Principaux portails publics  |     | 

Compétitivité - Éducation, formation et jeunesse
Validation des acquis des apprentissages dans la Grande Région : le projet VaLOGReg s'achève avec succès
26-01-2012


VaLOGReg-logoLes partenaires du projet "Value Learning Outcomes in the Grande Region" (VaLOGReg) ont tenu leur conférence finale le 26 janvier 2012 à la Chambre de commerce de Luxembourg. Retenu en 2008 parmi les dix projets dits ECVET (pour European Credit System for Vocational Education and Training) soutenus par la Commission européenne pendant 36 mois, VaLOGReg vise à promouvoir la mobilité des apprenants en formation professionnelle dans la Grande Région et à valoriser en retour leurs acquis. L'idée est ainsi de transposer la mobilité connue dans la Grande Region au niveau professionnel dans la formation initiale.

"Au Luxembourg, 44% des emplois sont occupés par des frontaliers. Mais on descend au niveau décimal quand on considère le nombre de gens faisant leur formation à l'étranger", rappelait le directeur du Lycée technique d'Esch-sur-Alzette, Gilbert Engel, pour planter le décor. Six partenaires ont participé dans le sillage de ce dernier à cette expérience pilote :  le Ministère luxembourgeois de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, le Ministère de l'Education, de la Science, de la Formation professionnelle et de la Culture de Rhénanie-Palatinat, le Ministère de l'Education de la Sarre, le Groupement d'intérêt public Formation Tout au Long de la Vie (France), l'Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises (Belgique) et le Ministère de l’Enseignement obligatoire (Communauté française de Belgique).

Des différences de système à contourner

Les partenaires n'ont pas tenté de créer des unités communes aux quatre enseignements. Les deux régions allemandes refusent de passer à ce système. La France, qui comme la Belgique et le Luxembourg, fonctionne au contraire avec un tel enseignement modulaire, ne laisse pas aux régions la responsabilité de la certification. La Lorraine trouve sa capacité d'action limitée. Pour Alain Bultot, conseiller de la ministre de l'Enseignement obligatoire de la Communauté française de Belgique, les unités communes ne sont de toute façon pas nécessaires pour promouvoir la mobilité. Le programme Leonardo en est la preuve. "Il faudrait changer le système pour quelques apprentis mobiles ?  L'implémentation d'ECVET doit répondre à des besoins à l'intérieur des systèmes. Sinon, il y aura toujours des résistances. Il faut travailler davantage sur la reconnaissance et la validation des apprentissages. Ils doivent être compatibles plutôt que comparables."

Les partenaires ne se sont par conséquent pas plus attardés sur l'introduction des crédits ECVET sur le modèle de ceux qui furent introduits durant le processus de Bologne pour l'enseignement supérieur. Les partenaires ont de la sorte réussi à dépasser les différences historiques et culturelles des systèmes de formations. Le nombre d'heures varie de l'un à l'autre et l'Allemagne fait figure d'exception en proposant un système duel alternant travail à l'école et expérience en entreprise durant la semaine tandis que les trois autres ont une formation principalement scolaire. De même, les méthodes d'évaluation varient.

"On ne met pas en place ECVET pour faire plaisir à la Commission."

Le responsable du secrétariat européen de l'ECVET auprès de la Commission européenne, Richard Maniak, ne leur en a pas tenu rigueur. Toutefois a-t-il tenu à leur adresser un avis extérieur. "Il ne faut pas se fixer sur des spécifications techniques. Il faut que tout le monde pense aux grands objectifs que s'est fixés l'Europe: celle d'une Europe compétitive, créatrice, dans laquelle la véritable richesse repose sur la qualité de la formation des gens qui travaillent".

Il rappelle que cette volonté s'inscrit dans le cadre du processus de Bruges défini pour la période 2011-20. L'introduction d'un système de crédits et d'unités communes aux enseignements ne doit selon lui pas être abandonnée. Il s'agit de valoriser les parcours incomplets de personnes sorties du système scolaire et de les reprendre plus tard dans le cadre de la formation professionnelle continue par exemple mais aussi de mettre en place des systèmes d'évaluation permettant d'accueillir et d'intégrer dans le système de formation des citoyens de pays tiers.

"On essaie de travailler sur la qualification de l'individu dans un monde qui change. (…) On ne met pas en place ECVET pour faire plaisir à la Commission mais pour partager une vision." D'ailleurs, fait-il encore remarquer, la mobilité, revenant à se placer dans un contexte différent auquel il s'agit de s'adapter, permet de renforcer l'autonomie du futur travailleur.

90 % d'acquis compatibles

Ainsi, VaLOGReg aura consisté prioritairement à définir les moyens de reconnaissance des qualifications des apprenants d'une région à l'autre. Deux formations professionnelles, électricité industrielle et mécanique automobile, ont été sélectionnées pour mener l'expérimentation. Il s'est agi dans un premier temps d'identifier les activités communes à chaque enseignement. Et les experts engagés à cette tache ont constaté que 90 % des acquis à la sortie des différents systèmes de formation concordaient.

Il a fallu ensuite passer à la phase de test. Quatre contrats de partenariats, dressant le cadre juridique et assurantiel de la collaboration et définissant l'évaluation des acquis, ont uni deux établissements à chaque fois, luxembourgeois et allemands d'un côté, français et belges de l'autre. La barrière linguistique fut ainsi évitée en ne concluant des coopérations qu'entre systèmes proposant la même langue d'enseignement.

S'il y eut des problèmes, ils furent principalement d'ordre organisationnel. "La plupart des difficultés rencontrées dans la phase expérimentale seront atténuées par une mobilité accrue dans la Grande Région", parie Gilbert Engel estimant que les instruments développés durant la collaboration  (contrat de partenariat, contrat pédagogique et guide d'initiation) sont performants.

Inspecteur de l'enseignement secondaire dans la Communauté française de Belgique, Robert Lahaye rapporte toutefois les divergences de vue qu'a mises en relief l'expérience d'échange entre Wallonie et Lorraine. La France impose des normes de sécurité dans ses lycées plus exigeantes que la Belgique. Les enseignants français craignaient que la sécurité de leurs élèves ne soit pas garantie avant de se rassurer : "Il s'agissait de se faire confiance. En pareil cas, il suffit de se rendre chez son voisin. Et on se rend compte qu'il y a aussi là des choses à prendre."

"Les entreprises étaient très satisfaites des apprentis belges. Les évaluations faites en Belgique n'ont pas été refaites au retour. Il y a eu une véritable prise en compte par les enseignants de ce qui a été fait à l'extérieur" confie pour sa part le Lorrain François Decq du Groupement d'intérêt public Formation Tout au Long de la Vie.

Vers un accord-cadre de coopération

"Sans généralisation à outrance, on peut émettre l'hypothèse que cette démarche développée au départ de deux métiers est reproductible pour les certifications d'autres secteurs professionnels De ce fait, il devient possible de proposer aux instances politiques la mise en œuvre d'un accord-cadre de coopération à l'échelle de la Grande Région; essentiel au développement des mobilités"; dit le communiqué publié à l'occasion de cette conférence finale.

La ministre luxembourgeoise de l'Education nationale, Mady Delvaux-Stehres, a promis de porter le rapport qui sera tiré de l'expérience à l'ordre du jour de la Grande Région. "Lors des sommets, on recherche désespérément des dossiers à traiter. Et celui-là en est vraiment un." Elle a aussi fait savoir l'intérêt luxembourgeois à davantage de collaboration dans la Grande Région pour la formation continue, confiant : "En tant que ministre luxembourgeoise de l'Education; je dois avouer un certain égoïsme car nous ne pouvons pas nous offrir toutes les formations seuls. "