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Economie, finances et monnaie
A Los Cabos, l’Europe a été au cœur des discussions : la déclaration finale fait état du soutien du G20 à une plus grande intégration budgétaire et économique dans la zone euro
19-06-2012


L’Europe a été au centre des préoccupations à l’occasion du sommet du G20 qui s’est tenu à Los Cabos, au Mexique, les 18 et 19 juin 2012. Le communiqué diffusé par la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, exprime clairement cette inquiétude : "Nous sommes tous préoccupés par l'Europe, en particulier la zone euro".

Attendus de pied ferme, notamment par les dirigeants des pays du groupe des BRICS, qui avaient "regretté l'absence de mesures concrètes" propres à calmer la crise de la dette dans la zone euro, les dirigeants européens ont toutefois fait front face aux critiques.

"À Los Cabos les graines d'une reprise paneuropéenne ont été plantées. Il faut le reconnaître", a confié en effet Christine Lagarde. "Les dirigeants européens se sont engagés à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder l'intégrité et la stabilité de la zone euro et casser le cercle vicieux entre les problèmes des Etats et des banques", a-t-elle rapporté, résumant la déclaration du sommet à une formule "extrêmement explicite : c'est plus d'Europe, mieux d'Europe". "Je pense que les représentants de la zone euro qui participaient au G20 ont très clairement conscience de la nécessité d'avancer vers une union plus forte et profonde, et qui s'applique au-delà de l'union monétaire, à une union bancaire, à une union fiscale", s'est félicitée Christine Lagarde.

Le président américain, Barack Obama, lui a fait écho, confiant à la presse que, de ce qu’il avait pu entendre, les dirigeants européens "comprennent les enjeux, ils comprennent pourquoi c'est important pour eux de prendre des mesures ambitieuses et déterminées". Il s’est dit d’ailleurs "persuadé qu'ils peuvent réussir dans cette épreuve".

Le président russe, Vladimir Poutine, s’est dit pour sa part "encouragé par l'approche de la Commission européenne, avec laquelle nous sommes rarement d'accord, et des principaux pays de la zone euro sur la façon dont ils envisagent de résoudre les problèmes auxquels ils font face".

La déclaration publiée à l’issue du sommet contient un certain nombre d’engagements. "Face au regain de tensions sur les marchés, les pays de la zone euro membres du G20 prendront toutes les mesures nécessaires pour préserver l'intégrité et la stabilité de la zone, améliorer le fonctionnement des marchés financiers et rompre le cercle vicieux entre les Etats souverains et les banques", est-il ainsi indiqué dans le texte.Le Mexique accueillait les 18 et 19 juin le sommet du G20

Les dirigeants présents y affichent aussi leur espoir "de voir la zone euro travailler en partenariat avec le prochain gouvernement grec pour s'assurer qu'il reste sur le chemin des réformes dans la durée et au sein de la zone euro".

Saluant les actions prises par la zone euro depuis le sommet de Cannes en novembre 2011 pour "soutenir la croissance, assurer la stabilité financière et promouvoir la responsabilité budgétaire en tant que contribution au cadre du G20 pour une croissance durable et équilibrée", les dirigeants du G20 saluent aussi "le plan espagnol de recapitalisation du système bancaire et l'annonce par l'Eurogroupe d'un soutien en faveur de l'autorité espagnole de restructuration financière".

L'adoption du pacte budgétaire et sa mise en œuvre, combinées aux politiques de soutien de la croissance, aux réformes structurelles et aux mesures sur la stabilité financière y sont par ailleurs vues comme "des étapes importantes vers une plus grande intégration budgétaire et économique qui conduisent à des coûts d'emprunts viables".

Enfin et surtout, la déclaration mentionne le soutien du G20 aux "actions de la zone euro en vue d'avancer sur la voie de la réalisation de l'union économique et monétaire". Et le projet d'envisager des étapes concrètes vers une architecture financière plus intégrée, comprenant une supervision bancaire, une recapitalisation, un mécanisme de résolution des faillites et une garantie des dépôts, est notamment cité dans ce contexte.

"L’UE est déterminée à montrer l’irréversibilité de l’euro et du projet européen"

José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy ont pout leur part souligné le plan d’action pour l’Emploi et la Croissance sur lesquels se sont entendus les dirigeants à Los Cabos. S’ils admettent dans leur communiqué commun que la situation de la zone euro était bien au cœur des discussions, ils insistent sur le fait que la valeur du projet européen et de la monnaie commune a été reconnue par les dirigeants du G20. Ils voient dans le soutien aux mesures prises en Europe et à l’intention d’avancer vers une intégration économique et budgétaire plus profonde "un encouragement pour l’UE". "Une monnaie commune nécessite plus de politique commune, notre union monétaire a besoin d’être complétée par une union économique plus intégrée", poursuivent le président de la Commission et le président du Conseil européens qui assurent que "l’UE est déterminée à montrer l’irréversibilité de l’euro et du projet européen".

Autre élément important aux yeux des représentants de l’UE, l’engagement du G20 de poursuivre la réforme du secteur financier. Ils expriment aussi leur satisfaction quant à l’augmentation des ressources du FMI. "C'est le résultat d'un vaste effort de coopération internationale qui inclut un nombre important de pays. Les engagements dépassent 450 milliards de dollars", indique en effet la déclaration du G20.

Pour autant, quelques réactions relevées par les agences de presse ont dénoté d’une certaine tension dans les rangs européens à l’idée de la pression qu’ils ont pu ressentir de la part de certains de leurs partenaires. "Franchement, nous ne sommes pas ici pour recevoir des leçons en termes de démocratie ou sur la façon de gérer l'économie", a ainsi lancé José Manuel Barroso lors d'une conférence de presse. "C'est l'Europe qui doit avoir sa propre réponse", "elle ne doit pas nous être donnée de l'extérieur", a pour sa part confié le président français François Hollande. Pour le Premier ministre italien, cette discussion sur l’Europe au G20 est un "progrès dans le sens où elle permet à chacun d'entre nous, un peu comme le fait un GPS qui se remet à jour périodiquement, de voir comment nous et nos problèmes sont perçus dans le reste de l'Europe et dans le monde".

L’attention accordée aux problèmes européens à Los Cabos laisse en tous cas présager que le Conseil européen des 28 et 29 juin 2012 sera observé avec une attention certaine de par le monde.