Suite à la publication de la proposition de directive sur le détachement des travailleurs le 21 mars 2012, le Luxemburger Wort a, dans son édition du 23 mars 2012, demandé au ministre du Travail, Nicolas Schmit, son avis sur un dossier qui touche de près le Luxembourg. "Il est urgent de changer la directive européenne qui date déjà de 1996", fait savoir le ministre qui souligne qu'"entre-temps, l'Union européenne a beaucoup changé". Nicolas Schmit considère la proposition du commissaire européen à l’emploi, aux affaires sociales et à l’inclusion, László Andor, comme une amélioration certes, mais qui ne va pas assez loin. "Nous devons encore examiner cette proposition. Pour l'instant, ce n'est qu'une proposition minimaliste et il faut faire attention à ce qu'elle ne soit pas davantage affaiblie."
La proposition doit permettre de lutter plus efficacement contre le dumping social et le travail au noir, soit deux problèmes auxquels le Luxembourg est confronté directement. La directive de 1996 énonçait le principe du respect des dispositions légales du pays d'accueil aussi en termes de salaire, de congé, de temps de repos.
Mais Nicolas Schmit considère la discussion faussée dès lors que les travailleurs détachés ne sont pas considérés comme des migrants. Cela constituerait une discrimination. "Nous devons mieux protéger les travailleurs détachés, car il y a une différence avec les travailleurs étrangers qui vivent dans le pays. (…) Au Luxembourg aussi, nous avons des travailleurs qui travaillent pour 3 euros de l'heure", avance-t-il.
Il en veut pour preuve le résultat d'un contrôle de l'Inspection du Travail et des mines, survenu une semaine avant l'interview, sur les chantiers de l'International School à Luxembourg et du lycée de Junglinster. Cent trente-deux entreprises intervenant sur ces deux chantiers ont fait l'objet d'un examen scrupuleux. Or, trois d'entre elles accordaient un salaire horaire de 3 euros (soit environ 500 euros par mois) largement en-dessous du salaire minimum. Sous ce seuil figuraient également d'autres salariés qui étaient payés 8 euros de l'heure tandis que d'autres déploraient ne pas avoir été payés depuis le mois de janvier.
Le ministre du Travail juge ces faits "étonnants" et considère qu'en tant que promoteur l'Etat doit prendre garde à ce que cela n'arrive pas sur ses chantiers. "Nous devons nous soucier de tous les chantiers du pays", poursuit-il, en soulignant le besoin en personnel supplémentaire que nécessite une telle exigence.