Au niveau européen, il montre que le nombre de diplômés choisissant la voie de l’enseignement diminue, alors que beaucoup d’enseignants approchent de l’âge de la retraite. Plusieurs États membres de l’Union européenne, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche et la Belgique, pourraient connaître à l’avenir une grave pénurie d’enseignants. Ce phénomène touche le Luxembourg non pas en termes de nombre, mais en termes de qualification.
Le rapport met également en évidence des aspects encourageants. Notamment, le fait que le budget consacré à l’éducation est stable dans la plupart des États membres.
Le rapport établit que la formation spécifique des enseignants – parrainage, lignes directrices relatives à l’évaluation, observation en classe, etc. – est plus répandue en Europe aujourd’hui. Elle n’a cependant pas suffi à rendre Le métier d’enseignant plus attractif.
De plus, l’enseignement supérieur reste la meilleure garantie contre le chômage : les diplômés ont plus de chances de trouver plus rapidement un emploi. Cela est particulièrement le cas au Luxembourg. Le rapport indique aussi que le pourcentage de diplômés de l’enseignement supérieur dans la population a augmenté en Europe et que ces diplômés trouvent un emploi deux fois plus rapidement que les personnes moins qualifiées (5 mois contre 9,8 mois, 4,7 mois contre 8,5 mois au Luxembourg).
On voit aussi que l’objectif que l’Union européenne s’est fixé pour 2020, à savoir porter à 40 % la proportion de diplômés de l’enseignement supérieur, se fonde sur des éléments solides.
En Europe, toutefois, les diplômés du supérieur sont de plus en plus surqualifiés pour le poste qu’ils occupent et certaines professions offrent de meilleures perspectives d’emploi que d’autres, d’où l’importance croissante du choix de la formation. Mais ce phénomène ne touche pas le Luxembourg.
Une tendance dominante en Europe est le prolongement de l’enseignement obligatoire. Une autre tendance est l’augmentation de la participation des enfants âgés de 3, 4 et 5 ans à l’éducation précoce, pré-primaire et primaire, qui atteint les 77 %, 90 % et 94 % en 2009. Le Luxembourg fait partie des pays où la scolarité obligatoire, qui dure 11 ans, est parmi les plus longues. Seuls 4 % s des enfants de sept ans ne sont pas scolarisés, ce qui est un des chiffres les plus bas en Europe.
Néanmoins, au fur et à mesure que l’enseignement obligatoire se prolonge, il y a des décrochages. Ainsi, au Luxembourg, 15 % des jeunes âgés de 16 ans qui sont théoriquement supposés encore fréquenter l’enseignement pour leur classe d’âge ont quitté l’enseignement. Un chiffre élevé en comparaison avec le reste de l’Europe.
Au Luxembourg, le nombre d’étudiants qui suivent l’enseignement général (38,7 %) est de loin inférieur à la moyenne européenne de 50,9 %, alors que la moyenne des jeunes qui suivent une formation professionnelle (61,3 %) est de loin supérieure à la moyenne européenne de 49,6 %. La participation féminine à la formation professionnelle est au Luxembourg de 15 % supérieure à la moyenne européenne.
Le nombre des étudiants âgés de 15 ans qui fréquentent des écoles avec un nombre élevé d’élèves a légèrement baissé en Europe. Mais le Luxembourg reste, avec 1310 élèves, le pays avec le nombre le plus élevé d’étudiants par établissement secondaire. Le ratio élève/enseignant, qui est de 14:1 dans l’enseignement primaire en Europe, est de 12:1 au Luxembourg. Dans l’enseignement secondaire par contre, le Luxembourg a un ratio de 18:1 dans le premier cycle de l’enseignement secondaire, un ratio qui a doublé entre 2001 et 2009 et qui est un des plus élevés en Europe, alors que dans le cycle supérieur, ce ratio redescend vers les 9,1:1.
Le nombre de diplômés universitaires âgés 20 à 24 ans a légèrement diminué au Luxembourg, passant de 77 à 73,4 % en quatre ans. Le Luxembourg est, avec le Danemark, l’Espagne, la Finlande et la Norvège, un des rares pays à avoir évolué dans ce sens, et ce alors que la tendance à l’augmentation est très forte dans le reste de l’Europe. Néanmoins, les résidents du Luxembourg, y compris les non-ressortissants hautement qualifiés, qui sont très nombreux, dépassent largement les moyennes européennes de détenteurs de diplômes supérieurs, y compris celles des grands voisins du Luxembourg, avec 39,5 % de personnes titulaires d’un diplôme universitaire dans la catégorie d’âge 24-29 ans (UE : 31,6), 46,1 % dans la classe d’âge 30-34 ans (UE : 33,6), 46,4 % dans la classe d’âge 35-39 ans (UE : 30.1), et 36,8 % dans la classe d’âge 40-44 ans (UE : 25,9).
Alors que dans le reste de l’Europe, les écoles disposent d’un niveau élevé d’autonomie, tel n’est pas le cas pour celles du Luxembourg ni pour celles de l’Allemagne, de Grèce, de France, de Chypre, de Malte et de Turquie. Cela est surtout le cas en ce qui concerne les ressources humaines et le budget.
Dans le domaine universitaire par contre, le Luxembourg fait partie des six pays –avec la République tchèque, l’Estonie, la Grèce, les Pays-Bas et le Royaume Uni - qui donnent aux universités une large autonomie en termes de recrutement.
Le Luxembourg est un des rares pays – avec la Grèce et Chypre - qui ne connaissent pas une tradition d’évaluation des établissements scolaires. L’inspection concerne avant tout le personnel enseignant. Mais des projets-pilotes sur des processus d’évaluation interne y ont été lancés.
Le rapport de la Commission met en exergue que certains pays européens font face à des pénuries d’enseignants qualifiés dans les matières principales. Les pays les plus affectés sont la Turquie, la communauté francophone de Belgique et le Luxembourg. Au Luxembourg, 79 % des enfants de 15 ans ne bénéficient pas d’enseignants qualifiés en mathématiques, 59 % des enfants de cette même catégorie ne bénéficient pas de professeurs de science qualifiés, et ils sont aussi 59 % à ne pas avoir de professeurs qualifiés dans leur première langue.
Si dans de nombreux pays européens, la majorité des enseignants du primaire sont âgés de plus de 40 ans, ce n’est pas le cas au Luxembourg, où la répartition entre classes d’âge est plutôt équilibrée, avec 56 % des enseignants de l’enseignement primaire étant âgés de moins de 40 ans. Dans l’enseignement secondaire par contre, ils ne sont plus que 46 % des enseignants à être âgés de moins de 40 ans.
Un autre problème est identifié en Europe : les enseignants prennent leur retraite dès qu’ils sont éligibles. C’est très fortement le cas au Luxembourg, où seulement 1 % des enseignants du primaire et 3 % des enseignants du secondaire travaillent au-delà de 60 ans.
En Europe, les salaires des enseignants ont augmenté en dix ans, mais souvent pas assez pour compenser la perte du pouvoir d’achat. Au Luxembourg, en termes de pouvoir d’achat, les salaires annuels des enseignants du primaire ont augmenté de 60 % entre 2000 et 2009, et ceux de l’enseignement secondaire de 20 %.
La dépense par élève augmente selon le degré d’enseignement. En termes de standard de pouvoir d’achat, un élève du primaire au Luxembourg coûte 10746 euros, le niveau le plus élevé en Europe, le double de la moyenne européenne.
L’école publique reste la règle dans l’UE. Reste qu’entretemps, le Luxembourg fait partie des pays européens avec le pourcentage le plus élevé d’élèves qui fréquentent des écoles privées. Ces pays sont le Portugal (13.4 %), Chypre (12.5 %), le Luxembourg (8.3 %), Malte (7 %) et la Grèce (6.1 %).
Une autre nouvelle tendance en Europe est la gratuité croissante de l’éducation pré-primaire non-obligatoire. Le système luxembourgeois des chèques-services instauré depuis 2009 est présenté comme une bonne pratique, notamment le fait que leur attribution soit indépendante du revenu parental.
En Europe, comme partout ailleurs, les personnes plus qualifiées et diplômées ont plus d’opportunités pour obtenir un emploi. Mais en Europe, de nombreux diplômés universitaires – plus de 20 % - sont surqualifiés par rapport à l’emploi qu’ils occupent. Or, cela n’est pas un phénomène qui touche le Luxembourg. Mieux. La période de transition entre la fin des études et l’obtention du premier emploi "significatif" est en Europe pour les diplômés de l’enseignement supérieur de 5 mois, au Luxembourg de 4,2 mois, de 7,4 mois en Europe pour les détenteurs d’un diplôme de type bac, et de 5,7 mois seulement au Luxembourg, et pour les détenteurs de diplômes inférieurs de 9,8 mois en Europe et de 8,5 mois au Luxembourg.
Le rapport signale enfin la situation unique du Luxembourg avec ses plus de 40 % d’élèves et d’étudiants "issus de l’immigration".