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Economie, finances et monnaie
Luc Frieden annonce 550 millions de recettes de plus que prévu, une somme qui pourrait en partie réduire le déficit budgétaire de 2011, mais il met aussi le doigt sur la précarité de certaines sources fiscales importantes
20-01-2012


Luc Frieden, conférence de presse sur la situation des finances publiques , le 20 janvier 2012Le 20 janvier 2012, le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, a fait état de l’évaluation des recettes et dépenses de l’Administration centrale luxembourgeoise. Il l’a fait dans le cadre de sa démarche visant à référer tous les trois mois en toute transparence à la Chambre des députés et à l’opinion publique d’une évolution budgétaire placée sous surveillance dans le cadre du semestre européen et d’objectifs bien déterminés visant l’équilibre budgétaire d’ici 2013 ou 2014 et l’excédent budgétaire ensuite.

Cette fois-ci, il a d’abord évoqué les recettes de l’Etat, où le gros des rentrées s’est achevé avec le mois de décembre 2011, et non les dépenses, qui seront encore importantes d’ici le mois de mars 2012, échéance jusqu’à laquelle des crédits engagés en 2011 sont encore dépensés, et avant laquelle il n’est pas possible de présenter un vrai solde budgétaire.

Le constat principal de Luc Frieden a été de dire que les recettes 2011 sont en ligne avec le budget voté. Les recettes prévues ont même été dépassées de 5 %, ce qui correspond à 550 millions d’euros. Cette divergence positive, a néanmoins souligné le ministre, ne doit pas être surestimée.

Elle est d’abord due selon le ministre due à un "très bon travail" de la part de l’Administration des contributions, qui a beaucoup fait pour accélérer et rendre plus efficaces la rentrée des impôts dus.

Un autre volet de ces recettes supplémentaires est dû au développement positif de certaines activités économiques internationales au Luxembourg, notamment dans deux domaines.

Le premier est le "e-commerce", dont la TVA a rapporté 550 millions, 130 millions ou 30 % de plus qu’en 2010. Le bémol est qu’avec les nouvelles règles communautaires sur la TVA – la TVA sera payée au pays de destination – cette source tarira entre 2015 et 2018.

Le deuxième domaine est celui de l’industrie des fonds d’investissement, où la taxe d’abonnement – un droit d'enregistrement établi sur la négociabilité des titres - sera, avec 630 millions d’euros, supérieure de 20 millions d’euros aux prévisions, ceci parce que la crise n’a frappé à  nouveau le secteur financier international que vers la fin de l’année 2011. Ici le bémol est que comme la crise continue en 2012, les recettes dues à la taxe d’abonnement n’abonderont peut-être pas dans le même sens positif en 2012.

Pour Luc Frieden, les dépenses semblent elles aussi être en ligne avec le budget voté, mais le ministre ne disposera des chiffres définitifs que vers la fin du mois de mars ou le début du mois d’avril 2012 et il ira à ce moment-là à la Chambre et vers l’opinion publique. 

Le déficit prévu - le budget prévoyait au niveau de l’administration centrale un déficit équivalent à 3,4 % du PIB ou 1,4 milliards d’euros - pourrait être réduit par les 550 millions de recettes supplémentaires, mais il restera un déficit.

Ce constat a été pour Luc Frieden l’occasion de mettre en exergue "à quel point il est important de veiller à des finances publiques saines", et pour que le Luxembourg y arrive, de nouvelles mesures d’économie  - "socialement justes", a souligné le ministre – sont en préparation, pour lesquelles il a entrepris des consultations qu’il veut discrètes.

Luc Frieden a aussi mis le doigt sur les incertitudes quant aux rentrées futures. Il y a d’un côté le recul prévisible des rentrées dues au "e-commerce", un secteur à risque dans lequel le Luxembourg a investi et qui aura été une manne financière importante sur une certaine période, désormais limitée. Il y a ensuite le secteur financier, affecté par la crise, mais dont l’importance n’a, malgré les efforts de diversification, cessé de croître dans le PIB du Luxembourg et donc dans les recettes de l’Etat, au point d’atteindre les 38 % du PIB actuellement. Ce chiffre est à la fois source de bienfaits et  source de dépendance, a souligné le ministre.