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Protection civile et aide humanitaire - Politique étrangère et de défense
Les ministres européens des Affaires étrangères se dirigent vers un nouveau train de sanctions contre la Syrie, tandis que l’UE augmente son aide humanitaire
08-09-2012


Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont réunis les 7 et 8 septembre 2012 pour une réunion informelle qui s’est tenue à Paphos en Chypre. Jean Asselborn y représentait le Luxembourg.

Vers une "diplomatie de l'eau"

La réunion a débuté par un échange de vues sur la dimension extérieure de deux questions horizontales liées aux politiques de l'UE : l'eau et l'éducation.Les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Paphos les 7 et 8 septembre 2012

Les ministres ont ainsi commencé la réunion par une discussion sur la thématique de l’eau, qui, étant donné ses répercussions essentielles sur la santé humaine, le développement économique et la sécurité régionale, constitue un enjeu croissant en matière de politique étrangère. La réunion a permis de faire émerger l’idée d’une véritable "EU water diplomacy" et de mettre en évidence certaines priorités comme le renforcement de la cohérence et l’efficacité politique, en essayant de mieux relier les  instruments et les politiques et améliorer la coordination de l’action extérieure dans le domaine de l’eau. De même, priorité doit être donnée à l’amélioration des capacités de monitoring et d’analyse, ainsi qu’aux initiatives diplomatiques et de prévention de conflits pour identifier les domaines prioritaires pour l’UE afin de s’impliquer davantage dans les régions où les problèmes liés au partage de la ressource eau risquent de devenir une source de conflits et de tensions.

Les ministres ont ensuite abordé la thématique de l’éducation, toujours sous l’angle de la politique étrangère. Le rôle de l’éducation dans la société internationale a notamment été traité par le prisme de son importance fondamentale en ce qui concerne l’émergence de transitions durables permettant de passer de situations de guerre ou d’autoritarisme à une situation pacifique et démocratique. A ce titre, les ministres ont mis en évidence le fait que l’éducation devait être partie intégrante de l’approche globale de l’UE et que le sujet devait s’intégrer de manière horizontale dans les différentes politiques de post-conflits et de réponse en situation de crise.

Un renforcement de l’aide humanitaire à destination des civils syriens

Mais les ministres ont aussi et surtout eu à l’ordre du jour les derniers développements de la situation en Syrie, que ce soit dans le contexte de la désignation de Lakdhar Brahimi en tant que nouvel Envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue Arabe ou des récents évènements qui se sont déroulés dans ce pays.

Les ministres ont plaidé pour une réponse urgente à la crise humanitaire, en concentrant leurs travaux sur les mesures à prendre afin de répondre au mieux à la problématique suscitée par le nombre croissant de réfugiés. Selon la ministre des Affaires étrangères chypriote Erato Kozakou-Marcoullis, les ministres ont dégagé un consensus sur "l'approche européenne en ce qui concerne la situation humanitaire", notamment dans les pays voisins de la Syrie.

La Commission européenne a annoncé au début de la réunion qu’elle s’apprêtait à libérer une aide humanitaire supplémentaire de 50 millions d’euros pour aider les civils syriens pris au piège de la crise qui frappe leur pays, ce qui portera sa contribution totale à 119 millions d’euros. Le décaissement des fonds débutera dès que le Parlement européen et le Conseil auront adopté la décision. Kristalina Georgieva, commissaire européenne chargée de l’aide humanitaire, de la protection civile et de la réaction aux crises, a expliqué que "la situation humanitaire s’aggrave presque chaque jour en Syrie depuis que les hostilités ont dégénéré en guerre civile". "Des dizaines de milliers de Syriens ont déjà trouvé refuge au Liban, en Jordanie, en Turquie et en Iraq et une aide humanitaire massive et efficace s’impose pour répondre à leurs besoins urgents en fournitures médicales et en produits tels que des aliments pour bébés", a-t-elle raconté.

Jean Asselborn attendu par la presse à son arrivée à la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE le 7 septembre 2012 à PaphosL’aide fournie par la Commission européenne et les États membres atteindra alors 200 millions d’euros, et plusieurs pays ont promis d'en faire encore davantage. Les Européens vont envoyer de l'aide "massivement dans les prochaines semaines et mois, avant tout dans des pays comme la Turquie, la Jordanie et le Liban, qui sont confrontés avec la question des réfugiés", a précisé Jean Asselborn.

Les ministres semblent en effet partager la crainte que la situation ne dure. "Quant Assad ne sera-t-il plus là ?", s’est demandé Jean Asselborn, confiant à la presse que cela pourrait encore durer "six mois, un an, ou même un an et demi". Ce qui signifierait probablement que des dizaines de milliers de personnes risquent de devoir fuir, sans compter les milliers qui pourraient perdre la vie. Plusieurs ministres ont affiché leur volonté d’agir sur place afin de venir en aide aux réfugiés syriens. "On ne doit pas avoir l’illusion que l’on va transporter des dizaines de milliers de réfugiés en Europe et que le problème sera résolu", a en effet mis en garde Jean Asselborn. 

Vers un 18e train de sanctions contre le régime du président syrien

Jean Asselborn s’était insurgé en amont de la réunion contre un "échec" du Conseil de sécurité de l’ONU, appelant la Chine et la Russie à lever leur veto afin d’arriver à une position commune contre Bachar al-Assad. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise ne comprend pas que, face à une telle situation, la communauté internationale n’arrive pas à s’entendre pour stopper les atrocités. Les Européens doivent tenter de convaincre ses membres à bouger au moins sur le plan humanitaire, "pour obtenir un accès aux dizaines de milliers de blessés et aussi aux hôpitaux, pour qu'ils soient protégés et sécurisés", a plaidé de ce fait Jean Asselborn.

A ses yeux, il convient d’utiliser des instruments politiques contre le régime syrien : "si le Conseil de sécurité appliquait toutes les sanctions que l’UE a mises en place, cela pourrait mettre le régime à genoux", juge en effet le chef de la diplomatie luxembourgeoise. Une intervention serait, craint-il, très risquée pour la population civile.

En fin de compte, un "consensus" s'est dégagé pour le renforcement des sanctions européennes contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, a indiqué Erato Kozakou-Marcoullis. Il s'agirait du 18e train de sanctions décidé depuis le début de la crise syrienne en mars 2011. La décision pourrait être prise en octobre prochain. D’après Jean Asselborn, il s’agirait essentiellement de sanctions ciblant le secteur financier.

 Les ministres sont également d'accord pour "renforcer le soutien à l'opposition unie, et en particulier au travail que fait l'émissaire international Lakhdar Brahimi", comme l’a indiqué le ministre français des Affaires étrangères.

Catherine Ashton a annoncé qu’elle convoquerait une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE en marge de l’assemblée générale de l’ONU qui débutera le 18 septembre 2012. La question syrienne ne manquera pas d’être à l’ordre du jour.