Principaux portails publics  |     | 

Agriculture, Viticulture et Développement rural
PAC après 2013 : La Centrale paysanne pense que les propositions de la Commission vont "largement dans la mauvaise direction"
17-10-2011


La Centrale paysanne a pris position par rapport aux propositions de la Commission pour la Politique agricole De Letzeburger Bauer, organe hebdomadaire de la Centrale Paysanne Luxembourgeoisecommune après 2013 par le biais d’un éditorial publié par le "Lëtzebuerger Bauer" du 14 octobre 2011. Pour la Centrale paysanne, ces propositions, publiées le 12 octobre 2011, vont "largement dans la mauvaise direction."

"Certes", dit l’article, "les paiements directs continueront, mais avec le verdissement (le "greening") comme signe distinctif ils seront concrètement liés à des conditionnalités supplémentaires substantielles, et allant de pair avec une redistribution des fonds entre les entreprises et les Etats membres."

Paiements directs et verdissement

La Centrale paysanne reconnaît néanmoins que les agriculteurs luxembourgeois seront moins touchés par une diminution des paiements directs, dans la mesure où ceux-ci dépassent légèrement la moyenne européenne. Par contre, ils s’inquiètent du fait qu’au niveau national, une prime unique par entreprise agricole soit envisagée qui affectera de nombreuses fermes. Ce qu’elle essaiera d’empêcher.

La Centrale paysanne est d’accord avec les grands objectifs annoncés par la Commission pour la PAC d’après 2013, c’est-à-dire une agriculture productive, concurrentielle, capable d’assurer la sécurité alimentaire et misant sur des méthodes qui assurent la durabilité des ressources et le développement de l’espace rural. Elle est aussi d’accord avec le fait que les agriculteurs ont besoin, dans l’intérêt des citoyens, du soutien de l’UE pour assurer des services qualitatifs qui touchent l’espace rural, l’environnement et des biens publics qui ne peuvent pas être inclus dans les prix de revient des produits agricoles. La Centrale paysanne partage également l’idée de la Commission selon laquelle la sécurité alimentaire n’est plus un acquis définitif. Et c’est pourquoi elle n’est pas d’accord avec le fait que la réforme proposée soit avant tout marquée et dominée par le verdissement de l’agriculture.

Elle reproche à la Commission que le verdissement soit lié à des conditionnalités qui entraînent, elles, des frais pour les agriculteurs et qu’il conduise à une réduction de la production.  "Ce qui est particulièrement grave et totalement inacceptable pour l’agriculture, c’est l’obligation de mettre en jachère écologique 7 % des terres arables, et ce à un moment où l’approvisionnement alimentaire suffisant devient un fait politique et sociétal crucial, où l’on attend de l’agriculture qu’elle assure la sécurité alimentaire, où l’on attend d’elle de contribuer à la sécurité énergétique et où on la prive continuellement de surfaces et donc de capacités de production au bénéfice de l’extension de surfaces allouées au logement, à l’industrie et aux infrastructures." Même si des discussions devront clarifier quel type de jachères est visé par la Commission, la Centrale paysanne pense que la réduction des surfaces productives sans dédommagement et la non-rétribution de mesures écologiques volontaires fot des agriculteurs des "doubles perdants". Car, pour la Centrale paysanne, avec une réduction de fait de la production et les mesures du verdissement, "une réduction du revenu des agriculteurs est préprogrammée".

L’agriculture victime du "lobby écolo"

L’éditorialiste croit savoir que les fonctionnaires de la DG Agriculture se rendent bien compte de la contradiction entre les objectifs économiques et écologiques de la réforme. Mais le verdissement conçu comme part des paiements directs, et même 30 % de ces paiements, semble être une sorte de tribut à payer "pour justifier les paiements directs à l’encontre de la société européenne (et vraisemblablement aussi à l’encontre des adversaires de la PAC, qu’on retrouve jusque dans les rangs des commissaires)". Et de regretter que l’on n’ait pas eu plus de courage vis-à-vis du "lobby écolo", à qui la Centrale paysanne reproche de formuler des "ambitions exagérées et unilatérales", et de ce fait "irresponsables". "On ne nourrit pas les gens avec de l’environnement, et avec de l’environnement seul, on ne sauve pas non plus les écosystèmes !", proteste l’éditorialiste. 

Gestion des marchés et gestion des crises

Un autre reproche est que "la Commission se retire de plus en plus de la gestion des marchés et ne propose de fait comme seule mesure pour renforcer la position des agriculteurs sur les marchés que la création d’organisations de producteurs et leur soutien, tout en sachant que la surveillance de la concurrence limitera de nouveau ces organisations". Des organisations de producteurs dont la Centrale paysanne pense par ailleurs qu’elles "ne suffisent pas pour que les agriculteurs puissent s’affirmer face aux acteurs hyperpuissants de la chaîne alimentaire.".

Finalement, le "Lëtzebuerger Bauer" pense que les instruments de gestion de crise proposés ne sont pas suffisants non plus. Mais l’on ne désespère pas à la centrale paysanne de trouver une écoute pour les intérêts qui sont formulés à travers ces critiques.