Mais très vite, depuis les années 60, une coopération s’est avérée nécessaire. La reconnaissance des diplômes a rendu nécessaire la coopération administrative. L’importance de la formation professionnelle, le processus de Bologne avec son idée d’espace européen de l’enseignement supérieur, qui est de nature intergouvernementale et paneuropéenne, Europe 2020, l’idée d’un espace européen de l'éducation et de la formation tout au long de la vie qui en découle, sont autant de processus qui misent à la fois sur des objectifs communs et sur la subsidiarité. La Commission européenne n’a pas reçu plus de compétences, mais elle est devenue incontournable comme coordinatrice et comme inspiratrice de ces démarches. On pourrait presque parler, comme d’aucuns, d’une "communautarisation rampante" au moyen de laquelle la Commission se serait dotée de leviers d’influence, avec ses groupes d’experts, ses agences, sa créativité institutionnelle, non pas qu’elle ait eu toutes les compétences légales, mais parce qu’il a fallu agir. Des programmes communautaires ont vu le jour. ERASMUS par exemple est un grand succès que personne ne conteste. Des réseaux se sont formés, de nouvelles mobilités des formateurs et des lycéens, étudiants, apprentis ont été créées.
Mais, pense Christiane Biehl, les Etats souverains semblent ne plus vouloir aller plus loin sur le chemin de cette communautarisation au nom de leur souveraineté. Mais les démarches intergouvernementales comme le processus de Bologne font toujours recette. Il n’y a donc toujours pas de réponse à la question de la nature institutionnelle de l’espace éducatif européen. Quant à la nature des types de formation qui sont au centre de la réflexion de l’UE sur les politiques de l’éducation, il y a pour Christiane Biehl une réponse : tout est focalisé sur des formations qui répondent aux besoins de l’économie. La culture générale n’a pas voix au chapitre.