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Economie, finances et monnaie
La FEDIL plaide pour une nouvelle politique industrielle au Luxembourg et sur le plan européen
11-10-2011


fedilConférence de presse de rentrée chez la fédération des industriels le 11 octobre 2011. Mais sous des auspices moroses. Les prix des matières premières, le coût salarial élevé, voilà les premiers facteurs évoqués par le président de la FEDIL, Robert Dennewald, et qui grèvent les exportations industrielles et une croissance qui est en train de s’essouffler. L’inflation dépasse celle des voisins, le chômage augmente, celui des jeunes est pour le chef de file des patrons une "véritable tache". Si le coût salarial continue à rester au niveau actuel, voire à augmenter, si la bureaucratie continue à élever autant d’obstacles aux investisseurs, si les réformes des systèmes de pensions n’avancent pas, la désindustrialisation rampante et depuis longtemps dénoncée par la FEDIL qui est en cours – une baisse de 15 à 7 % en 15 ans de la part de l’industrie au PIB – continuera. D’où les propositions de la FEDIL pour une nouvelle politique industrielle.

Croissance en baisse

La présentation de Nicolas Soisson, le directeur de la FEDIL, a évoqué un PIB qui s’essouffle d’ores et déjà en 2011 et qui tend vers les 2 % maximum en 2012, des carnets de commande qui stagnent, y compris dans la construction, qui est un des grands moteurs de l’économie, des services où la situation est différenciée, avec des transports en situation difficile avec l’essoufflement de l’industrie et des TIC stables, mais incertains face aux incertitudes de la place financière.

Inflation en hausse

Avec 3,5 % en 2011, l’inflation est plus forte que chez les voisins et partenaires commerciaux du Luxembourg, et comme l’indexation des salaires et les prix à la consommation sont selon la FEDIL liés, il lui faut faire une proposition lors de la tripartite : une désindexation totale de l’économie, des salaires comme des contrats, pour éviter que l’index ne continue à être un facteur d’inflation.

Les déséquilibres économiques

Les coûts salariaux unitaires au Luxembourg ont augmenté de 35 % en douze ans au Luxembourg, constate la FEDIL, alors qu’ils n’ont augmenté que de 22 % dans la zone euro, de 5 % en Allemagne, de 24 % en France et de 26 % en Belgique, ce qui mine la compétitivité luxembourgeoise selon Nicolas Soisson. Ensuite, alors que le marché du travail croît, le chômage des résidents tourne depuis deux ans autour de 6 %, ce qui est dû à la formation, mais selon le patron des patrons aussi à la motivation des personnes moins qualifiées.

Du côté des finances publiques, les représentants de la FEDIL se montrent inquiets du déficit de plus d’un milliard d’euros pas an depuis 2009, et d’une croissance de 6 % des dépenses budgétaires prévues pour 2012, alors que l’économie ne croîtra que de 2 %. Pour Nicolas Soisson, il n’est pas nécessaire d’aller vers un endettement tournant autour de 18 % du PIB.

Si la part de l’industrie dans l’économie a baissé, pour la FEDIL, c’est dû aux restructurations et aux fermetures dans la sidérurgie, l’imprimerie, la céramique, etc. De plus, la crise de l’après 2008 a frappé d’abord les emplois dans l’industrie.

Les remèdes de la FEDIL

Dans un contexte de croissance en berne, de déséquilibres économiques profonds et de désindustrialisation, la FEDIL veut consolider à court terme l’outil industriel existant, et à long terme, réunir les énergies afin que soit favorisé un développement de "niches de compétence" et que soient attirés de nouveaux investissements industriels. Mais, de l’aveu même de Nicolas Soisson, il est difficile de pouvoir d’ores et déjà déterminer ces niches. "Il faut rester opportunistes", et ne pas miser seulement sur les niches bio et éco et énergies durables qui sont dans toutes les bouches, même s’il ne faut pas exclure des activités dans ces secteurs.

Une réforme du cadre réglementaire

Ce qui compte pour le directeur de la FEDIL, c’est la création d’un cadre national plus général avec plus de forces que de faiblesses pour attirer l’investissement. Et cela passe par une réforme du cadre réglementaire qui se déclinerait par une simplification administrative, notamment des autorisations, qui doivent avancer plus vite qu’elles ne le font actuellement, au risque sinon de voir même des industriels luxembourgeois investir dans d’autres pays de la Grande Région, par plus de flexibilité du marché du travail – les périodes de référence sont ici une revendication récurrente -, par la promotion des métiers techniques et scientifiques – il n’y a pas assez de jeunes qui suivent des filières de techniciens et d’ingénieurs- et le partenariat entreprises-écoles. 

La maîtrise des coûts de production

Un autre souci est la maîtrise des coûts de production. La FEDIL voudrait que les salaires évoluent avec la productivité et restent en ligne avec ceux des pays voisins. Les charges sociales doivent être maintenues à un niveau compétitif. Enfin il faut maîtriser le coût de l’énergie. Ce dernier point est devenu la hantise des industriels, qui redoutent que des concessions européennes sur les mécanismes ETS des droits d’émission de CO2 et des exigences en termes d’énergies renouvelables ne contribuent à une hausse des prix où l’industrie tant luxembourgeoise qu’européenne ne pourrait plus suivre.

Promotion de la RDI et création d’un "Haut comité pour le développement de l’industrie"

Dans ce contexte, la FEDIL propose, dans la ligne de la stratégie Europe 2020, que la recherche le développement et l’innovation (RDI) soient promus dans les entreprises, mais aussi que la chaîne des valeurs de la RDI devienne plus conséquente : soutien à la mise sur le marché de nouveaux produits et services, avec son cortège de validations, homologations et test, que les résultats de la recherche publique soient mieux valorisés et que finalement l’accès au financement des start-ups et des PME soit facilité.

La revalorisation de la politique industrielle est pour la FEDIL une nécessité sur le plan luxembourgeois mais aussi européen. D’où sa proposition que soit créé un "Haut comité pour le développement de l’industrie" qui inclurait des représentants des secteurs public et privé, à l’image de celui qui a été créé pour promouvoir les intérêts de la place financière.