Le projet de musée, lancé en 2007, a reçu le soutien du Parlement européen. Un comité scientifique est en place et travaille. Le financement est assuré par la Commission et le Parlement européen. Un site a été identifié et un projet architectural retenu et est en construction. Les concepts de l’exposition sont en gestation. Une collection propre est en train d’être constituée. On misera sur un public qui pourra se faire soi-même une opinion de ce qui sera montré et qui sera sujet à discussion. Le cœur de l’exposition se fera autour d’objets qui devraient permettre aux visiteurs de mieux connaître l’histoire de leur pays et de mieux comprendre l’Europe d’hier et d’aujourd’hui. L’on misera sur 4000 mètres carrés d’exposition permanente sur le multimédia et sur 800 mètres carrés, il y aura un espace pour des expositions temporaires. Le laps de temps traité ira de 1945 aux années 2000, avec un lien vers la vie quotidienne des visiteurs. Les contenus seront élaborés selon des critères scientifiques et en toute indépendance du pouvoir politique. Ils seront régulièrement mis à jour.
Le public-cible sera d’une grande diversité. L’exposition devra être comprise d’un point de vue linguistique et historique si elle veut arriver à ses fins formatrices. Elle sera narrative, chronologique, et certains thèmes seront approfondis. L’attractivité du musée dépendra selon Hans Hütter des objets exposés, de leur authenticité, de leur mise en contexte. Il s’agira de toucher le visiteur de manière cognitive autant qu’émotionnelle.
Un objectif est que les visiteurs se fassent une opinion de ce qu’est l’Europe. Il faudra donc aborder les sujets à partir de perspectives multiples, établir des liens entre des événements, présenter des objets à connotations et à sens multiples. Il y aura donc un espace consacré qui discutera le passé et les manières différentes dont il est perçu, car il ne s’agit pas de donner des réponses définitives. Raconter l’Europe, réfléchir sur l’Europe, se faire une idée de l’Europe, cela est possible selon Hans Hütter, à condition que les différences entre récits nationaux ou supranationaux ne soient pas éludées. Il ne s’agit donc pas de délivrer une sorte de sens préconçu ni de récit matriciel censé s’imposer à tous, car le sceau de l’Europe, c’est sa diversité. La très discutée année1968 sera par exemple abordée à partir de nombreux angles. Toute idée d’une histoire d’un progrès quasi téléologique est écartée. Les fractures, les crimes seront évoqués. Si le visiteur est interpellé et mis en éveil, la partie sera déjà gagnée selon Hans Hütter. Car l’histoire racontée sera une histoire supranationale mais litigieuse, et pas un objet d’une mémoire ou histoire nationale distillée de bout en bout. Bref, plutôt que de fonder de l’identité européenne, le musée veut contribuer chez les visiteurs à la formation libre d’une conscience et d’une opinion sur l’Europe, en dehors de toute contrainte morale et didactique.