Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis le 25 juin 2012 pour un Conseil qui s’est tenu à Luxembourg. Le Luxembourg y était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, lequel a présenté à la presse les principaux sujets qui ont occupé les chefs de la diplomatie européens.
La Syrie a été le premier sujet abordé par le ministre luxembourgeois. Il a fait état de la solidarité unanime des ministres européens à l’égard de la Turquie dont un avion qui était en mission d’observation a été abattu sans sommation le 22 juin 2012 par les autorités syriennes. Tous les membres de l’UE sont d’accord pour condamner fermement un tel acte qui ne peut selon lui être digne que d’un régime basé sur une dictature. "La Turquie a réagi de façon modérée", s’est félicité Jean Asselborn, expliquant qu’elle avait demandé à l’UE une déclaration, faite ce jour, et qu’une réunion aurait lieu sur ce dossier le 26 juin à l’OTAN.
Plus généralement, en ce qui concerne la situation en Syrie, Jean Asselborn a déploré que le Conseil de Sécurité de l’ONU ne soit pas en mesure de prendre une position qui pourrait mettre fin aux brutalités que fait subir le régime à sa population. "Les Américains ne sont plus les gendarmes du monde", constate Jean Asselborn qui a pu par ailleurs constater qu’il existe des divergences de vues sur la position à tenir vis-à-vis du régime syrien même au sein des pays du Golfe. Ainsi par exemple, l’Arabie saoudite plaide-t-elle pour que l’on vienne en aide aux rebelles en leur fournissant des armes, quand le royaume d’Oman se montre plus prudent à l’idée d’une intervention. Il est difficile aux yeux du ministre luxembourgeois de penser qu’en livrant des armes, on mettra fin au conflit, même s’il entend bien les arguments de ceux qui se disent que peut-être les victimes du régime auraient pu se défendre s’ils avaient été armés.
Le plan Annan est certes accepté par tous, mais il est bloqué. Du point de vue de Jean Asselborn l’UE devrait tout faire pour qu’il y ait une solution diplomatique et elle devrait donc tout faire pour que des discussions, même embryonnaires, puissent avoir lieu à Genève entre les membres du Conseil de sécurité, la Ligue arabe et même les voisins de la Région. La Russie plaide pour que l’Iran participe, et, même si tout le monde n’est pas de cet avis, Jean Asselborn estime que, si l’Iran accepte de faire partie de la solution, plutôt que d’être une partie du problème, cela pourrait être acceptable.
Les ministres, qui condamnent une fois de plus la violence brutale et les massacre de civils, a adopté un nouveau train de sanctions contre le régime syrien. Les sanctions pourraient aller plus loin, a expliqué Jean Asselborn, même si cela n’est pas sans poser problème : en effet des sanctions portant sur le phosphate syrien ne seraient pas sans conséquence pour la Grèce, quand des sanctions portant sur les télécommunications pourraient porter préjudice non seulement au régime, mais aussi à ses opposants qui pourraient s’en trouver encore plus isolés du reste du monde, a expliqué Jean Asselborn
Jean Asselborn a évoqué aussi les discussions sur le nucléaire iranien, le troisième round de négociations ayant eu lieu à Moscou après Istanbul en avril, puis Bagdad en mai, des négociations menées au niveau E3+3 dont la représentante de l’UE Catherine Ashton a rendu compte aux ministres à l’occasion du déjeuner du 25 juin 2012. Il n’en est pas ressorti de résultats, a rapporté Jean Asselborn, mais il a fait état de l’atmosphère dans laquelle ont eu lieu ces discussions : les sanctions contre l’Iran vont commencer à faire de l’effet. En effet, comme l’a confirmé l’UE lors de ce Conseil, le pétrole iranien va faire l’objet d’un embargo à compter du 1er juillet 2012. La prochaine réunion d’experts se tiendra à Istanbul le 3 juillet prochain. En cas d’échec, il importera pour la suite de ne pas fermer la porte à des discussions : l’UE doit patience garder et renforcer ses sanctions, estime le chef de la diplomatie luxembourgeoise.
Jean Asselborn a tenu aussi à commenter les résultats des élections en Egypte, qui ont vu la victoire de Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, à la présidence du pays. Jamais un chef d’Etat n’avait élu par le peuple en Egypte, a souligné Jean Asselborn qui estime qu’il faut respecter les résultats de ce vote, d’autant plus qu’il a été obtenu avec le soutien de nombreux libéraux qui ont voulu empêcher l’élection d’une figure de l’ancien régime. En évoquant le poids de l’armée, Jean Asselborn a reconnu que l’Egypte n’était pas encore une démocratie parfaite, qu’elle était dans une phase transitoire, et il a évoqué le plan consistant à modifier la Constitution par référendum, puis à organiser des élections législatives, sans toutefois assurer que ce processus pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année. Jean Asselborn a par ailleurs identifié comme un très grand enjeu pour l’Egypte, mais aussi les pays voisins, la nécessité d’avoir des perspectives sociales et économiques. L’UE va donc devoir soutenir fortement l’Egypte dans ce sens, car sans cela, juge le chef de la diplomatie luxembourgeoise, il sera difficile d’établir une démocratie.
Le Conseil a adopté également le Paquet droits de l'homme, destiné à orienter l'action de l'UE au cours des années à venir. Le Conseil adopte dans le même temps un plan d'action en faveur des droits de l'homme et de la démocratie afin de mettre en œuvre le cadre stratégique. En adoptant ce paquet, le Conseil a apporté sa touche finale à un long processus de définition d’une stratégie de l'UE dans le domaine des droits de l'homme lancé en juin 2010. Le cadre permet à l'UE d'évoquer avec d'autres pays la question des droits de l'homme et de la situation de personnes menacées sous forme de dialogues, consultations ou démarches diplomatiques. Les questions du mandat du futur Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme ainsi que la désignation d’un titulaire pour ce poste ont également été évoquées par les ministres, espérant que cette nomination interviendra rapidement. Les ministres ont également fait part de leur détermination à collaborer avec les partenaires de l’UE, les instances multilatérales et les organisations internationales dans le domaine des droits de l'homme et de la démocratie.
La Haute Représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité commune, Catherine Ashton, a présenté un bref rapport sur son déplacement récent au Pakistan. Les discussions ont porté sur la situation dans le pays et sur les relations entre l’Union européenne et le Pakistan, notamment sur le lancement du dialogue stratégique UE-Pakistan ainsi que sur l’adoption du Plan d’Engagement quinquennal, destiné à renforcer les relations afin d'établir une relation stratégique en constituant un partenariat pour la paix et le développement fondé sur des valeurs, des principes et des engagements communs.
Le Conseil a également abordé les relations UE – Bosnie-Herzégovine, la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'est de la République démocratique du Congo, ainsi que les relations UE – Biélorussie dans le cadre de la facilitation des visas tout comme la situation au Nigéria dans le contexte des violences religieuses qui se sont intensifiées ces derniers mois.