone) est simple. Louer une voiture dans un autre Etat membre est ensuite l’activité la plus facile avec 26 % des personnes qui trouvent cela simple. Les achats par Internet recueillent le même suffrage que la location de voiture. Ce que les citoyens européens trouvent le plus difficile sur l’échelle de la simplicité sont le transfert des droits sociaux vers un autre État membre et la récupération de la TVA dans un autre État membre avec 7 %, ou bien la reconnaissance des diplômes dans un autre État membre avec 8 %.

Les résidents  luxembourgeois ont des facilités à user de leurs droits individuels conférés par l’UE

Les résidents luxembourgeois se démarquent très clairement dans la facilité de l’utilisation de leurs droits individuels tels que la location d’une voiture dans un autre État membre (61 %), des achats via Internet( 51 %), l’obtention d’informations au sujet de leurs droits dans l’Union (39 %), l’achat d’une voiture dans un autre État membre (31 %), l’ouverture d’un compte dans une banque à l’étranger (37 %), l’obtention d’une carte de résidence dans un autre État de l’UE (24 %), la reconnaissance des diplômes universitaires dans un autre pays de l’UE (23 %) ou encore le transfert des droits sociaux vers un autre État (20 %).

Une majorité de citoyens européens est consciente de l’existence de règles communes contre la contrefaçon et le piratage, les résidents luxembourgeois en tête

La contrefaçon et le piratage sont combattus par des règles communes à l’UE. C’est tout du moins ce que 58 % des Européens déclarent. Pourtant en comparant  à l’étude de 2009 où 75 % des Européens déclaraient connaître les règles communes, la baisse est significative.

Les Luxembourgeois déclarent à 77 % être au courant de ces règles communes et seulement 10 % ne seraient pas au courant.

Des achats de marchandise contrefaite, volontaires et généralisés

Dans l’Union, seulement 20 % des citoyens auraient acheté des articles contrefaits sans en avoir eu connaissance avant l’achat. Les produits contrefaits les plus populaires sont les articles et accessoires de mode achetés à raison de 46 % sur le total des marchandises contrefaites de tout types (musique, films, cigarettes, médicaments, jouets, logiciels, pièces détachées automobiles).

Les résidents luxembourgeois sont parmi les plus nombreux à déclarer, à raison de 66 % des personnes interrogées au Luxembourg (avec la France 68 %), que les contrefaçons qu’ils ont pu acheter faisaient partie de la catégorie des accessoires et habillement de mode.

Près de 44 % des Européens trouvent cela acceptable de se procurer de la marchandise contrefaite lorsque l’originale est trop coûteuse. Seulement 12 % des citoyens trouvent cette pratique inacceptable. Lorsque le produit n’est pas disponible dans le pays d’origine, ce sont les résidents luxembourgeois qui sont  le plus en désaccord avec l’achat d’une contrefaçon dans un autre État membre avec seulement 23 % des gens qui trouvent cela justifiés.

Une conscience collective quant aux problèmes liés à la contrefaçon et au piratage

Les Européens sont conscients des problèmes liés à ces trafics de contrefaçons et une majorité (68 %) est totalement d’accord avec le fait que ces pratiques ruinent le marché et éliminent des emplois.

L’Eurobaromètre illustre de manière encore plus précise qu’au sein de l’Union la majorité des citoyens sont conscients des conséquences spécifiques de ces activités illégales :

  • 66 % affirment être d’accord avec le fait que les trafics sont liés à l’exploitation et le trafic d’enfant. Au Luxembourg le pourcentage monte à 81 % ;
  • les marchandises contrefaites sont une menace pour la santé pour 59 % des Européens et 73 % des résidents du Luxembourg ;
  • une minorité d’Européens, 20 %, est d’accord avec le fait que la qualité d’une contrefaçon est identique à l’originale. Le Luxembourg se place encore en-deçà de la moyenne avec 14 % ;

L’importance de la nationalité d’une entreprise dans le cadre d’un contrat public au sein du marché intérieur de l’Union

Le rapport fait état d’une certaine contradiction d’opinion chez les citoyens de l’Union. Plus de deux tiers des citoyens souhaiteraient voir leurs compagnies nationales autorisées à contracter des offres publiques dans n’importe quel endroit du globe, mais seulement 55 % des citoyens sont d’avis que des compagnies étrangères devraient être autorisées à concourir au sein de leur État d’origine.

Une faible majorité (56 %) des Européens est d’avis que l’obtention d’un contrat public devrait être basée sur une sélection dépendant d’une série de différents critères. Le Luxembourg fait partie des États membres où cette idée est la plus soutenue avec 76 % d’opinions favorables.

Seulement une personne sur cinq pense que la nationalité de la compagnie devrait être un facteur déterminant en ce qui concerne l’obtention d’un contrat public. Dans la même logique du choix objectif indépendamment de la nationalité, seulement 11 % des résidents luxembourgeois seraient en faveur de l’obtention de contrat public sur base de la nationalité de la compagnie.

 Le Luxembourg fait partie des pays où l’opinion publique est le moins en faveur de l’idée, qu’une compagnie de son propre pays qui remporte un contrat public est plus importante que les coûts du projet.