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Compétitivité
Compétitivité - Six pays européens sont dans le top 10 du global competitiveness report 2012-2013, le Luxembourg étant classé 22e sur 144 pays
05-09-2012


Le Forum économique mondial (WEF) vient de publier l'édition 2012-2013 de son étude comparative de la compétitivité des pays à travers le monde, le Global competitiveness report, dont l'objet est d'évaluer le potentiel des économies mondiales à atteindre une croissance soutenue à moyen et à long terme. La compétitivité est définie dans cette étude comme "l'ensemble des institutions, des politiques et des facteurs qui déterminent le niveau de productivité d'un pays".Le Forum économique mondial (WEF) a publié l'édition 2012-2013 de son étude comparative de la compétitivité des pays à travers le monde, le Global competitiveness report

L'étude mesure le degré de compétitivité de 144 pays à travers le monde sur base d'une centaine indicateurs. Ces indicateurs sont répartis en trois "piliers" fondamentaux de la croissance et de la compétitivité : les exigences fondamentales en matière de compétitivité (à travers les sous-catégories institutions, infrastructure, environnement macroéconomique, santé et éducation de base), les améliorateurs d'efficacité (à travers les sous-catégories enseignement supérieur et formation, efficacité du marché des biens, efficacité du marché du travail, développement des marchés financiers, développement technologique, taille du marché) et les déterminants d'innovation et de sophistication (à travers les sous-catégories degré de sophistication de l'environnement des affaires et innovation).

L'étude tient compte du fait que les pays ne se trouvent pas à un même niveau de développement économique, et donc que l'importance relative des différents facteurs de compétitivité est fonction des conditions de départ. L’indice composite Growth Competitiveness Index (GCI) ainsi calculé pour classer les pays est établi sur la base d’une combinaison de données statistiques et des résultats de sondages, notamment l’enquête annuelle auprès des chefs d’entreprises, conduite par le WEF en collaboration avec son réseau d’instituts partenaires

Dans cette nouvelle édition 2012-2013 de l'étude, le classement mondial est mené par la Suisse, suivie par Singapour et la Finlande. En tout, six pays européens se retrouvent dans le TOP10 de cette édition. Le Luxembourg occupe le 22e rang dans le classement mondial et gagne par conséquent une position par rapport à l'édition précédente 2011-2012 du rapport. Les Pays-Bas occupent la 5e position, l'Allemagne occupe la 6e position, la Belgique se classe 17e et la France 21e. Le classement UE est mené par la Finlande, la Suède et les Pays-Bas et le Luxembourg occupe le 10e rang dans ce classement UE.

En ce qui concerne le classement pour les trois piliers fondamentaux:

  • le Luxembourg occupe le 8e rang pour les exigences fondamentales en matière de compétitivité : à l'intérieur de ce pilier, le pays y occupe le 9e rang pour les institutions, le 12e rang pour les infrastructures, le 12e rang pour l'environnement macroéconomique et le 28e rang pour la santé et l'éducation de base ;
  • le Luxembourg occupe le 24e rang pour les améliorateurs d'efficacité : à l'intérieur de ce pilier, le pays se classe 44e pour l'enseignement supérieur et la formation, 4e pour l'efficacité du marché de biens, 37e pour l'efficacité du marché du travail, 12e pour le développement du marché financier, 2e pour le développement technologique et 92e pour la taille du marché ;
  • le Luxembourg occupe le 19e rang pour les déterminants d'innovation et de sophistication : à l'intérieur de ce pilier, le pays se classe 23e pour le degré de sophistication des activités commerciales et finalement 18e pour l'innovation.

En ce qui concerne plus particulièrement les résultats du sondage réalisé auprès des chefs d’entreprises au Luxembourg, il ressort que la règlementation liée au marché du travail, la bureaucratie, la capacité d'innovation, les compétences de la main d'œuvre et l'inflation sont considérés comme les cinq majeurs problèmes pour faire des affaires au Luxembourg.

L’analyse mitigée de la Chambre de Commerce

La Chambre de Commerce, qui était en charge du volet d’enquête auprès des décideurs et chefs d’entreprises du rapport pour le Luxembourg, livre dans un communiqué diffusé le 5 septembre 2012 son analyse détaillée des différents indices.

Chambre de Commerce du Luxembourg : www.cc.luPour la Chambre de Commerce, ce classement révèle que le Luxembourg voit s’éroder certains de ses atouts traditionnels, notamment ses avantages institutionnels (confiance dans les politiques, efficience du cadre légal, relations employeurs-travailleurs), son cadre fiscal et le degré de développement de son marché financier. En revanche, salue la Chambre de Commerce, le Grand-Duché progresse indéniablement en matière d’infrastructures logistiques et technologiques. La Chambre de Commerce se réjouit aussi de voir le pilier relatif aux résultats de l’innovation enregistrer une belle 18e place, en amélioration continue par rapport aux éditions précédentes du rapport.

Le premier indice des fondamentaux de la compétitivité ("basic requirements") est traditionnellement l’indice le plus fort du Grand-Duché, rappelle ainsi la Chambre de Commerce en notant que cette année, le pays cède deux places dans ce domaine et se classe au 8e rang. Les piliers responsables de ce recul sont ceux des institutions (-1 rang) et de la santé et de l’éducation fondamentale (-3 rangs, l’indicateur de qualité de l’enseignement fondamental tirant le pilier vers le bas). La Chambre de Commerce note une nette dégradation de certains points forts institutionnels traditionnels : chute de -3 rangs pour l’indicateur de confiance dans les politiques, de la 6e à la 9e place (5e place en 2009-2010), ou encore chute de -3 rangs pour l’indicateur d’efficience du cadre légal, de la 5e à la 8e place (2e place en 2009-2010). A noter également, le recul de -2 rangs au niveau des dépenses publiques (indicateur "wastefulness of government spending"), de la 16e à la 18e place (8e place en 2009-2010). De plus, la chute de l’indicateur de perception de la qualité de l’enseignement fondamental (-5 rangs, soit une chute de la 30e à la 35e place par rapport à 2010-2011 et de -8 rangs par rapport à 2009-2010) interpelle les économistes de la Chambre de Commerce au vu de l’importance du système d’éducation fondamentale dans la cohésion sociale et dans la productivité des (futures) forces vives du pays.

Pour la Chambre de Commerce, l’amélioration (+3 rangs) du pilier de l’environnement macro-économique, contenant des indicateurs de finances publiques et d’épargne/d’inflation (entre autres), est à accueillir avec prudence. En effet, même si le pays n’améliore pas sa situation en termes absolus, en termes relatifs, d’autres économies, européennes notamment, sont encore plus mal loties, expliquant ainsi le relatif progrès. La Chambre de Commerce salue en revanche l’amélioration indéniable du pilier des infrastructures (+9 rangs par rapport à la période précédente, soit un saut de la 21e à la 12e place), avec, entre autres, les indicateurs d’approvisionnement en électricité et de qualité des infrastructures logistiques (portuaires, aériennes et routières) dans le vert, signe que les efforts nationaux dans ce domaine commencent à porter leurs fruits.

Le second indice des facteurs améliorant l’efficience des processus de production ("efficiency enhancers") accuse un recul de -1 rang, de la 23e à la 24e place, bien que les résultats soient contrastés d’un pilier à l’autre, observe la Chambre de Commerce. Faisant écho à celui des infrastructures, le pilier de la préparation technologique ("technological readiness") progresse fortement (+7 rangs), de la 9e à la 2e place mondiale, à nouveau un signe que les efforts nationaux en matière d’infrastructures NTIC portent savamment leurs fruits, comme l’interprètent les économistes de la Chambre de Commerce. La Chambre de Commerce salue cette amélioration, notamment la très bonne progression de l’indicateur de disponibilité des technologies de pointe ("availability of latest technologies", de la 19e à la 10e place) et d’investissements étrangers directs et de transferts technologiques ("FDI and technology transfer", de la 13e à la 7e place). Certains indicateurs relatifs à Internet (bande large, nombre d’utilisateurs, etc.) ont tendance à se détériorer légèrement, une évolution qui devrait cependant, note la Chambre de Commerce, être corrigée avec le déploiement en cours de la fibre optique dans le pays.

La Chambre de Commerce acte cependant aussi des reculs au niveau du pilier de développement des marchés financiers ("financial market development", de la 8e à la 12e place), un pilier pourtant traditionnellement fort du pays, et du pilier d’efficience des marchés de biens ("goods market efficiency", de la 2e à la 4e place). Dans ce pilier, l’indicateur d’impact des taxes sur les motivations à travailler et/ou à investir perd 4 rangs (de la 8e à la 12e place, contre une 7e place en 2009-2010), relève la Chambre de Commerce. Qui plus est, l’indicateur du taux de taxation des entreprises perd également un rang, et passe de la 13e à la 14e place (contre une 10e place en 2009-2010). La Chambre de Commerce en tire comme conséquence que "la marge de manœuvre au niveau des recettes de l’Etat pour faire face au déficit structurel du pays (tout en maintenant sa compétitivité) se rétrécit". Enfin, la Chambre de Commerce qualifie la simplification administrative de "talon d’Achille" du Luxembourg du fait de fortes chutes de classement en la matière, à savoir un recul de -13 rangs pour l’indicateurs du nombre de procédures de lancement d’une entreprise (de la 34e à la 47e place, contre une 26e place en 2009-2010) et un recul de - 6 rangs de l’indicateur du nombre de jours pour démarrer une entreprise (de la 74e à la 80e place, contre une 70e place en 2009-2010).

La Chambre de Commerce relève par ailleurs la position relativement faible du pilier "Higher education & training" (44e place, avec une chute de -4 rangs par rapport à la période 2011-2012), qui reste dominé par une faiblesse méthodologique quant à l’indicateur du taux de scolarisation dans l’enseignement tertiaire (110e rang mondial, soit -1 rang par rapport à 2011-2012). Or, cet indicateur ne tient pas compte des résidents étudiant à l’étranger, ce qui pénalise le Luxembourg par rapport à ses pairs. Qui plus est, il masque les progrès des indicateurs d’accès à Internet dans les écoles (de la 22e à la 14e place), de disponibilité de services de formation spécialisés et de recherche (de la 25e à la 22e place) et de formation du personnel (de la 7e à la 4e place) qui sont à saluer.

L’amélioration constatée dans le pilier d’efficience du marché du travail ("labor market efficiency », de la 41e à la 37e place, soit +4 rangs) est, quant à elle, accueillie avec prudence par la Chambre de Commerce qui argue que  non seulement, les indicateurs de ce pilier présentant des améliorations demeurent parmi les plus faibles des 144 pays étudiés (indicateurs de flexibilité de la détermination des salaires, au 111e rang mondial ou de flexibilité à l’embauche et au licenciement au 122e rang mondial, par exemple), mais l’indicateur de coopération dans les relations employeurs-travailleurs, cher au pays et traditionnellement fort, se dégrade significativement, chutant de la 10e à la 23e place (-13 rangs). "Les échecs récents de la Tripartite ne sont pas étrangers à cette dégradation", commente la Chambre de Commerce.

Le Luxembourg progresse de la 20e à la 19e place dans le troisième indice des facteurs d’innovation et de sophistication, soit une consolidation de +1 rang pour ce groupe d’indicateurs particulièrement pertinent pour les économies les plus avancées (+3 rangs par rapport à la période 2009-2010), se félicite enfin la Chambre de Commerce. Le pilier "business sophistication" se dégrade légèrement (de la 21e à la 23e place), tandis que les facteurs relatifs à l’innovation (pilier "innovation") progressent de 3 rangs, soit de la 21e à la 18e place (21e lors des périodes précédentes). Dans ce dernier pilier, le Luxembourg demeure à la 16e place depuis 2010-2011 (contre une 19e place en 2009-2010) en matière de capacité d’innovation ("capacity for innovation"). L’indicateur de dépenses des entreprises en recherche & développement s’améliore quelque peu (de la 16e à la 15e place), un signe que le secteur contribue à l’effort de RDI national. Le Luxembourg gagne également un rang (de la 18e à la 17e place) pour ce qui est des collaborations R&D entre universités et les acteurs économiques ("university-industry collaboration in R&D", contre une 19e place en 2009-2010). Enfin, le Luxembourg progresse au niveau de l’indicateur de disponibilité d’ingénieurs et de scientifiques, mais avec une 75e place en 2012-2013 (81e en 2011-2010), le classement de cet indicateur en termes absolus demeure trop faible aux yeux des économistes de la Chambre de Commerce qui préconisent par conséquent de continuer à attirer les chercheurs et travailleurs qualifiés sur le territoire luxembourgeois.