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Economie, finances et monnaie
La Grèce au centre de deux interviews de Jean-Claude Juncker
27-01-2012


La Grèce est de nouveau au centre des préoccupations des dirigeants de la zone euro. On a pu le constater lors de la réunion de l’Eurogroupe du 23 janvier dernier, mais cela se reflète dans les interviews du Premier ministre et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker parues dans les quotidiens autrichien Der Standard et allemand Handelsblatt. Il y aborde la nécessité, au-delà de celle de l’Union, d’une solidarité des secteurs privé et public, les conditionnalités d’une telle solidarité, mais aussi la nécessité de donner des perspectives de croissance aux populations des pays frappés par la crise de la dette souveraine.

der-standard-logoDans l’interview publiée par le Standard dans la soirée du 26 janvier 2012, Jean-Claude Juncker explique au journaliste András Szigetvari, que la solidarité avec la Grèce est nécessaire, et que celle-ci passe aussi par de grandes actions et de petits actes de solidarité, comme celui de ne pas la bouder en tant que destination touristique. Mais les pays où les finances publiques sont exsangues, s’inquiète Jean-Claude Juncker, "n’offrent pas de perspective de croissance réalistes" à leurs citoyens. Pour que ces derniers puissent néanmoins accepter que les finances publiques de leur pays soient remises en ordre, "il faut compléter la politique d’austérité budgétaire par une stratégie de croissance". Et cela passe par un meilleur usage des moyens budgétaires de l’Union sur le terrain et un changement des règles pour l’attribution de fonds structurels.

L’autre effort à fournir est la réduction de la dette publique grecque à 120 % du PIB d’ici 2020. Pour Jean-Claude Juncker, ce sera difficile d’y arriver, mais pour approcher cet objectif, il mise sur une meilleure offre des banques en termes de taux d’intérêt sur les emprunts grecs. Si la dette grecque devait s’avérer viable et s’il y a accord général avec le secteur privé, ajoute Jean-Claude Juncker, "le secteur public devra lui aussi se poser la question de savoir s’il pourra contribuer". Une telle mesure risque de ne pas être très populaire, mais, dit le président de l’Eurogroupe, "cela ne m’émeut pas beaucoup", car "je ne peux pas me demander tous les jours si tous les citoyens de l’UE sont d’accord avec chaque mesure politique". Pour Jean-Claude Juncker, il y a un risque réel "que nous allions dans le mur, ce qui compromettrait sérieusement les conditions de vie des générations futures". Une faillite désordonnée de l’Etat grec créerait par ailleurs des "problèmes sociaux gigantesques".

HandelsblattDans l’interview donnée à la journaliste Ruth Berschens et parue dans le Handelsblatt daté du 27 janvier 2012, Jean-Claude Juncker explique la situation de la Grèce : un déficit 2011 plus élevé que prévu, une progression trop lente des réformes structurelles, avec des échecs au parlement, l’impact de certains lobbies qui empêchent le parlement d’agir, … C’est pourquoi les chefs des trois grands partis devront de nouveau signer un engagement de continuer les réformes décidées ensemble, avant qu’un nouveau paquet financier pour la Grèce puisse être décidé par ses partenaires, insiste-t-il. La Grèce a certes le droit de quitter la zone euro, admet Jean-Claude Juncker, "mais je n’y perçois par la volonté d’aller dans ce sens". Le président de l’Eurogroupe pense plutôt que la Grèce aura encore besoin de l’aide de la zone euro sur plus d’une décennie.