Selon l'enquête Eurobaromètre que la Commission européenne a publiée le 15 février 2012, la corruption demeure un problème de premier plan dans les pays de l'Union européenne, et le niveau de corruption aurait augmenté au cours des trois dernières années.
Les données recueillies indiquent que près de trois quarts des Européens continuent de considérer la corruption comme un problème majeur et pensent qu'elle existe à tous les niveaux de pouvoir. 8 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été explicitement ou implicitement invitées à verser un pot de vin au cours de l'année écoulée.
La corruption continue pour la Commission de constituer l'un des plus grands défis auxquels l'Europe est confrontée. Si sa nature et son ampleur varient d'un État membre à l'autre, elle porte selon la Commission préjudice à l'ensemble de l'UE, en diminuant les niveaux d'investissement, en entravant le bon fonctionnement du marché intérieur et en ayant des retombées négatives sur les finances publiques. Selon les estimations, le coût économique de la corruption dans l'UE s'élève à quelque 120 milliards d'euros par an.
En juin dernier, la Commission européenne a adopté un paquet de mesures anticorruption et demandé qu'une attention accrue soit portée à la corruption dans toutes les politiques concernées de l’Union.
Elle a aussi mis en place un mécanisme européen spécifique de suivi et d'évaluation, le rapport anticorruption de l'UE, qui dressera un état des lieux précis des efforts accomplis en matière de lutte anticorruption dans l'ensemble des 27 États membres de l'UE. Le premier rapport devrait être présenté en 2013.
La Commission proposera bientôt de nouvelles mesures législatives, concernant notamment la confiscation des avoirs d'origine criminelle, la réforme des règles relatives aux marchés publics, l'amélioration des statistiques sur la criminalité et le renforcement de la politique antifraude au niveau européen.
L'enquête Eurobaromètre s'est déroulée dans les 27 États membres de l'UE en septembre 2011. Ses principales conclusions sont les suivantes :
La majorité des Européens (74 %) estiment que la corruption est un problème de premier plan dans leur pays. Au Luxembourg, les personnes interrogées ne sont que 34 % à penser de la sorte, un chiffre en diminution de 11 %. Seuls les Danois, avec 19 %, sont encore plus confiants. La corruption n’est apparemment pas ressentie au Luxembourg comme un problème aussi grave que dans la plupart des autres Etats membres de l’UE. Il en est de même, outre le Danemark, en Suède, en Finlande et aux Pays-Bas
Près de la moitié de l'ensemble des Européens (47 %) pensent que le niveau de corruption dans leur pays a augmenté au cours des trois dernières années. Au Luxembourg, ils sont 21 % à penser ainsi, le chiffre européen le plus bas.
La plupart des Européens sont d'avis que la corruption existe au sein des institutions locales (UE : 76 %, LU : 48 %), régionales (75 %, LU : 45 %) et nationales (79 %, LU : 47 %).
Mais quand il s’agit de répondre à la question de savoir si la corruption est plus répandue chez soi que dans les autres pays, la moyenne européenne baisse à 36 %, et ce chiffre tombe à 4 % au Luxembourg. Bref, chez les autres, c’est toujours pire, sauf en Bulgarie, en République tchèque, en Grèce, en Italie, en Hongrie, au Portugal, en Roumanie, et en Slovaquie.
La Commission, dans ses communiqués, n’évoque pas le soupçon de corruption à l’égard des institutions européennes, qui est de 73 % dans l’UE, et de 68 % au Luxembourg, un chiffre élevé pour le Luxembourg.
Selon les Européens, la corruption et l'abus de pouvoir surviennent dans tous les secteurs du service public. Les responsables politiques nationaux (UE : 57 %, LU : 32 %, mais un chiffre en baisse de 8 points par rapport à l’enquête précédente, et en gros une des perceptions les plus positives de l’UE) et les fonctionnaires qui attribuent des marchés publics (UE : 47 %, LU : 32 %, + 1) sont les plus susceptibles d'être considérés comme impliqués dans ce type d'activités. Au Luxembourg, ce sont les fonctionnaires qui délivrent les permis de construire qui sont le plus soupçonnés de recevoir des pots-de-vin ou de commettre des abus de pouvoir, avec 38 %, un chiffre en baisse de 12 points cependant.
40 % des Européens - 37 % des résidents du Luxembourg - estiment qu'une relation trop étroite entre les entreprises et la sphère politique contribue à la corruption. L'inaction des responsables politiques (UE : 36 %, LU : seulement 17 %) et le manque de transparence quant à la manière dont les deniers publics sont dépensés (UE : 33 %, LU : 27 %, - 7) sont cités comme des éléments qui contribuent à la corruption. La majorité (UE : 68 %, LU : 48 %, un chiffre mitigé, mais toujours le plus positif dans l’UE sur les partis politiques) ne pensent pas que la transparence et le contrôle en matière de financement des partis politiques sont suffisants.
La majorité des Européens (70 %), et même 81 % des résidents luxembourgeois, estiment que la corruption est inévitable et qu'elle a toujours existé. Mais il s’agit ici d’une attitude morale plus que basée sur une expérience personnelle. Deux Européens sur trois (67 %), et un tiers des Luxembourgeois pensent que la corruption fait partie de la culture d'entreprise de leur pays.
La majorité des Européens (67 %) estiment qu'ils ne sont pas personnellement touchés par la corruption dans leur vie quotidienne, mais 29 % pensent au contraire que oui. 45 % des Bulgares, 36 % des Tchèques, 73 % des Grecs, 61 % des Chypriotes, 49 % des Lituaniens, 46 % des Portugais et 76 % des Roumains disent avoir été personnellement touchés par la corruption. Au Luxembourg, ils sont seulement 9 % à estimer qu’ils sont touchés par la corruption, contre 90 % qui sont d’avis contraire. Seuls les Danois sont encore plus confiants.
Un pourcentage encore plus faible des personnes interrogées en Europe (8 %) a déclaré avoir été explicitement ou implicitement invité à payer un pot de vin au cours de l'année écoulée. Ils ne sont que 3 % au Luxembourg. Les pots-de-vin les plus explicites sont mentionnés dans le secteur public de la santé de nouveaux Etats membres, où ces services sont largement privatisés, de sorte que les patients du secteur public paient pour avoir un accès au soin auprès d’un personnel médical ou soignant mal rémunéré.
En matière de lutte contre la corruption, les Européens sont plus enclins à faire confiance à la police (UE : 42 %, mais seulement 38 % au Luxembourg) et au système judiciaire (UE : 41 %, mais 53 % au Luxembourg, + 10 %), et moins enclins à faire confiance aux représentants politiques (UE : 6 %, LU : 4 %, un chiffre en diminution) pour les aider.