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Politique étrangère et de défense
Pour Jean Asselborn, il n’y a pas de contradiction entre les intérêts de l’UE et les intérêts nationaux
11-11-2011


LandA quelques jours de la présentation, le 15 novembre 2011, devant la Chambre des députés,de sa déclaration de politique étrangère, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a donné une interview à l’hebdomadaire Lëtzebuerger Land dans son édition du 11 novembre 2011.

"La déclaration de politique étrangère n’est jamais une déclaration de pure politique étrangère, mais aussi une déclaration de politique européenne", dit d’emblée Jean Asselborn. C’est pourquoi il mettra l’accent sur la monnaie commune et les changements au Sud de l’UE, avec le printemps arabe et ce qui se passe au Proche Orient. Et s’il a parlé depuis quelques années déjà des intérêts nationaux du Luxembourg, il ne pense pas qu’il y ait une contradiction entre ces intérêts nationaux et ceux de l’UE. Pour Jean Asselborn, les intérêts nationaux du Luxembourg sont la sécurité et la prospérité de ses habitants. Des éléments qui font partie de cette prospérité sont pour le social-démocrate Asselborn les normes sociales et la culture du dialogue social. 

Mais", dit-il, "quand de grands Etats membres enfourchent le cheval national, alors cela va aux dépens de l’UE et aussi du Luxembourg." Le retour à des règlements de problèmes de type intergouvernemental, comme on en constate plusieurs depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, se fait pour lui au détriment des petits Etats membres. Bref, sa critique s’adresse au mode de fonctionnement actuel de l’UE et à la manière dont les Etats membres se traitent actuellement, pas à l’UE en tant que telle. Ceci dit, il se refuse à lier cette discussion à des Etats bien précis. Ce qui ne l’empêche pas de dire que "si l’Allemagne et la France pensent que le fait de devoir porter 50 % des charges de la monnaie commune leur permet de décider à 100 %, cela ne correspond pas à la méthode communautaire". Leur coopération est importante pour l’UE, mais elle seule ne suffit pas.

Quant à la politique étrangère de l’UE, Jean Asselborn ne pense pas que l’UE aura un siège unique au Conseil de Sécurité "avant 2050", car "aucun des grands pays européens n’est actuellement prêt à renoncer à son siège" et "la réforme du Conseil de Sécurité semble avoir été mise en veilleuse". Cette politique étrangère a néanmoins fait selon lui des progrès, aux Balkans occidentaux, qui ont reçu des signes positifs de l’ensemble de l’UE, avec la pression commune sur le Belarus, avec une politique commune à l’égard de l’Ukraine et de la Moldavie. Mais après le vote (dispersé, ndlr) des Etats membres de l’UE sur l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO, Jean Asselborn se sent obligé de dire qu’ici, il n’y a pas eu de position de l’UE, "même si ce ne furent que deux Etats qui ont empêché une position commune."

Dans son interview, Jean Asselborn a aussi commenté les derniers événements liés à la crise des dettes souveraines. Pour lui, « Georges Papandréou a ramené la droiture dans la politique grecque ». Il a été selon lui "la victime des conservateurs grecs qui n’ont cessé de boycotter toutes les propositions de leurs collègues du Parti populaire européen, de José Manuel Barroso en passant par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy jusqu’à Herman Van Rompuy." Solidaire de Georges Papandréou, Jean Asselborn ne pense pas que le dernier chapitre de sa carrière politique ait été écrit.

Jean Asselborn voudrait que la crise des dettes souveraines soit résolue dans un esprit de solidarité européenne. Aucun Etat membre ne doit être poussé vers la sortie de l’euro. "Ce serait la toute dernière et la plus mauvaise des solutions. D’autant qu’un retour à la drachme, l’ancienne monnaie grecque, ne garantirait en rien la stabilisation de l’euro." Mais, "évidemment, les Grecs, doivent s’en tenir eux aussi aux règles communes", conclut Jean Asselborn.