Depuis le 1er juillet 2012, et jusqu’au 31 décembre 2012, Chypre exerce pour la première fois la présidence tournante de six mois du Conseil de l’UE. Celle-ci est par ailleurs exercée dans une "présidence en trio" de 18 mois dont le but est d'assurer une plus grande cohérence et continuité des affaires. Dans le cadre de sa présidence, la présidence chypriote veut viser "à léguer une meilleure Europe aux générations plus jeunes en assurant une Europe plus efficace et durable, dotée d’une économie plus performante, fondée sur la croissance et plus pertinente aux yeux de ses citoyens".
Le 10 juillet 2012, Athena Droushiotis-Mavronicola, ambassadrice de Chypre, a, de concert avec ses homologues du « trio », l’ambassadrice du Danemark, Lene Louise Bang Jespersen, et l’ambassadeur de Pologne, Bartosz Jalowiecki, présenté le programme de la présidence chypriote à la Maison de l’Europe lors d’un événement plus protocolaire qu’informatif.
Devant une salle pleine de citoyens intéressés et un parterre de diplomates, les journalistes se comptaient sur une main et ont dû attendre la fin de la conférence pour se voir donner un résumé du programme chypriote. Comme ils disposaient de peu de matériel pour poser des questions pertinentes, sauf l’intervention de l’ambassadrice Athena Droushiotis-Mavronicola qui a lu rapidement et sans s’écarter beaucoup du texte, les quatre feuillets de ce résumé en langue anglaise, la partie conférence de presse qui accompagne ce genre d’événement était vite bâclée.
Le seul écart que l’ambassadrice s’est permis par rapport au texte était pour saluer "nos voisins arabes" qui ont établi l’Etat de droit et tenu des élections libres dans leurs pays et qui doivent trouver "leur propre forme de gouvernement", et pour dire que Chypre n’allait pas permettre que ses problèmes nationaux – la crise financière, la partition de l’île, les relations difficiles avec la Turquie – empiètent sur son engagement comme présidence, et que Chypre n’allait pas permettre n’ont plus à la Turquie de compromettre sa présidence.
La Présidence chypriote veut, selon ses priorités, œuvrer "pour une meilleure Europe; à savoir, une Union européenne plus pertinente aux yeux de ses citoyens et du monde; une Europe plus efficace, contribuant à une croissance durable, à la cohésion sociale et à la création d’emplois à travers des politiques efficaces et intégrées; une Union européenne travaillant sur la base du principe sous-jacent de solidarité, s’engageant à garantir un avenir meilleur. Tous les efforts seront mobilisés en vue de léguer une meilleure Europe aux jeunes générations."
Pour Chypre, "l’Union européenne doit sortir plus forte de la crise économique actuelle et reprendre sa place sur la scène internationale." Il faut donc plus d’intégration européenne, de cohésion sociale et une meilleure qualité de vie pour les citoyens européens. Les Chypriotes sont d’accord pour que "ces mesures d’austérité"contribuent à "rétablir la confiance des marchés", mais il faut aussi "prendre des mesures actives, destinées à promouvoir une croissance inclusive et la création d’emplois". Il est même question "d’un message d’espoir et de solidarité, empreint de sensibilité sociale".
Sous l’égide de sa première priorité, "Une Europe plus efficace et durable", la Présidence chypriote sera ainsi appelée à aborder des questions clés de l’agenda de l’UE, telles que le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020, c’est-à-dire le budget de l’UE, le nerf de toute chose. La Présidence devra également s’efforcer de faire avancer le plus possible les négociations sur le cadre législatif concernant les politiques, telles les politiques communes agricoles et de la pêche, la politique de cohésion et la politique de recherche et d’innovation (Horizon 2020), ainsi que les programmes financiers des différentes politiques sectorielles. S’y ajoutent la politique énergétique, les réseaux transeuropéens de transport, de télécommunications et d’énergie, de même que le mécanisme pour l’interconnexion en Europe, le développement durable et le suivi du Sommet Rio+20.
Sous l’égide de sa seconde priorité, "Une Europe dotée d’une économie plus performante, fondée sur la croissance", Chypre "s’emploiera à travailler sur le nouveau cadre renforcé de la gouvernance économique et à intensifier la surveillance budgétaire, afin de garantir la stabilité fiscale » et au suivi de la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020. S’y ajoutent « le renforcement du cadre réglementaire des services financiers par la mise en œuvre de mesures pour une plus grande transparence du marché, une protection accrue des consommateurs et des investisseurs ainsi qu’une gestion plus efficace des crises financières est tout aussi important", et finalement l’approfondissement du marché intérieur.
Sous le signe de sa troisième priorité "Une Europe plus pertinente aux yeux de ses citoyens, avec solidarité et cohésion sociale", la Présidence chypriote mettra l’accent sur l’emploi des jeunes, compte tenu de l’augmentation des taux de chômage au sein de l’Union. Situé à seulement 68 km des côtes turques, à seulement 95 km des côtes syriennes, pas très éloignée des côtes libanaises, israéliennes et à seulement 325 km des côtes égyptiennes, l’un des objectifs les plus importants de la Présidence est logiquement « la mise en place du régime d’asile européen commun d’ici fin 2012 ». Le nouveau cadre juridique pour la protection des données personnelles est également une autre question prioritaire pour la Présidence chypriote.
La quatrième priorité, "Une Europe dans le monde, plus proche de ses voisins", mettra "un accent tout particulier sera mis sur la dimension méridionale de la politique européenne de voisinage, en vue de renforcer les relations avec les partenaires méditerranéens, tout en garantissant le pluralisme et une relation à multiples facettes et, par conséquent, de favoriser la multiplication des canaux de communication dans tous les domaines de la société."
L’ambassadrice a beaucoup insisté sur la signification du logo de la Présidence chypriote du Conseil de l’UE, même si ce logo n’était nulle part visible dans les locaux de l’événement. Le navire, qui incarne le caractère insulaire de Chypre et sa longue tradition maritime, hisse les voiles et prend le large pour un nouveau voyage à destination du cœur de l’Europe, transportant avec lui l’esprit et l’enthousiasme de la première Présidence chypriote du Conseil de l’UE. Au cours de son voyage, il se transforme en oiseau, le symbole universel de la paix et le porteur du message que souhaite partager la Présidence chypriote: la vision d’une « meilleure Europe ». Le navire est peint en bleu, la couleur du drapeau européen, navigue vers une "meilleure Europe". Sur la partie supérieure du navire/oiseau, trois voiles sont hissées, les couleurs cuivre et verte s’inspirant du drapeau chypriote et de la terre chypriote baignée de soleil et parsemée d’oliviers, qui produit du cuivre. La troisième couleur est le bleu de la mer et du ciel clair et accueillant, offrant un toit pour la coexistence harmonieuse des peuples, ainsi qu’entre l’homme et l’environnement, dans un lieu profondément et réellement hospitalier.