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Politique étrangère et de défense
Jean Asselborn s’en est pris en des termes très durs au régime iranien qui encourt de nouvelles sanctions européennes
01-12-2011


Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a participé au Conseil "Affaires étrangères" (CAE) de l’Union européenne (UE) le 1er décembre 2011 à Bruxelles.

Le premier sujet de discussion au sein du CAE a été la situation dans les Balkans occidentaux.Jean Asselborn et Alain Juppé au CAE du 1er décembre 2011

Les ministres des 27 Etats membres de l’UE se sont ensuite entretenus sur la situation en Iran, jugée préoccupante, et pour laquelle le CAE va élargir les sanctions existantes.

Les travaux du Conseil se sont également concentrés sur la situation actuelle dans le voisinage méridional de l’UE, et plus particulièrement sur la Syrie, l’Egypte ainsi que le Yémen.

 Le Conseil a par ailleurs été précédé le 30 novembre par un dîner de travail où la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) a été discutée par les 27 Ministres.

Des sanctions "élargies" contre l’Iran témoignent de l’inquiétude du Conseil

Les ministres des Affaires étrangères se sont principalement penchés sur la situation en Iran et ont dressé un état des lieux après l’attaque contre l’ambassade du Royaume-Uni à Téhéran par des manifestants le 29 novembre 2011. Le Conseil a fermement "condamné ces attaques qui sont une violation de la Convention de Vienne". Le Conseil a aussi clairement affirmé son soutien au Royaume–Uni en déclarant que "toute action contre le Royaume-Uni est une action contre toute l’UE  et que des mesures appropriées seraient prises en réponse à ces actions".

Jean Asselborn a commenté l’assaut contre l’ambassade britannique en des termes très durs, disant que "la démarche à Téhéran frise la criminalité d’Etat" car "parmi les assaillants, il ne s’agissait pas d’étudiants au sens classique du terme, mais bien plus de troupes en civil", comme le rapporte Jakub Adamowicz le 2 décembre 2011 dans un article du Luxemburger Wort. Ce même article rapporte aussi que le ministre des Affaires étrangères a critiqué les tentatives d’explications du président du parlement iranien Ali Laridjani qui datent du 28 novembre, explications que Jean Asselborn a rejetées en déclarant que "l’Iran a un problème avec sa conception de l’Etat de droit."

Les échanges ont porté également sur la situation interne en Iran, et notamment sur la situation des droits de l’homme ainsi que sur le rapport du Directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur l’Iran, rapport qui fait apparaître clairement l’inquiétude de l’agence sur la question du programme nucléaire iranien.

Selon la correspondante du Tageblatt à Bruxelles, Marisandra Ozolins, les ministres ont exprimé "leur profonde préoccupation" quant au programme nucléaire iranien. Elle cite Jean Asselborn qui a expliqué que le programme iranien dérive "de plus en plus de l’énergie nucléaire civile vers une énergie nucléaire militaire".

Le Conseil a réitéré sa préoccupation croissante concernant la nature du programme nucléaire iranien. Jean Asselborn de son côté espère "que l’impérialisme idéologique iranien pourra encore être freiné" comme le rapporte la Deutsche Welle.

Dans ce contexte, le Conseil a décidé d’élargir les sanctions existantes, imposant des mesures supplémentaires visant à affecter notamment le système financier, les secteurs des transports et de l’énergie, ainsi que des mesures à l’encontre du corps des gardiens de la révolution islamique. Des fonds de l’UE ont été bloqués et des interdictions d’entrée sur le territoire de l’UE ont été prononcées contre 143 entreprises et 37 personnes qui sont directement liées aux activités nucléaires de l’Iran comme le rapporte le Tageblatt dans son édition du 2 décembre.

Jean Asselborn, cité par la dpa, voit les nouvelles sanctions, que l’UE souhaite adopter "très certainement en janvier 2012", comme des "actions systémiques ciblées visant à toucher les intérêts iraniens".

S’il semble que certains grands Etats membres se sont prononcés pour un embargo sur le pétrole iranien, cette solution n’a pas été retenue au Conseil. Ainsi que l’a souligné le ministre luxembourgeois, qui est cité sur ce point par le Tageblatt, il faut prendre en considération les conséquences d’un tel embargo pour certains Etats membres - en particulier Chypre et la Grèce - car "50 % de leur pétrole provient d’Iran". Pour Jean Asselborn "il faut savoir jusqu’où on va aller et où l’on va ressortir" dans le cadre d’un tel embargo.

Le Conseil se réserve le droit de renforcer encore les sanctions au cas où les autorités iraniennes continueraient à ne pas respecter leurs obligations internationales.

L’UE veut réduire la capacité de répression du régime syrien

Pour ce qui est de la situation en Syrie, qui reste très préoccupante malgré les sanctions imposées par la Ligue arabe le 27 novembre 2011 et la décision de déployer une mission d’observation sur le terrain, le Conseil a étudié la mise en place de nouvelles mesures restrictives visant la capacité du régime à poursuivre sa répression brutale.

Le Conseil a exprimé son soutien aux initiatives de la Ligue arabe, notamment au projet de déploiement d’observateurs civils ainsi qu’à la décision d’imposer des sanctions économiques contre le régime syrien. Le Conseil a décidé de renforcer un large éventail de mesures restrictives de l'UE à l'encontre du régime syrien, afin de mettre à mal sa capacité à poursuivre la répression.

À ce sujet, Jean Asselborn a établi un lien entre les événements en Iran et la chute de l’opposition en Syrie. "Il se pourrait qu’un nouveau régime syrien ne soit plus aussi fidèle à l’Iran qu’auparavant", a-t-il ainsi déclaré, comme le rapporte la Deutsche Welle. Le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois a par ailleurs souligné "le courage de la Ligue Arabe" qui s’est opposée à Al-Assad, à qui "il tire son chapeau", comme le rapporte la dpa.

En Égypte, le bon déroulement des élections est atténué par la mauvaise situation économique

En ce qui concerne la situation en Egypte, le Conseil a étudié les derniers développements dans le pays suite aux élections parlementaires des 28 et 29 novembre dernier. Les ministres se sont également concentrés sur les relations de l’UE avec l’Egypte dans le contexte de la phase de transition dans le pays. Les ministres ont salué le bon déroulement des élections depuis le 28 novembre, mais ils ont exprimé leurs inquiétudes concernant la détérioration de la situation économique dans le pays, tout en réitérant leur soutien à une Egypte démocratique, pluraliste et stable.

Le Conseil veut mettre en œuvre une assistance humanitaire pour le Yémen

Au sujet de la situation au Yémen, le Conseil s’est félicité de la signature, le 23 novembre, de l'accord sur la transition politique et son mécanisme de mise en œuvre, suite à l’initiative du Conseil de coopération du Golfe. Le Conseil a appelé toutes les parties concernées à respecter les engagements pour un processus de transition pacifique et inclusif. Les ministres ont également étudié la mise en œuvre d’une assistance humanitaire ainsi que d’une aide au développement dont le pays a un urgent besoin.

La situation au Proche-Orient a été discutée et le renforcement des relations avec la Ligue arabe félicité

Les ministres ont fait le point sur le processus de paix au Proche-Orient et plus précisément sur le processus de réconciliation inter-palestinienne.

Lors du déjeuner de travail, les ministres ont été rejoints par le Secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi. Jean Asselborn a qualifié sa rencontre avec le Secrétaire général de "très intéressante"comme le rapporte le Tageblatt dans son édition du 2 décembre. Vu l'approbation croissante des peuples arabes pour des partis islamiques, Nabil Al-Arabi a conseillé "d'examiner les faits" rapporte Jean Asselborn, qui a quant à lui suggéré "de repenser la vision européenne, tant que les droits de l'Homme et les droits des femmes sont respectés."

Les discussions se sont concentrées sur la situation actuelle en Syrie, des développements dans la région du Proche- et Moyen-Orient, ainsi que des moyens de renforcer les relations entre l’UE et la Ligue arabe.

La politique de sécurité et de défense commune à l’ordre de jour d’un dîner de travail

Le CAE a été précédé la veille au soir d’un dîner de travail informel conjoint de la Haute Représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité commune, Catherine Ashton avec les 27 ministres des Affaires étrangères et les 27 ministres de la Défense. A l’ordre du jour a figuré PSDC de l’Union européenne. Les ministres ont finalisé leurs discussions sur les orientations et les capacités pour les opérations PSDC, dont notamment les missions EUNAVFOR Atalanta (lutte contre la piraterie dans la région de la Corne de l’Afrique) et EUFOR Althea en Bosnie, ainsi que sur les partenariats et la coopération de l’UE dans ce domaine avec des pays tiers ou encore avec l’OTAN. L’amélioration des structures existantes et l’efficacité des méthodes de travail ont également été abordées.

Les ministres de la Défense, parmi lesquels Jean-Marie Halsdorf pour le Luxembourg, s’étaient auparavant réunis en Conseil pour évoquer notamment l’initiative "pooling and sharing", qui vise à améliorer la coopération entre les États membres dans le domaine de la défense moyennant des projets multinationaux. Les ministres avaient également fait le point sur les missions en cours (opération Atalanta, opération Althea en Bosnie-Herzégovine, EUTM Somalia). Ils ont aussi discuté du partenariat UE-OTAN, de la coopération entre l’UE et l’ONU dans le domaine de la défense ainsi que du dialogue que l’UE entretient avec des pays tiers dans le cadre de la PSDC.

La situation dans les Balkans occidentaux en vue des discussions sur l’élargissement

En vue des discussions sur l’élargissement qui auront lieu au prochain Conseil "Affaires générales" (CAG) le 5 décembre, les ministres ont eu tout d’abord un échange de vues sur la situation dans les Balkans occidentaux, et plus particulièrement sur le dialogue entre le Kosovo et la Serbie, tout comme sur la situation en Bosnie-Herzégovine.

Comme le rapporte le Luxemburger Wort dans son édition du 2 décembre, Jean Asselborn a plaidé en faveur d’un rapprochement entre la Serbie et l’UE, qui pourrait mener à l’attribution du statut de candidat à l’entrée dans l’UE lors du prochain Conseil.