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Sport - Éducation, formation et jeunesse
Erasmus pour tous – Le projet de programme pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport mis sur la table par la Commission pour la période 2014-2020 suscite quelques réserves de la part du Conseil supérieur de la Jeunesse
31-01-2012


Le 23 novembre 2011, la Commission européenne mettait sur la table une proposition de nouveau programme pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport. Un programme intitulé "Erasmus pour tous" qui s’inscrira dans le cadre financier pluriannuel 2014-2020.

La proposition de la Commission : la fusion de sept programmes et une augmentation budgétaire d’environ 70 %

Le programme Erasmus pour tous réunirait tous les mécanismes européens et internationaux actuellement mis en œuvre pour l’éducation, la formation, la jeunesse et le sport, remplaçant à lui seul sept programmes actuels, à savoir les programmes Éducation et formation tout au long de la vie (Erasmus, Leonardo da Vinci, Comenius, Grundtvig), Jeunesse en action, Erasmus Mundus, Tempus, Alfa, Edulink et le programme de coopération bilatérale avec les pays industrialisés.Erasmus pour tous, le nouveau programme sur l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport proposé par la Commission européenne pour la période 2014-2020

La Commission propose une augmentation budgétaire d’environ 70 % par rapport au budget actuel sur sept ans, ce qui signifierait une affectation de 19 milliards d’euros au nouveau programme pour la période 2014-2020. Ce chiffre tient compte des estimations de l’inflation future et inclut les dépenses prévues pour la coopération internationale.

Le nouveau programme entend mettre particulièrement l’accent sur la valeur ajoutée européenne et l’impact systémique des interventions, et il soutiendra trois types d’actions :

  • les possibilités d’apprentissage pour les particuliers, dans l’UE et ailleurs ;
  • une coopération institutionnelle entre les établissements d’enseignement, les organisations de jeunesse, les entreprises, les autorités locales et régionales et les ONG;
  • le soutien des réformes entreprises par les États membres pour moderniser leurs systèmes d’enseignement et de formation et promouvoir l’innovation, l’esprit d’entreprise et l’employabilité.

Deux tiers du financement seraient consacrés à des bourses de mobilité visant à améliorer les connaissances et les aptitudes.

Selon le projet de la Commission, jusqu’à cinq millions de personnes - soit presque deux fois plus qu’actuellement - pourraient avoir la chance d’aller étudier ou suivre une formation à l’étranger grâce à une bourse d’Erasmus pour tous. Quelque 3 millions d’entre elles seraient des étudiants de l’enseignement supérieur et de l’enseignement professionnel. Les étudiants de master bénéficieraient également d’un nouveau mécanisme de garantie de prêts créé en partenariat avec le groupe de la Banque européenne d’investissement.

Le Conseil supérieur de la Jeunesse du Luxembourg salue l’augmentation de budget prévue, mais émet un certain nombre de réserves

Dans un avis publié le 31 janvier 2012, le Conseil supérieur de la Jeunesse du Grand-Duché de Luxembourg salue "l’augmentation considérable du budget prévisionnel du programme de 73 %". Mais il attire aussi l’attention sur un certain nombre de points.

Le Conseil supérieur de la Jeunesse déplore ainsi le fait que la proposition actuelle "met le focus du programme nettement sur l’éducation des jeunes", réduisant ainsi les jeunes au seul statut d’élèves et d’étudiants. "L’accent du nouveau programme est mis sur l’employabilité des jeunes en tant que `capital humain´", regrette ainsi le Conseil.

Autre critique formulée, la Commission fait abstraction dans sa proposition du principe et de la plus-value de l’éducation non-formelle et de son importance dans le cadre d’une citoyenneté active et responsable. Le Conseil lui reproche aussi de négliger les concepts de citoyenneté active et les valeurs européennes communes, ainsi que de dévaloriser la voix de la société civile. Cette proposition néglige le dialogue structuré – instrument récemment mis en place pour approfondir et améliorer le dialogue avec les jeunes et organisations de jeunesse en Europe, relève encore le Conseil supérieur de la Jeunesse.

Le Conseil supérieur de la Jeunesse s’inquiète d’une proposition qui risque de discriminer les jeunes de milieux défavorisés et qui priverait de certaines opportunités les organisations de jeunesse au niveau local et des organisations de jeunesse des nouveaux pays européens. "Le programme risque de détruire des réseaux existants dans le domaine du travail de jeunesse", craint le Conseil qui s’inquiète du fait que la disparition du programme Jeunesse en Action ferait perdre sa base à une politique européenne de la jeunesse.

Le Conseil supérieur de la Jeunesse demande notamment au gouvernement de faire pression sur la Commission pour reconsidérer l’idée d’une fusion des programmes

Le Conseil supérieur de la Jeunesse soutient par conséquent une prise de position du Ministère de la Famille et de l’Intégration qui date du 30 septembre 2011, ainsi que les revendications des jeunes participants du séminaire Benelux qui s’est déroulé le 9 décembre 2011 à Bruxelles sur le thème "Quel est l’intérêt des jeunes et des organisations de jeunesse par rapport à la nouvelle génération de programmes européens?"

Se rattachant aux revendications faites dans ces deux documents, le Conseil supérieur de la Jeunesse :

  • souligne le soutien donné par le programme européen Jeunesse en Action dans le cadre d’une citoyenneté européenne des jeunes ;
  • met en évidence que les programmes européens devront au futur continuer la promotion des valeurs communes européennes, tels que la citoyenneté active, la participation ainsi que les valeurs sociales fondamentales pour le fonctionnement et la visibilité de l’Union européenne ;
  • souligne que les groupes cibles du nouveau programme Erasmus for all doivent être élargis et intégrer des mesures spécifiques pour jeunes défavorisés ;
  • met en évidence que le nouveau programme doit également prendre en compte la jeunesse non-organisée ainsi que les groupes informels de jeunes et leur proposer des actions spécifiques tels que les Initiatives Jeunes et les Projets Jeunesse pour la démocratie ;
  • aimerait rappeler que les petites organisations au niveau local ont un grand impact et que leur travail doit être également soutenu dans le futur ;
  • suggère de mettre un plus grand accent sur l’éducation non-formelle et sur la reconnaissance des organisations de jeunesse dans cette dernière ;
  • est d’avis qu’une approche ascendante pourrait compléter positivement les démarches faites dans le cadre du dialogue structuré, un outil qui devrait être maintenu au futur ;
  • demande à la Ministre de la Famille et de l’Intégration, responsable de la Jeunesse, et plus généralement au gouvernement luxembourgeois d’exercer pression sur la Commission pour qu’elle reconsidère l’idée d’une fusion des programmes et qu'elle prévoit des programmes séparés ou des budgets séparés pour les différentes priorités.