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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker dévoile au Handelsblatt son plan en 10 points contre la crise
12-10-2011


HandelsblattDans une interview donnée au Handelsblatt et publiée le 12 octobre 2011, le Premier ministre et président de l’Eurogroupe a dévoilé les grandes lignes de son plan en dix points contre la crise.  

Le premier point consiste à verser la prochaine tranche d’aide financière à la Grèce, si le rapport de la troïka pense que cela est possible. 

Le deuxième point consiste à s’assurer que la Grèce sera capable de rembourser sa dette. Si ce n’est pas le cas, "nous devons réfléchir à d’autres mesures, que nous ne pourrons décider que quand nous aurons réfléchi à toutes les conséquences de ces mesures pour d’autres qui sont concernées, y compris en dehors de l’Europe."

Le troisième point consiste à continuer de manière stricte la politique des consolidations budgétaires, en appliquant des sanctions automatiques en cas de manquements répétés aux règles agréées entre partenaires.

Le quatrième point est l’établissement d’une feuille de route pour la recapitalisation des banques. Les banques sous-capitalisées devront selon Jean-Claude Juncker essayer dans un premier temps à se refinancer sur les marchés, et en cas d’échec, les Etats devront voir s’ils peuvent aider les manques à disposer du capital nécessaire. Mais dans le cas d’aides publiques, donc avec l’argent du contribuable, les banques devront accorder des contreparties fortes : "Nous devons nous assurer que ceux qui mettent du capital à disposition, sous quelque forme que ce soit, se retrouvent impliqués dans les organes de décision de ces banques, dans le conseil de surveillance, le conseil d'administration, la direction. Et de participer aux bénéfices", a déclaré le Premier ministre. "Si le contribuable paie, le contribuable doit être actionnaire. Les banques doivent transférer une partie de leurs bénéfices au budget. C'est ma vision vieille école des choses", a-t-il ajouté.

Le cinquième point est ml'introduction d'une taxe sur les transactions financières.

Le sixième point est un plan de croissance pour les Etats membres qui ont des économies faibles. Cet argent doit venir des fonds de cohésion, structurels et régionaux de l’UE. Et il faut aider, ces pays en mettant à leur disposition des ressources administratives, à formuler des programmes qui leur permettent d’absorber ces fonds.

Le septième point est qu’il "faut changer de discours sur le cadre budgétaire européen." Il n’est plus possible selon Jean-Claude Juncker de ne parler, quant il s’agit des fonds européens, en termes de pays contributeurs nets et de pays bénéficiaires nets. 

Le huitième point est une régulation forte des marchés financiers.

Le neuvième point est qu’il ne faut plus réagir de manière grégaire aux notations des pays par les agences de notation et avaler tous leurs jugements tels quels.

Et en dernier point, Jean-Claude Juncker prône le gouvernement économique de l’UE. Mais ici, il met un bémol : "L'expérience montre que cela sera principalement un commando français". Or, "coordination de la politique économique ne peut pas vouloir dire: j'atterris à Paris et je roule à l'aveuglette derrière une voiture marquée follow me". Pour Jean-Claude Juncker, cela n’a rien à voir avec une coordination de la politique économique. "La coordination, c’est une réflexion commune sur des chemins viables. Si un gouvernement de la zone euro veut prendre une décision en matière fiscale, elle doit discuter avec ceux qui sont également touchés par cette mesure. Si un pays diverge de manière systématique avec la discipline budgétaire, il devrait y avoir une instance qui puisse lancer des sommations, mais qui puisse immédiatement mettre fin à ce qui se passe." Pour Jean-Claude Juncker, des compétences de ce type devraient être dévolues au commissaire européen en charge de l’économie et de la monnaie, car il lui semble difficile d’envisager que des mesures pareilles puissent être prises par des membres d’autres gouvernements. Mais concrètement, remarque-t-il, cela veut dire que "l’Assemblée nationale française devra accepter que le budget national voté par elle pourrait être annulé à Bruxelles". Et d'ajouter : "Nous verrons combien de temps l’enthousiasme durera."